Meeting du 7 octobre : discours de Nathalie Arthaud09/10/20232023Brochure/static/common/img/contenu-min.jpg

Brochure

Meeting du 7 octobre : discours de Nathalie Arthaud

Au sommaire de la brochure

Sommaire

    Chers amis, chers camarades, travailleuses, travailleurs

    Comme l’a dit Jean-Pierre, ça va mal. Où que l’on regarde, le monde va mal.

    La misère, les catastrophes climatiques et les guerres frappent de plus en plus de femmes et d’hommes en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique latine, mais aussi sur le continent riche qu’est l’Europe.

    En dehors des deux guerres mondiales, il n’y a jamais eu autant de déplacés et d’exilés. Il n’y a jamais eu autant de femmes et d’hommes parqués dans des camps ou jetés sur les routes.

    Il manque partout de l’argent pour soigner, éduquer, loger voire nourrir la population, mais tous les États dépensent des dizaines, des centaines de milliards en blindés, en avions de chasse, en missiles en sous-marins.

    La responsabilité de cette évolution catastrophique incombe au capitalisme et à la classe sociale qui en est à la tête, la grande bourgeoisie.

    L’évolution du capitalisme fondé sur l’exploitation et l’appropriation des richesses produits par la classe ouvrière a concentré entre les mains des milliardaires de la finance et de l’industrie, des moyens qu’aucune monarchie absolue n’a jamais eus.

    Grâce à leurs capitaux, ils détiennent le monopole absolu sur les grands moyens de production. Ils commandent des centaines de milliers de travailleurs à l’échelle du monde. Ils s’achètent les services des meilleurs ingénieurs et chercheurs. Ils orientent et contrôlent nos manières de nous déplacer, de consommer, d’échanger, de communiquer et même… de penser parce que le monde de la culture, des médias et des journalistes est aussi entre leurs mains.

    Et ils peuvent bien sûr compter sur des appareils d’État, sur des institutions, des polices et des armées et sur une caste politicienne qui se chargent de faire respecter leur ordre social.

    Rien n’est impossible pour eux !

    Prenez Elon Musk, qui est à la tête d’une fortune de 200 milliards de dollars. Il est tout à la fois le PDG de Space X, de Tesla et de X, alias Twitter. Il s’est payé une armada d’ingénieurs pour fabriquer des satellites et créer des fusées réutilisables. Il prend d’ailleurs déjà des inscriptions pour les millionnaires qui voudraient faire un petit voyage sur la lune et qui ont quelques millions à dépenser, mais je ne pense pas que cela concerne beaucoup de monde ici.

    Un autre de ses grands projets est de faire travailler des scientifiques sur la possibilité d’implanter dans le corps humain, et dans le cerveau, des éléments d’intelligence artificielle.

    Comme il l’a lui-même souligné dans une interview, la seule chose qui le distingue du président des États-Unis, c’est qu’il ne peut pas déclarer la guerre. Mais il a quand même les moyens de peser sur son cours.

    Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, il apporte une assistance satellitaire à l’Ukraine, ce qui permet à celle-ci de rester connectée malgré la destruction de nombreuses infrastructures. Mais on vient d’apprendre qu’en 2022, en ordonnant de désactiver les communications de son réseau au-dessus de la Crimée, Musk a fait échouer une attaque de drones lancés par l’armée ukrainienne sur la flotte russe. Il s’en est justifié en expliquant qu’il ne voulait pas d’escalade guerrière.

    C’est ainsi dans bien d’autres domaines. Pendant que tous les dirigeants du monde dissertent sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies décide d’augmenter ses forages et sa production de pétrole au rythme de 5 % par an ! Pendant que tous les dirigeants cherchent à sécuriser leurs approvisionnements en médicaments, les trusts pharmaceutiques décident de ne plus fabriquer telle ou telle molécule pas assez rentable…

    Quelques milliers de capitalistes ont plus de poids sur l’économie et la vie de chacun d’entre nous, qu’en ont les présidents qui se font élire. Les vrais maîtres du monde, ce sont eux. Et que font-ils du pouvoir qu’ils ont sur la société ? Ils la mènent dans le mur !

    Ils épuisent les hommes et la planète. Ils orchestrent une guerre économique de tous les instants. Le résultat, nous l’avons sous les yeux : c’est l’anarchie économique, un gâchis de richesses, un gâchis du travail et de l’intelligence humaine. Et c’est une nouvelle marche vers la guerre, alors même que l’humanité n’a jamais eu autant de richesses, de connaissances, de science et de moyens pour satisfaire les besoins de toute l’humanité.

    La grande bourgeoisie qui dirige est irresponsable. Alors, ceux qui aspirent à changer cette société doivent se poser la seule question qui vaille : quelle classe sociale doit diriger ? La bourgeoisie ou le prolétariat, comme disait Marx ?

    Pour nous, qui restons communistes au sens premier du terme, la réponse est évidente : c’est aux travailleurs de prendre la société en main.

    Aucun exploité n’a d’intérêt à la course aux profits et aux dividendes : ils en sont les victimes, tous les jours !

