Irlande du Nord : grève massive dans le public31/01/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2896.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irlande du Nord

grève massive dans le public

Jeudi 18 janvier, en Irlande du Nord, la grève des employés du secteur public pour de meilleurs salaires et conditions de travail a été massivement suivie, une mobilisation sans précédent depuis des décennies dans cette province de deux millions d’habitants.

Si en mai 1974 l’économie nord-irlandaise avait déjà certes été paralysée pendant plus d’une semaine, il s’était agi d’un blocage imposé à la classe ouvrière des deux communautés, protestante et catholique, par les appareils politiques et paramilitaires du mouvement unioniste : sous couvert d’un prétendu Conseil des travailleurs de l’Ulster, il voulait faire capoter des négociations avec Londres, que ces bigots d’extrême droite considéraient comme une menace pour le maintien de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni. Mais, ce 18 janvier, c’est au contraire la force des travailleurs, toutes confessions confondues, qui s’est exprimée dans la rue.

Travailleurs de l’éducation, de la santé, du transport, des collectivités, etc. : ils ont été autour de 170 000 sur 220 000 à cesser le travail à l’appel de seize syndicats. Des milliers de salariés ont défilé dans la capitale, Belfast, à Derry ainsi que dans de plus petites localités. Sur les piquets de grève aussi les travailleurs ont tenu à se faire voir et entendre, notamment devant les écoles, tant protestantes que catholiques.

Depuis l’été 2022, les travailleurs nord-irlandais ont été partie prenante du renouveau des luttes observé en Grande-Bretagne, pour partie sous la direction des mêmes appareils syndicaux (Unite, Unison, GMB, RCN, etc.). Frappés par la même envolée des prix de l’énergie et de l’alimentation, ils ont en effet les mêmes raisons de revendiquer un rattrapage des salaires. L’Irlande du Nord est une des régions les plus pauvres du Royaume-Uni, les services publics y sont encore plus décrépis qu’ailleurs, et les salaires, notamment dans le public, y sont souvent encore plus bas qu’en Grande-Bretagne. Rien d’étonnant à ce que les cheminots, les chauffeurs de bus, les soignants, les greffiers et bien d’autres se soient saisis de cet appel pour exprimer leur colère, avec un large soutien dans le reste du monde du travail.

Certains syndicats appelaient à poursuivre la grève les jours suivants. Il est à espérer que la démonstration de force du 18 janvier ne soit pas sans suite et aille au-delà du secteur public. Elle a en tout cas de quoi encourager tous ceux qui refusent de payer les pots cassés d’un système en crise, à l’échelle des îles britanniques et au-delà.

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