Meeting du 12 février à Paris : intervention d'Aurélie Jochaud14/02/20222022Brochure/static/common/img/contenu-min.jpg

Brochure

Meeting du 12 février à Paris : intervention d'Aurélie Jochaud

Au sommaire de la brochure

Sommaire

    Je suis Aurélie Jochaud et je suis infirmière dans un service d’hématologie qui s’occupe des patients atteints de cancer du sang , à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, qui fait partie de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris.

    Ah pour parler des soignants et nous faire applaudir, le gouvernement a été au top ! Mais pour le reste, dans cette crise sanitaire, il s’est montré irresponsable, incapable, et n’a déployé aucun moyen digne de ce nom.

    Et pourtant, les hôpitaux ont tenu. Mais grâce à qui ? Grâce à tous les travailleurs de la Santé qui se sont démenés et qui, eux, ont fait preuve d’ingéniosité et de dévouement pour que cela tourne le moins mal possible. A presque chaque vague épidémique, le service de chirurgie ambulatoire de Saint-Antoine a arrêté d’opérer et s’est transformé en service Covid, changeant les horaires de travail et supprimant les vacances. Alors oui, on peut le dire : le sens des responsabilités, c’est nous qui l’avons eu.

    Avec cette pandémie, on a bien compris une chose dans les hôpitaux : il n’y a rien à attendre des gouvernements pour que notre sort et celui des patients changent. Dans mon service, il y a en moyenne 10 lits de fermés sur 70. Mais il n’y a pas un jour où il ne manque pas une infirmière ou une aide-soignante et c’est pire la nuit où il n’y a que 2 infirmières au lieu de 3 ou 4. Alors mes jeunes collègues infirmières préfèrent quitter l’hôpital et travailler en intérim car elles pourront choisir leurs jours de travail et de repos et seront aussi mieux payées.

    Dans mon service, la direction a imposé les 12 heures de travail par jour. Et je suis plus qu’en colère car cela a eu comme conséquence de ne pas remplacer 4 aides-soignants partis dont une en CDD qui n’a pas été embauchée.

    Un de mes collègues coursier a été reçu 3e au concours de la formation professionnelle d’aide-soignant. Eh bien l’AP-HP refuse de financer sa formation.

    La cerise sur le gâteau, c’est qu’en septembre dernier, une vingtaine de collègues de hôpital n’étant pas vaccinés ont été suspendus sans salaire sous prétexte qu’ils allaient transmettre le virus… Et 3 mois après, on doit venir travailler dans nos services avec le Covid ; même dans mon service où les patients n’ont aucune défense immunitaire. Elle est où, la logique ?!!

    Alors, oui l’ensemble des travailleurs de la Santé suspendus doivent être réintégrés.

    On le savait déjà, mais depuis 2 ans la réalité est encore plus criante : pour le gouvernement, la santé de la population n’est absolument pas une priorité, au contraire. Les décisions prises sont motivées par le seul souci de faire des économies pour encore mieux servir les capitalistes.

    Une collègue de l’hôpital de jour de médecine me disait : « On doit pousser les murs pour prendre toujours plus de patients, mais les effectifs ne suivent pas. Nous, on sait pourtant combien on devrait être pour que cela puisse tourner ». Et face au sous-effectif permanent, la hiérarchie est impuissante. Elle nous dit : « débrouillez-vous , réorganisez-vous.. »

    Alors oui c’est ceux qui bossent qui doivent décider ! Et pas seulement dans la Santé, mais dans toute l’économie, dans toute la société les travailleurs doivent diriger.

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