Migrants à moitié morts de faim à Lampedusa, la faillite du capitalisme18/09/20232023Éditorial/medias/editorial/images/2023/09/2309_migrants_3.jpg.420x236_q85_box-268%2C0%2C979%2C400_crop_detail.jpg

Editorial

Migrants à moitié morts de faim à Lampedusa, la faillite du capitalisme

Illustration - Migrants à moitié morts de faim à Lampedusa, la faillite du capitalisme

« Alerte maximale ! », « Urgence ! », entend-on du côté des dirigeants européens. Et qu’est-ce qui les affole ainsi ? La guerre en Ukraine et l’exacerbation des rivalités internationales ? Le réchauffement climatique ? L’inflation qui aggrave partout la misère et le chaos économique ?

Non ! Les dirigeants européens sont affolés par l’arrivée de 11 000 migrants sur l’île de Lampedusa. Ils ne sont pas seulement ridicules, ils sont abjects.

S’il faut s’affoler, ce n’est pas de l’arrivée de quelques milliers de personnes dans une Union européenne qui en compte près de 450 millions. Ces femmes et ces hommes deviendront des travailleurs et prendront place à nos côtés sur les chaînes de montage et les chantiers, dans les cuisines des restaurants, les services de gardiennage ou de nettoyage.

Ce qui est affolant, par contre, c’est l’irresponsabilité de ceux qui nous gouvernent. Les maîtres du monde, c’est-à-dire les chefs des États les plus puissants et la grande bourgeoisie financière, commerciale et industrielle, sont incapables de diriger correctement la société.

Ils sont incapables d’assurer le minimum vital aux huit milliards d’êtres humains sur la planète. Ils sont incapables d’assurer la paix entre les peuples. Incapables ne serait-ce que de préserver l’existant, puisque du fait de la sécheresse, des inondations ou des guerres, de plus en plus de régions dans le monde sont inhabitables. 

Leur système n’est que pillage, accumulation et gâchis insensé, auxquels s’ajoutent mille et une persécutions. Et le problème viendrait des plus démunis qui tentent d’échapper à leur sort ?

Avec l’afflux de femmes et d’hommes venus de l’autre côté de la Méditerranée, les classes dirigeantes sont rattrapées par les inégalités et la misère qu’elles ont fabriquées. Et nous n’en sommes qu’au début, car le nombre de déplacés ne cesse de croître à l’échelle du monde.

Alors, il faut que les travailleurs, dont nombre sont issus de l’immigration, aient leur propre politique vis-à-vis des migrants. Cette politique doit consister à accueillir ces futurs travailleurs dans le camp des exploités. Ils en font partie et leur avenir est de se joindre aux luttes que tous les travailleurs ont à mener contre l’exploitation.

La politique européenne de fermeture des frontières est criminelle. Son résultat le plus notable est d’avoir transformé la Méditerranée en cimetière marin. Quant aux rodomontades de l’extrême droite, qui promet de fermer complètement les frontières pour avoir une immigration zéro, c’est du cinéma.

En Italie, la présidente du Conseil d’extrême droite, Meloni, s’est fait élire en promettant un blocus naval contre les migrants. Elle allait s’occuper elle-même des frontières de son pays, expliquait-elle dans un discours identique à celui de Le Pen. Mais Lampedusa est toujours à 170 kilomètres de la Tunisie, et les embarcations clandestines continuent d’arriver, parce que tant qu’il y aura toutes ces souffrances dans le monde, des femmes et des hommes prendront le risque de mourir dans l’espoir d’une vie meilleure.

Il y a, de la part de tous les dirigeants de ce monde, un mépris mêlé de haine profonde pour les plus pauvres, qui n’ont que leurs muscles et leur cerveau pour survivre. Quand bien même les capitalistes ont besoin de travailleurs étrangers, et c’est vrai dans toute l’UE, leurs politiciens continuent leur démagogie et rendent la vie des immigrés plus difficile, aussi bien pour ceux récemment arrivés que pour ceux installés de longue date.  

On le voit aujourd'hui, ici, avec Darmanin et sa loi immigration en préparation. Celui-ci est bien obligé de reconnaître que le patronat a besoin de travailleurs immigrés. Et de fait, combien d’hôpitaux pourraient tourner sans les soignants étrangers ? Combien de restaurants et d’hôtels ? Et où en seraient les travaux des JO de 2024 sans les travailleurs sans-papiers ? Mais, par ailleurs, Darmanin veut apparaître plus anti-immigrés que Le Pen. Alors, il refuse de régulariser les travailleurs sans-papiers et continuera de leur pourrir la vie en reprenant les slogans chers à l’extrême droite.

La classe dirigeante est incapable de gérer correctement la société, mais elle est passée maître dans l’art de nous diviser. Ne tombons pas dans le piège de la division ! Ne nous laissons pas opposer à d’autres travailleurs, encore plus pauvres que nous ! Contre cet ordre mondial de plus en plus barbare et la classe capitaliste qui le domine, nous sommes tous du même côté de la barricade. À chacun d’entre nous d’en être conscient !

Nathalie Arthaud

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