Meeting au Zénith le 3 avril : intervention de Nathalie Arthaud04/04/20222022Brochure/static/common/img/contenu-min.jpg

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Meeting au Zénith le 3 avril : intervention de Nathalie Arthaud

Au sommaire de la brochure

Sommaire

    Chers camarades, chers amis, travailleuses, travailleurs,

    Regardons ce qui se passe en Ukraine, ces femmes et ces hommes qui pleurent la mort de leurs proches, la destruction de leur maison, de leurs écoles, de leur ville par les bombes. Ils sont des millions à être poussés sur les routes de l’exil. Comme nous, ils étaient ouvriers, caissières, infirmières, enseignants, agriculteurs, chômeurs ou à la retraite. Comme nous, il y a deux mois, ils étaient peut-être en colère contre l’inflation, les bas salaires, la misère… ils n’imaginaient pas qu’une telle guerre puisse se produire. Aujourd'hui, ils doivent la subir et même la faire. Eh bien cela peut nous arriver à nous aussi !

    Biden et derrière lui Macron et les autres dirigeants des pays de l’OTAN répètent qu'ils ne sont pas en guerre contre la Russie. Formellement, ils ne le sont pas. Mais ils fournissent renseignements, missiles et drones à l’armée et aux milices ukrainiennes après les avoir aidées et formées depuis huit ans. Dans les faits, ils mènent la guerre contre la Russie avec la peau des Ukrainiens. Et nous risquons une escalade guerrière. Escalade que réclament à cor et à cris nombre de politiciens ici-même ! Alors oui, cette guerre nous concerne. Nous avons déjà un pied dedans.

    Jusqu’à présent, la guerre était loin. Elle était en Irak, en Libye, en Syrie, en Afghanistan ou encore au Mali. Parce qu’elle se déroulait sur un autre continent, parce que les morts, les destructions et les camps de réfugiés n’étaient que des images à la télé, la guerre restait une abstraction pour nous. Et c’est le cas encore de la guerre sanglante qui se mène au Yémen depuis huit ans et qui a fait plus de 380 000 morts !

    Mais n’oublions pas que nos grands-parents, nos parents et les plus âgés d’entre nous ici ont connu la guerre d’Algérie, la guerre d’Indochine voire la deuxième guerre mondiale. Et il y a 30 ans, ce n’était pas Marioupol qui était bombardée mais Sarajevo, Dubrovnik et aussi Belgrade, pilonnée durant 78 jours par les avions de l'Otan en 1999, épisodes dramatiques de la guerre fratricide qui a fait exploser la Yougoslavie.

    Alors, oui, la menace se rapproche. Parce que le capitalisme et la guerre sont indissociables. Parce qu’une société qui engendre des inégalités ahurissantes, un luxe inimaginable d’un côté, le dénuement absolu de l’autre, une société où la concurrence et les rivalités sont les moteurs de l’économie ne peut vivre que par la guerre !

    Depuis des années, les États-Unis et, derrière eux les impérialismes de moindre importance, dont la France, préparent l’opinion à la possibilité d’une guerre contre la Chine. Et depuis 2014 au moins, l’idée d’une guerre impliquant la Russie était présente. Ne serait-ce parce que la guerre dans le Donbass se poursuivait, guerre qui a fait plus de 14 000 morts !

    Alors répéter en boucle que Poutine est devenu fou et qu’on ne l’avait pas vu venir est une réécriture de l’histoire : il y a un bras de fer entre le camp impérialiste et la Russie de Poutine depuis des décennies.

    Le fait est que depuis 30 ans, l’OTAN a exercé une pression constante pour que les pays voisins de la Russie adhèrent à l’Otan. L’Otan a ceinturé la Russie de bases militaires équipées de missiles. C’est la politique impérialiste des États-Unis, de l’Otan et des puissances occidentales qui a fait de l’Ukraine le théâtre de leur bras de fer avec la Russie. Et que ce soit Poutine qui ait pris l’initiative d’envahir l’Ukraine n’y change rien.

    Maintenant, le nombre de soldats américains en Europe est passé de 70 000 à 100 000, l’Otan déploie ses bataillons un peu partout en Europe, le porte-avions français est déployé en Méditerranée. Et tous les États sont en train de se réarmer. Cette course spectaculaire à l’armement démontre que tous les pays impérialistes, leurs généraux, leurs diplomates, préparent les futures boucheries. Ils sont les pires ennemis des travailleurs.