    Aucune aide-soignante, aucun ouvrier, qu’il soit français, algérien, malien ou autre, n’ont d’intérêt à la défense de la propriété privée capitaliste qui les prive des fruits de leur propre travail.

    Et aucun travailleur n’a d’intérêt ni à la concurrence, ni au maintien des frontières, ni aux guerres capitalistes : ce sont des guerres de brigands qui font s’entretuer leurs peuples pour décider comment ils se répartiront le butin entre eux !

    Les travailleurs doivent viser le renversement de la bourgeoisie et l’établissement d’une société capable de mettre de fin aux inégalités, à l’exploitation de l’homme par l’homme et à la concurrence ! C’est-à dire une société sans propriété privée capitaliste, ni loi du profit ! Une société basée sur la mise en commun des grands moyens de production et sur leur planification pour répondre aux besoins de tous.

     

    Oui, 180 ans après Marx et Engels, nous affirmons que le monde du travail, avec son noyau dur constitué par la classe ouvrière, reste la force révolutionnaire capable de renverser la bourgeoisie et de faire naître une société supérieure au capitalisme. Car les travailleurs sont à l’intérieur des citadelles capitalistes qu’il faut prendre. Ils sont dans les entreprises, là où se dégage le profit et où le capital s’accumule.

    Dès qu’ils entrent en lutte pour leurs intérêts de travailleurs, leur salaire, leurs conditions de travail, leur emploi… ils touchent au cœur de la société bourgeoise : ils touchent au pouvoir de la classe capitaliste. Et c’est cette lutte, poussée au bout de sa logique qui conduira les travailleurs à renverser tout le pouvoir de la bourgeoisie : son pouvoir économique, comme son pouvoir politique.

    La classe ouvrière n’est pas seulement la mieux placée pour mener le combat, elle est notre seul espoir de transformation de la société car c’est elle qui la fait tourner et qui sera capable de la faire fonctionner, demain, sans les parasites que sont les capitalistes ! C’est elle qui est porteuse d’une économie fondée sur la gestion collective des grands moyens de production et ce, à l’échelle mondiale car la classe ouvrière existe, elle-même, à l’échelle internationale !

     

    On nous taxe souvent d’utopistes, parce qu’il y a un gouffre entre cette perspective révolutionnaire et la faiblesse actuelle de la combativité du monde du travail.

    « Pourquoi les travailleurs n’arrivent plus à s’organiser et à agir collectivement ? nous demande-t-on. Pourquoi ne sont-ils pas sortis manifester par millions contre la démolition des hôpitaux ? Pourquoi n’avons-nous pas réussi à transformer les manifestations sur les retraites en grève générale ? Pourquoi ce mélange d’indifférence et de résignation ? »

    Toutes ces questions taraudent ceux qui sont conscients de l’immense force qu’auraient les travailleurs s’ils décidaient de se lancer ensemble dans le combat.

    Le problème de fond, c’est que les travailleurs sont piégés par un système où la règle est » marche ou crève ».

    Ils ne manquent pas courage. Car il en faut du courage pour enchaîner les journées de travail épuisantes et pour faire face aux mille et un problèmes de logement, de santé et de transport, décuplés, aujourd'hui, par la flambée des prix.

    Dans les pays les plus pauvres, combien d’exploités mènent une lutte héroïque, juste pour survivre, à l’exemple de ces travailleurs d’Haïti, en proie non seulement à la misère mais aussi à la violence des gangs.

    La force des exploiteurs est d’user ceux qu’ils exploitent, c’est de les rabaisser sans cesse pour qu’ils perdent confiance dans leurs propres capacités. Et ils savent tuer l’esprit de révolte ! En faisant baisser la tête aux moins dociles. Et en faisant croire aux autres qu’ils réussiront et s’en tireront épousant les valeurs du capitalisme : la réussite individuelle, le carriérisme, la course au fric.

    Pour décrire l’état d’esprit des travailleurs, on parle souvent de dépolitisation. Ce n’est pas tout à fait exact, car toute la société est politisée par la bourgeoisie et ses politiciens.

    Marx disait que » les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante ». C’est la bourgeoisie qui se pose en modèle pour toute la société. Au travers des médias et de l’éducation, elle diffuse ses valeurs et sa culture. Et elle vend du rêve avec des histoires de rois, de princes et de princesses. Elle fait croire que la réussite est à la portée de tous. Et elle nous conduit à nous prosterner qui devant un pape, qui devant un Imam ou un rabbin dans l’espoir que la vie ou l’au-delà seront plus supportables.

    Les moments de révolte collective et les soulèvements de masse ont toujours été rares, dans toutes les sociétés d’exploitation. Mais quand elles éclatent elles peuvent tout changer.

    Alors, être révolutionnaire c’est conserver sa confiance dans les opprimés, y compris quand ils ne se battent pas. C’est avoir la conviction que tant qu’il y aura des oppressions, il y aura des révoltés et des révoltes. Celles-ci surgissent dans des moments exceptionnels mais c’est pour ceux-là qu’il faut faire exister la perspective révolutionnaire.

