Argentine : les attaques de Milei accentuent la misère20/03/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/03/2903.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine

les attaques de Milei accentuent la misère

Milei, le nouveau président argentin, n’a pas traîné en tentant de démanteler tout ce qui pouvait protéger un peu la population. Malgré les quelques difficultés qu’il rencontre celle-ci paye déjà au prix fort les conséquences de ses attaques.

Le premier superdécret de Milei cumulait 300 mesures sous prétexte d’une « urgence » non démontrée. Une partie en a été écartée après un recours de la centrale ouvrière CGT, dont des attaques concernant les conditions de travail. La « loi omnibus », comportant 664 attaques, s’est enlisée au Parlement, le soutien sans faille de la droite et d’une partie des radicaux n’ayant pas suffi à la faire passer. Le gouvernement a donc dû la remballer, ce qui a pu réjouir ses adversaires, mais la situation de la population ne s’en dégrade pas moins.

La dévaluation de 50 % de la valeur du peso a eu pour conséquence immédiate de doubler en 24 heures le prix des denrées les plus indispensables. Milei s’est fait élire en expliquant qu’il jugulerait l’inflation, alors à 144 % l’an ; elle atteint maintenant 250 %, soit 20 % de plus par mois. Dans les supermarchés, les clients regardent les prix avec consternation, les plus pauvres et les plus précaires ne peuvent guère acheter et les enseignes ont vu leur chiffre d’affaires baisser. Les 40 000 cantines populaires du pays sont désormais privées de trois quarts des aides alimentaires et ne peuvent plus alimenter que les enfants mais plus les adultes.

La fin de l’encadrement des prix de l’énergie et des transports a eu les mêmes conséquences. Pour un travailleur, se déplacer en bus ou en train devient une gageure. Le prix du ticket a augmenté de 300 %, en moyenne. Les prix étant désormais libres, les écarts d’une province à l’autre peuvent être extravagants. Le prix pour un même voyage peut aller de 50 pesos jusqu’à 1 500 pesos, et dans des moyens de transport souvent délabrés.

Bien sûr, pensions et salaires ne suivent pas. Le gouvernement prétend que ces derniers ont augmenté de près de 30 % alors que la CGT, pourtant pas la plus virulente, estime qu’ils devraient augmenter d’au moins 85 %.

Fin février, mois de la rentrée des classes dans l’hémisphère sud, les parents ont pu constater que les prix des fournitures scolaires ont été multipliés par trois, quatre ou cinq. Une bonne partie de ceux qui ont envoyé leurs enfants dans une école privée se rendent compte maintenant qu’ils ne peuvent pas régler les frais de scolarité qui augmentent dans les mêmes proportions, au point que certaines écoles privées mettent la clé sous la porte.

Milei et ses complices ont beau expliquer que ce n’est qu’un mauvais moment à passer, une partie des électeurs qui avaient cru voir en lui un sauveur commencent à s’interroger, voire à s’en détourner. C’est en effet le comble que celui qui se présente comme le champion du « tout privé » mette en péril une partie de ce secteur.

Au-delà du paravent du Parlement, les soutiens de Milei restent le grand patronat argentin, les multinationales et les instances du FMI, sûres de voir en lui celui qui honorera les dettes contractées auprès de cet organisme par les militaires et la droite hier, et par lui-même désormais. Pour tous ceux-là, le sort des classes populaires importe peu. Peu leur importe que quelque 22 millions d’Argentins, un peu plus de la moitié de la population, soient dans la misère et la pauvreté.

Cette situation catastrophique plonge certains dans le fatalisme, mais engendre aussi une grande colère. La CGT, qui avait appelé à la grève nationale le 24 janvier, a elle-même été surprise de la forte mobilisation. En fait, tout comme l’opposition péroniste, elle n’attend de changement qu’en 2027 quand de nouvelles élections auront lieu. Mais dans divers secteurs, dans les quartiers populaires ou parmi les étudiants, des collectifs se mettent en place pour résister aux attaques et trouver des parades à l’inflation.

Comme dans la situation qui avait suivi le krach de 2001, des assemblées de quartier reprennent vie où se réunissent ceux qui veulent bloquer le rouleau compresseur de Milei, malgré son appareil répressif renforcé.

Partager