     

    Et ils essaient déjà de nous embrigader moralement. Jouant sur l'émotion et la révolte provoquées par les dévastations et la terreur ordonnées par le dictateur Poutine, les Biden, Macron posent en démocrates, et en champions de la paix ! Des bienfaiteurs de l’humanité, ceux qui ont colonisé et mis la planète en coupe réglée ? Des pacifistes ceux qui, du Vietnam à l'Irak, n'ont pas hésité à détruire des pays entiers ? Des défenseurs du droit des peuples, ceux qui justifient toutes les entreprises de colonisation de l’État d’Israël contre les Palestiniens ?

    Et puis la France en connaît un rayon dans le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes avec la guerre d’Algérie. Au Rwanda, en 1994, pour garder la zone d'influence française, l’État et le gouvernement français ont soutenu des génocidaires. Aujourd'hui, au Sahel, les troupes françaises ressemblent si peu à des libératrices, qu'elles sont rejetées par la population !

    Oui, on tue avec des bombes, mais on tue aussi en affamant, et c’est ce que font aujourd'hui tous ceux qui spéculent et font flamber les cours du le blé. Et ces criminels-là ne sont pas à Moscou, mais à New York, Londres et Paris ! Alors, n’oublions pas que les fauteurs de guerre sont aussi dans notre propre pays ! N’oublions pas les paroles de Jaurès « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». Tant qu’on n’en finira pas avec le capitalisme, on n’en aura pas fini avec la guerre !

     

    Aujourd'hui ce sont d’abord les Ukrainiens qui souffrent. Et leur vie déjà difficile avant la guerre sera encore plus dure après. Mais en Russie, des milliers de familles pleurent déjà un fils mort au combat, dans une guerre qu’elles n’ont pas voulue.

    L’exacerbation du nationalisme et le fossé de sang qui est en train de se creuser opposent deux peuples frères. Des femmes et des hommes qui vivent ensemble depuis des décennies, des familles, des amis se déchirent et sont mobilisés les uns contre les autres ! Combien faudra-t-il d’années, de générations pour qu’ils puissent revivre ensemble ?

    Les souffrances ne se limitent pas aux bombes. Les sanctions contre la Russie vont aussi frapper de plein fouet les gens du peuple, les plus pauvres, ceux qui ont déjà du mal à vivre. Elles ne feront pas souffrir les oligarques russes. Leurs milliards les protégeront toujours, ils continueront d’être d’accueillis comme les rois du pétrole à Dubaï ! Et de toute façon leur fortune continuera d’être alimentée par le pillage de l’économie russe.

    Par contre, des travailleurs n’auront plus de médicaments, se retrouveront au chômage, parce qu’un certain nombre d’usines ferment – c’est le cas pour Renault, pour McDo. Des centaines de milliers de salariés vont se retrouver sans rien.

    En Irak, dans les années 1990, 500 000 enfants sont morts des conséquences de l’embargo. C’est ce que préparent nos dirigeants ! Et c’est avec ce cynisme, en punissant la population russe, qu’ils prétendent arrêter la guerre ?

    Alors nous sommes loin de réaliser la déstabilisation économique, sociale et politique de cette guerre sur la Russie et l’Ukraine.

    Quant aux conséquences pour les autres pays, elles seront graves aussi. Cette guerre a déjà de lourdes répercussions sur le prix de l’énergie, du gaz, du pétrole et du blé. Parmi les victimes collatérales, il y aura des millions de femmes et d’hommes menacés de malnutrition et même de famine, au Maghreb, en Égypte, en Inde. Ici, nous découvrons l’imbrication de l’économie française avec celle de Russie. Combien d’échanges interrompus, combien d’usines au ralenti voire fermées, combien de travailleurs menacés, à nouveau, dans leur emploi ?

    Et même si la guerre n’arrive pas jusqu’ici, cela n’empêchera pas la France d’être entraînée sur d’autres champs de bataille. Avec pour conséquence des soldats tués comme au Mali et peut-être en plus grand nombre. Avec la militarisation de la société, le bourrage de crâne, la censure, l’autoritarisme, toutes choses qu’une guerre implique inévitablement.