     

    La question de la combativité des travailleurs n’est qu’une partie du problème et c’est celle sur laquelle les révolutionnaires ont le moins de prise. Cela n’exclut pas qu’il y ait un chanceux dans cette salle qui soit, un jour l’étincelle qui déclenchera une grève de masse.

    Mais le plus important, c’est l’autre partie du problème, c’est la question de la conscience politique des travailleurs. Et c’est là que les militants que nous sommes, et le parti que nous voulons développer, ont un rôle irremplaçable à jouer.

    On l’a vu avec les gilets jaunes en France, avec les révolutions arabes en 2011 ou avec le Hirak en Algérie en 2019, la révolte et le courage de lutter ne suffisent pas à faire une politique et encore moins une révolution.

    Parce qu’une fois prêts à se battre, il faut encore avoir une vision claire de qui sont les ennemis à combattre ? Quels objectifs faut-il se donner ? Un changement de gouvernement ? Faut-il s’en prendre au grand patronat ? Comment ? Faut-il viser le renversement de tout l’appareil d’État à commencer par l’armée qui en est le pilier ? Et par quoi remplacer ce que l’on veut renverser ?

    Dans ces moments de mobilisation de masse, c’est la conscience de classe qui doit servir de boussole aux travailleurs. La conscience élémentaire qu’ils ont à s’unir pour mener un combat contre l’exploitation et le grand patronat. Et la conscience qu’ils constituent, ensemble, une force sociale porteuse d’une société collective et fraternelle et qu’ils ont aussi à se battre pour conquérir le pouvoir.

    Cette conscience-là n’est pas spontanée. Elle est même à contre-courant de tout ce que la société bourgeoise nous inculque, l’individualisme, la débrouille.

    Et puis le grand patronat a pour politique systématique de diviser les travailleurs ! Il utilise toutes les différences qui peuvent exister parmi les exploités pour en faire des divisions. Et s’il n’y en a pas, il les crée : en coupant les salariés des bureaux de ceux des ateliers, en externalisant une partie des services, en inventant des statuts et des contrats différents, en multipliant le personnel précaire et jetable.

    L’honneur du mouvement ouvrier est d’avoir fait émerger, dans le passé, des partis qui ont combattu ces divisions et réussi à faire en sorte que la classe ouvrière serre les rangs. Ces partis n’existent plus et ils manquent cruellement aux travailleurs.

    Aujourd'hui, pour trouver un peu de lien, du réconfort, de la solidarité et de la dignité, les travailleurs se réfugient dans leur communauté. Familiale, religieuse ou encore nationale. Et ce, d’autant plus lorsque l’on est confronté à l’injustice de la xénophobie et du racisme.

    Mais pour être capables de changer la société, il faudra que les travailleurs retrouvent confiance dans leurs frères d’exploitation et qu’ils retrouvent la conscience de classe qui a constitué le ciment de leurs luttes passées.

    Il faudra donc être capables de reconstruire un parti qui rende les travailleurs fiers d’appartenir à la grande classe internationale des prolétaires. Fiers de porter les idées les plus radicales, fiers d’avoir un idéal, fiers d’être de ceux qui changeront le monde !

     

    Aujourd'hui la bourgeoisie agite les idées nationalistes contre les intérêts des travailleurs. Elle les brandit pour dresser les peuples les uns contre les autres, au nom de leur nationalité ou de leur religion. Et elle les brandit plus que jamais face aux migrants.

    L’Union Européenne a fait de l’Europe une quasi forteresse. Chaque semaine des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes meurent pour essayer de traverser la Méditerranée et poser le pied en Europe – en moins d’une décennie, 28 000 personnes y auraient perdu la vie. Les survivants qui ont réussi à poser un pied en Europe, se heurtent encore aux murs et aux barbelés qui hérissent désormais les frontières. Ils sont arrêtés, bloqués, forcés d’attendre et placés dans des camps de rétention aux conditions infâmes. Relâchés mais toujours à la rue et pourchassés par la police, ils reprennent leur marche forcée.

    C’est une politique criminelle ! Nous n’avons pas, nous travailleurs, à en être complice ! Nous n’avons pas à nous transformer en geôliers d’autres travailleurs !

    On ne peut reprocher à personne d’aller là il y a du travail, là où il pourra vivre et faire vivre sa famille. Ce n’est pas seulement une question de solidarité, c’est une question d’intérêts commun.

    L’exploitation des travailleurs des pays pauvres et les ravages de la finance, du chômage et de la misère dans les pays dits développés sont les deux faces du même système d’exploitation. Nous sommes liés dans un sort commun.

    La classe ouvrière s’est constituée de femmes et d’hommes issus de l’immigration. Et cela va continuer d’abord parce qu’il y aura de plus en plus de femmes et d’hommes n’ayant pas d’autre choix que de tenter l’aventure pour avoir une vie meilleure et parce que les capitalistes européens vont tous avoir besoin de cette main d’œuvre pour compenser une population vieillissante.

