Côte d’Ivoire  : les habitants résistent aux déguerpissements03/04/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/04/une_2905-c.jpg.445x577_q85_box-2%2C0%2C713%2C922_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte d’Ivoire 

les habitants résistent aux déguerpissements

À Abidjan, la municipalité a annoncé la destruction de 176 quartiers dits précaires. Dans le numéro de mars de leur journal Le pouvoir aux travailleurs, nos camarades de l’Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationaliste (UATCI-UCI) relatent comment les travailleurs de l’un de ces quartiers ont résisté à ces déguerpissements.

«Le 21 février dernier, le gouverneur de la ville d’Abidjan fraichement nommé a décidé de s’en prendre une seconde fois à Gesco, un quartier pauvre situé à l’extrême nord de la ville, pour le démolir et jeter ses habitants dehors. Ce gouverneur, connu pour sa brutalité et son mépris ostentatoire des populations pauvres, ne savait pas encore que, cette fois-ci, il allait tomber sur un os.

Nuitamment, comme des voleurs, les bulldozers escortés par un impressionnant dispositif de forces de l’ordre ainsi que des loubards ont surpris les habitants dans leur sommeil. Ils n’ont même pas eu le temps de sauver leurs affaires. On leur a intimé l’ordre de sortir de leur maison et les bulldozers ont aussitôt entamé leur sale besogne en broyant les maisons sous les chenilles, sans que les habitants aient pu ramasser leurs affaires.

En pleine année scolaire, une école de près de deux mille élèves n’a pas été épargnée. Des vies ont été détruites, le fruit d’années d’efforts et de sacrifices réduit à l’état de gravats, des élèves jetés à la rue. Nombre d’habitants étaient en pleurs et dans le désarroi. Mais, très vite, cela a cédé la place à la colère, et cette fois elle s’est manifestée. Après avoir été pris au dépourvu, ils ont manifesté spontanément pour empêcher la continuation de la démolition de leur quartier, bravant les nombreux corps habillés et loubards envoyés par les autorités pour les intimider. L’autoroute du Nord a été bloquée à l’aide de barricades et de pneus brûlés. Aux gaz lacrymogènes, les manifestants ont répondu par des jets de pierres. Des courses-poursuites entre corps habillés et manifestants ont continué jusque tard dans la nuit.

Cette répression n’a pu arriver à bout de la manifestation et le lendemain les manifestants étaient encore là, plus nombreux que la veille. Un véhicule de la mairie venu distribuer des sacs de riz au moment des expulsions a été caillassé. Les échauffourées ont duré toute la journée.

Voyant que la situation devenait intenable, les autorités ont dû reculer et suspendre leur opération de déguerpissement. Certes, la mobilisation des habitants a permis de stopper net les démolitions. Personne n’est dupe de ce calme avant la tempête ni ne croit aux mensonges et aux paroles mielleuses des politiciens promettant de protéger les habitants. Ceux-ci savent désormais que seule leur mobilisation pourra faire barrage à une nouvelle démolition. Pour éviter d’être surpris de nouveau par des bulldozers dans la nuit, des comités de surveillance ont même été mis en place.»

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