    Alors les travailleurs doivent refuser d’être enrôlés par les discours va-t-en-guerre ! Nous devons refuser l’union sacrée derrière Macron parce qu’il se moque autant du peuple ukrainien que du sort des travailleurs ici. Il faut dénoncer tous les responsables, les fauteurs et les profiteurs de guerre. Et il faut affirmer la nécessité d’arracher le pouvoir aux dirigeants de ce monde capitaliste !

     

    Toute l’histoire du capitalisme et de la bourgeoisie est l’histoire des guerres : guerre d’extermination contre les Indiens pour l’or de l’Amérique du sud ; traite des êtres humains et mise en esclavage ; guerres d’unifications nationales ; guerres de l’opium pour ouvrir les portes de la Chine ; guerres coloniales… Plus les trusts grandissaient, plus ils étouffaient dans leurs frontières nationales et plus les guerres étaient généralisées, jusqu’à ce que toute l’humanité soit plongée dans deux guerres mondiales.

    Le prolétariat a donc toujours été confronté à la guerre. Tantôt enrégimenté dans les bagnes industriels, tantôt dans les armées. Tantôt chair à profits, tantôt chair à canon. Les deux ont toujours été entremêlés.

    En France, la Commune de Paris de 1871 naquit à l’issue d’une guerre entre le second empire de Napoléon III et la Prusse. Au cours du siège imposé à Paris, le petit peuple réalisa qu’il n’avait pas seulement pour ennemi la Prusse de Bismarck, mais aussi son propre gouvernement, qui l’envoyait se faire tuer tout en négociant avec la Prusse et qui laissait le petit peuple mourir de faim. Et le 18 mars 1971, ce fut l’insurrection qui donna naissance à la Commune de Paris, le premier pouvoir ouvrier au monde qui se voulait une République universelle des travailleurs.

    Les paroles de l’Internationale, rédigées dans la foulée de cette guerre expriment les leçons politiques que les communards en avaient tiré. Des paroles que beaucoup ici connaissent :

    « Paix entre nous, guerre aux Tyrans / Appliquons la grève aux armées / Crosse en l’air et rompons les rangs /

    S’ils s’obstinent, ces cannibales, À faire de nous des héros /

    Ils sauront bientôt que nos balles / Sont pour nos propres généraux. »

    Eh bien voilà notre programme, camarades !

     

    Quand nous affirmons que la seule issue favorable pour les peuples viendra de la classe ouvrière, cette perspective n'est pas une chimère. Toutes les guerres prennent les travailleurs au dépourvu, mais plus la guerre dure, plus les dégâts et les souffrances s’accumulent. Plus les fauteurs et les profiteurs de guerre sont visibles aussi, suscitant la colère et la révolte. Plus celles et ceux qui payent la guerre de leur peau cherchent une issue par leurs propres moyens.

    Cela s’est déjà produit, justement en Russie et en Ukraine, il y a un peu plus de 100 ans. Parce que c'est la révolution des ouvriers, des soldats et des paysans de l’empire tsariste qui a mis un terme aux combats de la première guerre mondiale sur le front Est. Un an plus tard, cette révolution contagieuse a contribué à la mutinerie des soldats et des marins allemands qui firent tomber l'empereur, sonnant la fin de la boucherie qu’avait été la guerre de 14-18.

    La révolution russe a montré, que les exploités pouvaient aussi décider du sort de la guerre. Car ceux qui manient les armes, la plupart du temps des hommes du peuple, des ouvriers, des exploités peuvent aussi décider de les faire taire.

    Alors non seulement les travailleurs sont capables d’arrêter les guerres, mais au cours de leur combat, ils sont capables d’établir leur propre pouvoir. Et à partir de ce pouvoir, ils peuvent mener une politique internationale, non pas pour discuter et négocier avec les brigands qui dirigent, mais pour s’adresser aux travailleurs révoltés des autres pays et pour construire, avec eux un autre monde !

     

    Alors, nous sommes loin de la campagne présidentielle, me direz-vous ? Eh bien non, car le sens de ma candidature, c’est d’abord de dénoncer la société capitaliste, son inhumanité. Tant que la grande bourgeoisie dominera, nous irons droit à la catastrophe. Et le futur président de la République n’y changera rien.