    Les Meloni, les Le Pen ou les Zemmour pourront dire ce qu’ils veulent, parler de blocus navals et d’immigration zéro, la classe ouvrière ne cessera de se renforcer de ces femmes et de ces hommes.

    Alors, notre politique à nous, travailleurs, doit consister à accueillir ces futurs travailleurs dans le camp des exploités. Ils en feront partie et leur avenir est de se joindre aux luttes que tous les travailleurs ont à mener contre l’exploitation et pour leur émancipation.

    Tous les politiciens, au pouvoir ou dans l’opposition, répètent inlassablement » qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Mais la misère se combat !

    Notre seule chance de combattre la misère du monde et de la supprimer, c’est d’avoir ces femmes et ces hommes avec nous, dans notre camp.

    C’est que les travailleurs aient à nouveau conscience de former une seule et même classe à l’échelle internationale avec une perspective commune : renverser cet ordre social impérialiste qui pourrit notre vie ici et celle de milliards d’êtres humains de la planète. Soudée dans le combat quotidien contre l’exploitation et dans cette perspective, oui, la classe ouvrière peut être une force révolutionnaire irrésistible.

    Alors à bas toutes les frontières que la bourgeoisie et ses politiciens cherchent à mettre entre les travailleurs, oui à la régularisation des sans-papiers, oui à la libre circulation des exploités !

     

    Les idées nationalistes sont à la base des politiques protectionnistes et souverainistes dont l’extrême droite n’a plus le monopole. Ce repli est désormais défendu par tout l’échiquier politique en France, et il est adopté par bien des gouvernements parce qu’il s’accorde parfaitement avec les intérêts de la grande bourgeoisie.

    Sur le champ de bataille qu’est l’économie capitaliste, les deux géants que sont les États-Unis et la Chine ont sorti l’artillerie lourde des sanctions protectionnistes, des barrières douanières et des subventions étatiques. Ça mitraille aussi entre les États-Unis et l’Union européenne. Du fait d’une énergie moins chère et des subventions offertes aux capitalistes par Biden, de nombreux dirigeants européens s’inquiètent d’une nouvelle vague de délocalisations vers les États-Unis ! Et ça s’empaille aussi au sein de l’Union européenne, par exemple entre la France et l’Allemagne, qui s’accusent régulièrement de concurrence déloyale.

    Le protectionnisme ne sonne pas la fin de la guerre économique, mais son exacerbation. Et il n’est pas du tout conçu pour protéger les travailleurs. Il est conçu pour protéger les marchés de la concurrence étrangère. La grande bourgeoisie qui bénéficie d’une préférence nationale dans son propre pays peut, à l’abri de la concurrence, augmenter ses prix et ses profits ! En plus de nous exploiter comme travailleurs, elle nous rackettera en tant que consommateurs, comme elle le fait déjà avec l’inflation.

    Avec le protectionnisme et la guerre économique que nous sommes tous censés mener, le grand patronat et tous ses politiciens propagent l’idée que nous sommes tous, travailleurs et patrons, pauvres et riches, dans le même bateau français, contre la concurrence internationale.

    Mais c’est nous, travailleurs, qui ramons ! C’est à nous qu’il est demandé d’être toujours plus efficaces, plus compétitifs. C’est à nous qu’il est demandé de sacrifier notre salaire, notre emploi, notre vie en fonction des commandes et de la concurrence !

    Dans cette concurrence toujours plus féroce, les actionnaires se goinfrent et les travailleurs, les CDD, les intérimaires servent de chair à canon. Et de cette guerre économique, à la guerre tout court, il n’y a qu’un pas. Alors, ne marchons pas dans le piège de l’unité nationale ! Il nous conduit tout droit aux champs de bataille comme l’ont été nos ancêtres ouvriers et paysans lors des deux guerres mondiales !

     

    Dans la société capitaliste, la guerre est une institution, au même titre que l’exploitation et les crises. Préparer et faire la guerre fait partie intégrante du boulot de tous les gouvernants bourgeois et de leurs États. C’est la raison d’être de leur armée et de leur état-major.

    Pour mener leur guerre, les dirigeants savent embrigader la population. Lors de toutes les guerres, ils ont réussi à faire l’union nationale en s’appuyant justement sur les idées nationalistes qui avaient pénétré jusqu’au sein des partis ouvriers les plus puissants.

    Quand la guerre a été déclenchée en 1914, les partis ouvriers qui défendaient l’unité internationale des travailleurs et la nécessité de lutter la guerre impérialiste qui arrivait ont renié tous leurs engagements. Au lieu de combattre la guerre, ils ont fait bloc derrière leurs gouvernements et leurs bourgeoisies pour la mener.

    Au nom de cette » union sacrée », des millions de paysans et d’ouvriers français, allemands, russes, anglais, canadiens, serbes, grecs, américains mais aussi d’origine sénégalaise, ivoirienne, algérienne, marocaine, tunisienne se sont entretués à 17, 18, 20 ans.

