CAC40 : les actionnaires à la fête20/03/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/03/2903.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

CAC40

les actionnaires à la fête

Au moment où le gouvernement décide en urgence de coupes budgétaires importantes, la Bourse de Paris et les principales places financières de la planète volent de record en record.

Déjà en hausse de plus de 8 % depuis le début de l’année, le CAC 40 a battu des records presque chaque jour. Les places financières de Wall Street, Francfort, Tokyo, Milan s’envolent aussi vers les sommets, et les financiers ne cessent de revoir leurs prévisions à la hausse, tant les bénéfices sont exceptionnels.

Pour les 38 entreprises du CAC 40 ayant publié leurs comptes dernièrement, les bénéfices nets se sont élevés à 153,6 milliards d’euros en 2023 : près de 12 milliards de plus que le précédent record établi en 2022. Les dividendes se maintiennent autour de 68 milliards d’euros, mais les rachats d’actions atteignent 30,1 milliards, en hausse de 25 % en un an. Les sommes ainsi distribuées aux actionnaires dépassent largement, par exemple, l’ensemble des dépenses de l’État destinées à l’enseignement scolaire.

Les marges atteignent des sommets pour Total, Veolia, Hermes, L’Oréal, Renault, Schneider, Safran ou Stellantis. Si TotalEnergies reste, avec 19,3 milliards d’euros, le champion des bénéfices, la multinationale est désormais talonnée par Stellantis (18,6 milliards). Les représentants des actionnaires de celle-ci ont d’ailleurs su exprimer leur gratitude au PDG Carlos ­Tavares, en l’élevant au rang de patron le plus cher du CAC 40, gagnant 100 000 euros par jour. Mais la vraie palme d’or financière revient au groupe américain Nvidia, concepteur de processeurs informatiques, dont la valeur en Bourse a grimpé de 280 milliards de dollars le jour de la publication de ses résultats.

Croulant sous les profits, les grands groupes capitalistes qui dominent l’économie poursuivent leur marche en avant, par la vampirisation des fonds publics, l’écrasement des sous-traitants – petits paysans compris –, le maintien des salaires en dessous de l’inflation et même de nouvelles suppressions d’emplois : 1 300 postes en moins sont annoncés à Thales, 900 en moins à la Société générale, un objectif de 2,7 milliards d’euros d’économies en quatre ans à la BNP, 10 000 suppressions de postes en Europe chez Forvia (ex-Faurecia)… Les bénéfices qui n’auront pas été distribués directement aux actionnaires serviront à de nouvelles opérations de rachat et à une concentration de l’économie en un nombre de mains encore plus réduit : après l’assureur AXA, Saint-Gobain et ­Bouygues annoncent des rachats d’entreprises en Australie et en France, avec de nouvelles suppressions d’emplois à la clé.

Face à cette situation, où les champions triomphent « dans une arène qui se dégrade », un éditorialiste du journal Le Monde s’inquiète que grandisse le nombre de ceux qui cèdent à la « tentation » de dénoncer les actionnaires qui s’enrichissent « au détriment de la collectivité », ce qui est pourtant la réalité.

Partager