    La guerre et toutes ses conséquences soulignent l’aspect dérisoire de cette campagne, où les uns ou les autres promettent des mille et des cents s’ils sont élus… En réalité notre avenir ne dépend pas d’eux, mais de l’évolution des rapports de forces militaires et économiques qui vont découler de la guerre entre les États-Unis, la Russie et la Chine, et même entre pays européens.

    Nous basculons dans une période d’instabilité. Toutes les cartes sont en train d’être rebattues, les marchés bouleversés, c’est un facteur d’aggravation de la crise, d’intensification des rivalités. Les profits que Decathlon, Renault ou LVMH ne feront plus en Russie, ils chercheront à les compenser dans la guerre économique et sur le dos des travailleurs.

    Et, quel que soit le président de la république, il sera du côté du grand patronat et des financiers.

    Le candidat le plus cynique, et par là même le plus sincère, c’est celui qui nous promet du sang et des larmes. C’est Emmanuel Macron. Parce que lui l’a dit et redit : demain il y aura moins de croissance, plus d’inflation. Le choc sera aussi brutal que le choc pétrolier de 1973, a même affirmé son ministre de l’économie.

    Et Macron annonce la couleur : augmentation de la charge de travail pour les profs, apprentissage à partir de 12 ans, travail des bénéficiaires du RSA pour 7 euros de l’heure, report de l’âge de la retraite à 65 ans : c’est la grande marche arrière !

    Alors n’en doutons, pas ! Comme la crise sanitaire, la guerre va être le prétexte à de nouvelles attaques contre les travailleurs, alors que la grande bourgeoisie profitera de la guerre pour spéculer et accroître ses profits.

    Eh bien les sacrifices, il faudra les imposer à ceux qui peuvent les faire : aux capitalistes ! Plus que jamais ce sera eux ou nous, leurs marchands de canons ou nos hôpitaux, leurs profits ou nos conditions de vie !

     

    Dans ce nouveau contexte, quand on entend les candidats de gauche égrener leurs belles promesses et même parler de « jours heureux », sans alerter le monde du travail, quand on entend Jean-Luc Mélenchon affirmer qu’en votant pour lui, nous sauverons nos retraites sans avoir à manifester et à nous battre, il y a de quoi être en colère car ils désarment ceux qui les écoutent.

    Même si un miracle électoral survenait et que Mélenchon arrive au pouvoir, il ne pourrait rien faire contre le grand patronat et contre les financiers sans la force sociale que représentent les travailleurs quand ils se battent. Aucun homme, seul, qu’il soit locataire de l’Elysée, de la Maison Blanche ou à la tête de je ne sais quel gouvernement, ne peut incarner le rapport de force avec la grande bourgeoisie et se faire craindre d’elle. Seul le monde du travail mobilisé par millions et conscient de sa force peut le faire.

    Les travailleurs n’ont pas besoin de marchands d’illusions, ils ont besoin de lucidité. Alors il faut dire aux nôtres, à l’opposé de tous ceux qui posent en sauveurs suprêmes, que nous, travailleuses et travailleurs avons la force de changer notre sort nous-mêmes. Notre force est collective, elle vient de ce que nous produisons toutes les richesses, tous les profits et tous les capitaux que la bourgeoisie accapare. Notre force est que nous faisons tourner toute la société.

    S’il y avait demain un nouveau variant du Covid, un variant sélectif ne s’attaquant qu’aux grands actionnaires parasites et les forçant à se confiner, la société continuerait de tourner sans eux, sans leur spéculation et leurs coups tordus et elle tournerait mieux !

    Résumer notre pouvoir au vote, c'est renoncer à utiliser la force collective et sociale de la classe ouvrière. C'est remettre notre sort entre les mains des institutions de l'État. C’est remettre notre sort à la grande bourgeoisie qui domine tout l’édifice. Et ne pas préparer les travailleurs au combat, revient de fait à les livrer pieds et poings liés à leur ennemi !

    Le capitalisme, c’est la lutte de classe. Et la lutte de classe demain sera plus féroce encore.