    La bourgeoisie y a aussi sacrifié quelques-uns de ses fils, mais elle n’y a pas sacrifié ses affaires et son avenir.

    Nombre de familles bourgeoises ont forgé leur fortune pendant les guerres. Renault est devenue le premier industriel français pendant la Première guerre de mondiale, en vendant des munitions, des avions militaires et des chars. Schneider, Dassault et Thalès en France, Thyssen et Krupp en Allemagne, Lockheed Martin et Boeing aux USA, ont acquis des positions dominantes grâce à la guerre, et les exemples sont légion.

    Regardez l’Ukraine. Les oligarques qui, avant-guerre, étaient passés maîtres en détournement d’argent public sont toujours là, et aujourd'hui ils se payent sur la guerre. C’est tellement visible que Zélensky a fini par limoger tous les gradés responsables du recrutement. Il a démis le ministre de la défense accusé d’avoir surfacturé de la nourriture et des uniformes au profit de plusieurs de ses entreprises et de s’en être mis plein les poches.

    Et il se passe exactement la même chose en Russie. C’est d’ailleurs sur les fournitures à l’armée et sur la guerre que feu Prigojine, le patron de Wagner, est passé du statut de petit malfrat à celui d’oligarque tutoyant nombre de chefs africains.

    Dans tous les pays et dans toutes les guerres, les financiers, les capitalistes et les affairistes de tout poil, ont montré qu’ils se moquaient bien de la défense de la patrie. Ils n’ont jamais sacrifié leurs profits et leurs propriétés au nom de » l’effort de guerre ». S’il est arrivé que leurs entreprises soient nationalisées, ils ont toujours été indemnisés et le plus souvent, ils sont restés aux manettes.

    Les discours autour des sacrifices nécessaires pour la défendre la patrie ne leur sont pas destinés. Ils sont destinés à la population : aux jeunes censés être prêts à se faire trouer la peau pour la patrie ! Aux femmes censées être prêtes à devenir veuves pour la patrie ! Aux enfants transformés en orphelins pour la patrie !

    Par défense de la patrie, les travailleurs pensent à leur famille, à leur maison et à l’amour de leur pays. La bourgeoisie pense elle, à l’amour de son coffre-fort, à sa puissance et à sa domination ! Alors ne nous laissons pas embrigader !

     

    Comme le disait Rosa Luxemburg, » la légende de la défense de la patrie appartient tout autant à l’art de la guerre que la poudre et le plomb ». A la poudre et au plomb, il faut rajouter aujourd'hui les drones et la bombe atomique… Mais la légende de la défense de la patrie n’a pas changé.

    Une de ses pièces centrales, c’est l’armée. L’armée, dans beaucoup de pays, apparaît comme l’institution sacrée, l’institution intouchable, y compris aux yeux des travailleurs. Et on le voit ici, tous les partis, y compris ceux qui se placent dans l’opposition la plus résolue au gouvernement, font bloc autour de l’armée.

    La France Insoumise et le PCF ont voté contre loi de programmation militaire discutée au printemps dernier. Mais comme ils l’ont dit, ils s’y sont opposé parce que la loi, prévoyant 413 milliards, c’est-à-dire un doublement par rapport à 2017, » n’est pas à la hauteur des menaces ».

    La FI a déposé des amendements pour demander plus de chars, plus de blindés. Fabien Roussel, a eu ce cri du cœur : » Oui et 1 000 fois oui… Permettre à nos soldats d’être mieux équipés, mieux entraînés, d’avoir des équipements modernisés oui ! car la défense c’est important ». Preuve qu’ils se placent exactement du même point de vue que Macron et la bourgeoisie française.

    Mais quelles sont les menaces ? Contre qui faudrait-il se défendre ? S’il faut se défendre de quelqu’un, c’est des fauteurs de guerre ! La guerre n’est pas encore sur notre territoire. Les hôpitaux n’ont pas été visés par des tirs de missile, mais ils sont démolis de l’intérieur en étant privés de moyens ! Nos immeubles ne sont pas bombardés, mais de plus en plus de femmes et d’hommes sont expulsés et dorment dans la rue. Il n’y a pas de rationnement, mais combien de familles ouvrières se privent ?

    Alors la guerre, nous la subissons déjà, c’est la guerre de classe dont a parlé Jean-Pierre. Et c’est elle qu’il nous faut mener. Comme l’a dit Liebknecht, en 1916, en pleine guerre : » l’ennemi principal est dans notre propre pays ! »

     

    Sur la question de la défense de la patrie, notre boussole reste celle des internationalistes comme Rosa Luxemburg et Lénine qui s’opposèrent à la guerre de 1914 et appelèrent les travailleurs à la transformer en guerre révolutionnaire.

    Elle est celle que Trotsky nous a léguée dans le Programme de transition écrit en 1938, à la veille de la seconde guerre mondiale :

    "DÉFENSE DE LA PATRIE» ? Mais, par cette abstraction, la bourgeoisie entend la défense de ses profits et de ses pillages. Nous sommes prêts à défendre la patrie contre les capitalistes étrangers, si nous garrotons tout d'abord nos propres capitalistes, et les empêchons de s'attaquer à la patrie d'autrui ; si les ouvriers et les paysans de notre pays deviennent ses véritables maîtres ; si les richesses du pays passent des mains d'une infime minorité dans les mains du peuple ; si l'armée, d'instrument des exploiteurs, devient l'instrument des exploités. »

    Autrement dit, nous défendrons la patrie une fois que nous aurons fait la révolution et que nous tiendrons le pouvoir entre nos mains. Comme disait Marx, dans le cadre du capitalisme, les travailleurs n’ont pas de patrie. Notre patrie, ce sera le socialisme à l’échelle internationale.

     

    J’insiste sur cette question, parce que la menace d’une troisième guerre mondiale n’est plus une hypothèse abstraite et lointaine.

    Ceux qui dirigent le monde s’y projettent et pas que dans leur tête puisqu’ils s’arment tous jusqu’aux dents. 413 milliards donc pour l’armée française, près de 300 milliards sur quatre ans pour l’armée allemande, 800 milliards par an pour les États-Unis, 300 milliards pour la Chine, pour ne citer que ceux-là. Cela fait 2 200 milliards à l’échelle planétaire.

    On rêverait d’une planification mondiale de 2 200 milliards pour éradiquer la malnutrition, construire des dispensaires, des routes et des moyens pour lutter contre la sécheresse et le réchauffement climatique. Eh bien, non, c’est la planification des prochaines guerres, des prochains massacres d’une nouvelle plongée dans la barbarie !

    Et la préparation n’est pas que matérielle. Parce qu’il n’y a pas de guerre sans soldats prêts à se faire trouer la peau et sans une population sinon volontaire du moins résignée, il y a aussi toute une préparation idéologique.

    La propagande commence par maquiller les véritables causes de la guerre.

    Demain, si les États-Unis décident d’entrer en guerre contre la Chine, ils ne parleront pas de la guerre autour du lithium, des micro-processeurs ou de leur combat pour sauver leur leadership sur le marché automobile… Pour que les Américains marchent, ils prétendront aller sauver Taïwan d’une invasion, ou les Ouïghours d’un génocide ! Ils nous parleront du choc de la démocratie contre la dictature…

    Mais, je le redis, les guerres décidées par les gouvernements bourgeois sont toujours des guerres de pillage. C’est la guerre économique, permanente, tous azimuts qui se transforme régulièrement en affrontements armés et en guerres impérialistes. Et la guerre en Ukraine ne fait pas exception !

    Les États-Unis ont dépensé 70 milliards pour soutenir l’armée ukrainienne, dont 40 milliards en armements. L’Union européenne a dépensé elle aussi 70 milliards et a prévu une nouvelle enveloppe de 50 milliards. Oh ils n’agissent pas directement sur le champ de bataille, mais juste à côté, en Pologne, ou en Roumanie au travers des bases de l’OTAN où ils appuient matériellement l’armée ukrainienne et ont des instructeurs pour former des conducteurs de char ou des pilotes d’avion ukrainiens.

    Si les États-Unis, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Union européenne s’activent autant pour armer l’Ukraine, ce n’est pas pour sauver la population ukrainienne d’une invasion. Biden ou Macron se moquent encore plus de la vie des ouvriers et des paysans ukrainiens qu’ils se moquent des travailleurs de leur propre pays !

    Ils n’interviennent pas non plus pour sauver l’indépendance ou la démocratie de l’Ukraine. Ils s’activent pour défendre leur influence et assurer leur mainmise sur l’Ukraine contre Poutine qui n’accepte plus de voir l’impérialisme occidental dominer jusqu’à son pré carré.

    Selon les estimations, cette guerre aurait déjà fait 500 000 victimes, morts ou blessés. Mais ni les soldats russes, ni les soldats ukrainiens ne sont tombés pour la patrie : comme dans toutes les guerres impérialistes ils sont morts pour les profits des oligarques russes d’un côté, et des industriels et des banquiers américains, allemands ou Français de l’autre.

    Alors quand on nous explique qu’il faudrait suivre l’exemple des Ukrainiens qui se battent courageusement pour sauver leur pays, ne soyons pas dupes ! Cette propagande est à l’opposé de la conscience de classe et du combat que les travailleurs ont à mener pour s’émanciper et en finir avec le capitalisme qui fait plonger l’humanité dans l’horreur.

     

    Le nationalisme est un piège mortel et on le voit, ô combien avec ce qui vient de se passer au Haut-Karabakh.

    Le fossé de haine qui est en train de se creuser entre les peuples d’Arménie et d’Azerbaïdjan n’était pas une fatalité. Ils vivaient côte à côte depuis des décennies. Sous l’Union soviétique, les populations arméniennes qui installées en Azerbaïdjan disposaient d’une très large autonomie. Et surtout, aucune barrière étatique ne s’opposait aux déplacements des habitants, à leur liberté d’aller et venir entre l’Arménie et le Haut-Karabakh ou entre l’Azerbaïdjan et le Nakhitchevan, une région azérie séparée de l’Azerbaïdjan par l’Arménie. Ce voisinage a duré plus de 70 ans.