    Le grand patronat sait mener ce combat. Il a son armada de chefs et de sous-chefs, son armada de politiciens aussi qui sont toujours là pour justifier ses décisions. Pour se protéger les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes, sur leur conscience, sur leur mobilisation et sur leur détermination. Le simple fait d’entendre des politiciens dire que tout cela n’est pas nécessaire et même dangereux est à l’opposé de leurs intérêts.

    La lutte de classe dans les entreprises doit être notre boussole politique. Il n’y a pas de juste milieu : le capitalisme, ou bien on le combat jusqu’à sa destruction ou on finit par s’y intégrer et devenir un de ses rouages.

    C’est ce qui mène Mélenchon à se réjouir que Dassault vende des avions Rafale… Ce qui conduit Roussel et Hidalgo à être solidaires des efforts diplomatiques de Macron ! Et c’est ce qui convertit Jadot l’écologiste au vert kaki de l’uniforme militaire et au réarmement.

    Alors la question n’est pas quel président sortira du chapeau. La question est de savoir si les travailleurs réussiront ou non à s’organiser pour défendre leur droit à l’existence.

    La perspective que je défends est celle de l’organisation des travailleurs. Ma candidature est un appel à la conscience et à la mobilisation !

    Je ne me présente pas pour dire qu’au pouvoir je ferai mieux que Macron. Je me présente pour dire que les travailleurs doivent viser le renversement de la bourgeoisie et son État. Ils doivent viser l’instauration de leur propre pouvoir. Pas seulement pour assurer la retraite à 60 ans ou un meilleur salaire, mais pour changer toute la société !

     

    Nos contradicteurs nous reprochent souvent de tirer des plans sur la comète. « Vous attendez le grand soir mais pour ce qui est des problèmes immédiats des travailleurs, des urgences en matière de pouvoir d’achat, de salaires ou d’emplois, vous ne servez à rien », entend-on souvent.

    Comme si un président de la république avait déjà servi à quelque chose de significatif en matière de salaire et de chômage ! Et surtout, n’opposons pas la perspective révolutionnaire et les luttes quotidiennes.

    Toutes les explosions de colère et même une grève avec des objectifs limités portent en germe des possibilités de s’étendre et de se généraliser et de conduire à des mouvements de masse. Les premiers grévistes de 1936 n’imaginaient pas déclencher une grève générale forçant le patronat à concéder les congés payés.

    Quant aux femmes russes qui, le 8 mars 1917, ont manifesté pour réclamer du pain pour leurs enfants affamés par le rationnement de la guerre, aucune n’imaginait démarrer la révolution. Mais elles l’ont fait parce qu’elles étaient déterminées à ramener ce pain et parce qu’elles n’ont pas reculé devant la police.

    Alors même si nous nous sentons dépassés par l’ampleur de la tâche, si nous nous sentons désarmés et impuissants face à la guerre et à ses conséquences, la première étape est de nous donner une politique et un parti capable de rassembler le monde du travail autour de l’idée qu’ils doivent se préparer à se battre. C’est de nous munir d’un programme de lutte pour protéger nos conditions d’existence.

     

    Le grand patronat et ses porte-flingues rejettent toutes les revendications ouvrières au prétexte de la compétitivité. À les entendre, la moindre d’entre elles risquerait de mettre l’économie par terre ! Et puis nous ne sommes pas les plus mal lotis, nous disent-ils, il y a plus pauvre, plus malheureux dans le monde… Et le gouvernement ne s’occupe-t-il pas des plus pauvres, avec une petite remise par-ci par-là, un petit chèque énergie… ? Eh bien nous n’avons aucune raison d’accepter cette politique de l’aumône, il faut revendiquer ce qui nous est nécessaire pour vivre !

    Quand on discute entre nous de ce qu’il nous faudrait pour ne pas reculer et vivre à l’abri du besoin, tout le monde convient qu’il faudrait 300, 400, 500 euros d’augmentation. Et que 2 000 € de salaire net, c’est un minimum pour ne pas avoir à compter chaque euro et pour ne pas vivre dans l’angoisse que sa voiture tombe en rade ou que l’on ait un pépin de santé.