    Aujourd'hui, chacun voit dans l’autre peuple, un ennemi parce qu’au moment de l’éclatement de l’Union soviétique, partout, les chefs locaux de la bureaucratie cherchèrent à se tailler des fiefs dans » leur » république, en agitant le nationalisme et en se présentant comme les défenseurs de l’ethnie majoritaire. A partir de 1989-1990 en Azerbaïdjan, le clan du chef du Parti communiste local, Aliev, rameuta la population azérie en fomentant des pogromes anti-arméniens.

    Sachant ce qui les attendait, les Arméniens du Haut-Karabakh proclamèrent leur indépendance en décembre 1991, quand l’URSS cessa d’exister. Une guerre éclata, qui fit des dizaines de milliers de morts. Elle déboucha en 1994 sur un cessez-le-feu, pas même sur une paix formellement conclue, puis la situation resta en l’état, ponctuée d’accrochages réguliers. Jusqu’au réveil de la guerre fratricide d’aujourd'hui.

    Le même drame menace encore au Kosovo, pays à majorité albanaise mais où vivent 120 000 serbes.

    Et c’est à chaque fois le même scenario : le chemin du nationalisme est choisi par des dirigeants locaux, parrainés toujours par une grande puissance pour asseoir leur pouvoir. Et ce chemin mène à la barbarie.

    Alors, le mouvement ouvrier se doit de combattre le nationalisme qui oppose les travailleurs les uns aux autres, même le nationalisme que l’on nous distille sous les formes les plus diluées. Car même à petites doses, un poison reste un poison.

     

    Toute cette évolution guerrière est absolument contraire aux intérêts du prolétariat et il faut la dénoncer.

    Mais on ne la combattra pas en attendant la paix des dirigeants ou des résolutions de l’ONU. Biden a décidé de fournir des bombes à fragmentation et des obus à uranium appauvri : et c’est de lui qu’il faudrait attendre la paix ? C’est de Zelensky qui prétend reconquérir la Crimée ?

    De Macron, qui début août poussait à la guerre contre les putschistes du Niger, qui avaient le tort de ne pas être des collaborateurs assez dociles de la Françafrique ?

    Face à l’équilibre des forces et au coût de cette guerre, des voix s’élèvent déjà aux États-Unis pour pousser Zelensky à faire des concessions et à signer un cessez-le-feu. Trump en ferait dit-on un axe de campagne contre Biden.

    Mais cela ne supprimera pas les raisons profondes qui ont mené à la guerre en Ukraine. Ce sera une bombe de retardement de plus, qui finira par provoquer une nouvelle déflagration.

    Alors parler de paix sans dire qu’on ne peut l’imposer réellement qu’avec le renversement du capitalisme, c’est du bavardage stérile. Dans la société capitaliste, la paix n’est qu’une trêve entre deux guerres : pour supprimer la guerre, il faut supprimer le capitalisme !

     

    Nous continuerons de dénoncer, comme nous l’avons fait depuis le début, chaque pas fait par le gouvernement vers la guerre.

    Nous dénonçons les livraisons d’armes en Ukraine.

    Nous dénonçons la politique va-t’en guerre de Macron et la présence des troupes françaises en Afrique.

    Nous dénonçons les milliards dépensés pour des engins de mort. Les 413 milliards, nous les voulons pour un grand plan de relèvement des hôpitaux, des Ehpad et des transports !

    Nous dénonçons le SNU et la volonté d’embrigadement de la jeunesse.

    Nous dénonçons les gigantesques profits réalisés par les marchands de canon et nous sommes pour leur expropriation. Sous la direction des travailleurs, nous trouverons de quoi faire en sorte que les usines Dassault, Thales ou Dexter fabriquent des équipements utiles à tous pour les transports, la santé…

     

    Les milliardaires de l’industrie et de la finance sont les maîtres d’un monde qui est en train de s’effondrer sous leurs pieds. Mais tant que des musiciens joueront pour eux, ils danseront !

    Alors, il n’y a rien à attendre d’eux. Et il n’y a rien à attendre leurs politiciens, ils sont tous perdus entre mille contradictions. Regardez comment ils sont empêtrés dans l’inflation !

    Comme les médecins de Molière, ils ne connaissent que deux remèdes : les saignées ou la purge. Après des années où les banques centrales fabriquaient la monnaie sans limite pour encourager les investissements, elles freinent aujourd'hui des quatre fers en augmentant sans cesse les taux d’intérêt pour baisser la demande et ralentir la consommation… en croisant les doigts pour que cela ne déclenche pas une récession généralisée !

    Et ne les croyons pas non plus quand ils nous expliquent qu’ils luttent contre la crise climatique !

    L’écologie ne retient l’attention des capitalistes que parce qu’elle est le nouveau mot d’ordre qui leur permet de piller les caisses publiques et d’allonger leurs profits. Mais ils sont parfaitement incapables de lutter contre le réchauffement climatique parce qu’ils sont incapables de coopérer à l’échelle mondiale et parce qu’ils sont incapables de faire passer les intérêts de l’humanité avant les intérêts des capitalistes.

    Pour faire face aux défis qui sont désormais posés à l’humanité, la gestion d’une économie qui est mondialisée et la crise climatique, nous sommes condamnés à coopérer. Cette tâche nous reviendra à nous travailleurs, quand nous aurons réussi à arracher le pouvoir aux politiciens bourgeois et quand nous exproprierons les multinationales de l’énergie, de l’agroalimentaire, de la chimie, de la métallurgie, des télécommunications et que nous les utiliserons pour planifier l’économie rationnellement de façon à éliminer le gâchis et à répondre aux besoins de toute l’humanité !

     

    La bourgeoisie peut se mettre à l’abri des catastrophes qu’elle provoque. Ce n’est pas elle qui souffrira du réchauffement climatique, à l’abri dans ses voitures, ses jets privés et ses palais climatisés. Dans une nouvelle déflagration mondiale, la grande bourgeoisie peut imaginer, grâce à ses milliards, sauver sa peau.

    En guise d’assurance vie, certains se sont achetés des îles éloignées de tout, en ce moment certains se font construire des bunkers et peut-être que d’autres se paieront un terrain sur la lune, puisqu’ils sont en train d’étudier comment y établir des droits de propriété.

    Mais nous, les travailleuses et les travailleurs, nous le savons, nous serons en première ligne. Comme nous sommes déjà les premiers frappés par la misère, la précarité, le réchauffement climatique… Pour nous, il n’y a qu’une issue : c’est de se battre pour notre peau.

    Que les travailleurs croient ou pas dans la possibilité des luttes et de la révolution, il faudra en passer par là ! Nos idées et nos perspectives qui ne sont aujourd'hui que des mots, des utopies diront certains, deviendront des armes dans les mains des travailleurs du monde entier pour changer cette société !

     

    Pour incarner cette perspective, il faut un parti. Pas un parti qui fasse dépendre le sort des travailleurs des élections, parce qu’il ne se joue pas dans le jeu de chaises musicales que sont les élections ! Il faut un parti qui tienne bon sur ses convictions et ses perspectives révolutionnaires.

    Il faut le faire exister dans le monde du travail, dans les entreprises et dans les quartiers populaires en défendant au jour le jour une conscience de classe. Et il faut le faire exister dans le débat politique. J’en profite d’ailleurs pour dire que, bien sûr, Lutte ouvrière sera présente dans les élections européennes qui auront lieu en juin prochain, avec une liste conduite par Jean-Pierre et par moi-même. Et nous y défendrons la perspective que je viens de développer : une perspective communiste, révolutionnaire et internationaliste !

    Si les travailleurs ne font pas naître LEUR parti, basé sur leurs intérêts de classe, pour faire LEUR politique, ils seront condamnés à se raccrocher à des démagogues qui ne sont pas dans leur camp parce qu’ils sont tous ces défenseurs du capitalisme.

    Aujourd'hui de nombreux travailleurs maliens, guinées et nigériens ont l’espoir que les nouvelles juntes militaires au pouvoir rompent avec la politique de dépendance vis-à-vis de l’impérialisme.

    A Niamey ces dernières semaines, des milliers de Nigériens ont manifesté, à juste titre, pour le retrait des troupes françaises. Mais les putschistes ne méritent pas leur confiance !

    Ils sont aussi pourris que ceux qu’ils prétendent remplacer. Ils iront s’enrichir, eux et leur famille, à la mamelle de l’impérialisme qui continuera de piller leur pays, et de bloquer son développement.

    Mais voilà, tant que les travailleurs ne prendront pas confiance en leur propre camp, ils se retrancheront derrière ce qu’ils estimeront être le moins pire ou chercheront un sauveur suprême, y compris en s’accrochant à toutes les planches pourries qui se présenteront.

    Alors oui, il y a une bataille politique à mener pour construire ce parti, contre l’influence des idées bourgeoises et patronales sur le monde du travail.

    Et ce parti ne peut se concevoir que comme un bout d’un parti international ayant des ramifications dans tous les pays. Les travailleurs ont déjà su se donner trois internationales : la première internationale, du temps de Marx et d’Engels, la seconde internationale de Lénine, de Rosa Luxemburg puis la troisième internationale créée dans la foulée de la Révolution russe. Elles ont œuvré à l’union des ouvriers à l’échelle du monde. Tour à tour elles ont répandu parmi les travailleurs la conscience de faire partie d’une seule et même classe ouvrière, de vivre et de combattre pour une même cause.

    Il faut en reconstruire une quatrième. La classe ouvrière internationale, entremêlée et avec des connexions dans tous les pays du fait des migrations est mûre depuis longtemps pour un tel parti. Voilà la tâche qui est devant nous camarades !

    Alors vive le drapeau rouge et vive l’Internationale !

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