    Sur un plateau de télé, j’ai eu l’occasion de défendre l’idée que l’allocation adulte handicapée devait aussi être portée à 2 000 €. Parce que si 2 000 €, c’est ce qu’il faut pour vivre décemment, c’est vrai aussi pour les personnes handicapées et c’est vrai, bien sûr aussi, pour les retraités. Le paquet de pâtes, l’énergie, l’essence sont au même prix pour tout le monde. Que l’on soit en activité, à la retraite, en invalidité ou handicapé, le loyer demandé par le propriétaire est le même !

    Cette proposition d’un minimum de 2 000 euros a été jugée « souhaitable » par 76 % des personnes sondées pendant l’émission, mais 65 % ne la considéraient pas « réaliste ».

    Ce n’est pas « réaliste », voilà ce que l’on entend toujours de la bouche des dirigeants patronaux ! Mais pour eux le réalisme, la normalité, c’est que l’homme le plus riche de France, Bernard Arnault, encaisse 3,8 millions d’euros par jour, cad deux smics à la minute. Pour eux la seule chose réaliste, c’est que nous nous fassions petits pendant qu’ils se gavent de milliards !

    Encore une fois, nous n’avons pas à accepter l’aumône ou à nous excuser de revendiquer ce qu’il nous faut pour vivre : nous faisons tourner la société, nous créons toutes les richesses, nous sommes essentiels, nos intérêts doivent passer d’abord et avant tout !

    Si nous nous battons avec cette conscience-là, bien des choses qui nous semblent irréalistes aujourd'hui deviendront tout à fait possibles !

     

    La plupart des prétendus experts économiques rejettent l’idée même d’augmenter les salaires de base. Oh ils n’osent pas dire que les salaires sont bons. Mais que voulez-vous, on serait coincés ! À les entendre, augmenter le smic serait une fausse bonne idée parce que cela créerait du chômage pour les moins qualifiés. Quant à l’augmentation générale des salaires, ce serait une folie, elle créerait une spirale inflationniste. Eh bien voilà comment ils bourrent le crâne des travailleurs !

    D’abord parce que la spirale de l’inflation est là alors que les salaires sont quasiment bloqués. L’inflation actuelle, elle n’est pas créée par les travailleurs, elle est créée par les spéculateurs et les capitalistes qui ont en effet des milliards à revendre et qui font, entre autres, flamber le prix de l’immobilier. Eh bien que l’on prenne sur cet argent pour augmenter les salaires… Que l’on prenne sur leurs marges bénéficiaires, que l’on prenne sur leurs grandes fortunes !

    Face au retour de l’inflation, il faut remettre en avant une revendication forte du mouvement ouvrier : l’échelle mobile des salaires. Il faut indexer les salaires, les pensions et les allocations sur les prix, mois après mois, semaine après semaine si nécessaire. Mais il ne faut pas accepter que les étiquettes valsent sans que notre seul moyen de vivre augmente dans les mêmes proportions.

    Tous les chefs d’entreprise ont ce pouvoir de répercuter l’augmentation de leurs charges sur leurs prix, de sorte que leurs bénéfices ne soient pas amputés. Les salariés n’ont pas ce pouvoir-là. Le seul moyen de protéger un peu son pouvoir d’achat, c’est donc l’indexation automatique des salaires sur les prix parce que dans tous les cas, ce n’est pas aux travailleurs de faire les frais de leur économie délirante !

     

    Depuis qu'il est à l’Élysée, Macron n'a cessé de faire passer les chômeurs pour des fainéants.

    Il a réduit leurs allocations parce qu’il suffirait de traverser la rue pour trouver du travail ! Et il veut maintenant obliger les allocataires du RSA à travailler 15 ou 20 heures par semaine… Tout est fait pour laisser entendre que les chômeurs refusent de travailler. C'est aussi le but des campagnes du patronat prétendant qu'ils n'arrivent pas à recruter malgré ses propositions d'emplois.

    En réalité, le maintien de plusieurs millions de travailleurs en dehors de l'emploi est une aubaine pour les capitalistes. Cela leur permet de tirer tous les salaires vers le bas et d'exercer un chantage permanent sur les travailleurs. Si les salariés, les contractuels et les intérimaires ne sont pas contents de leurs horaires ou de leur salaire, on leur répond qu’il y en a 10 qui attendent la place, et qu’ils n’ont qu’à bien se tenir.

    Alors clairement, le problème des représentants patronaux n’est pas de combattre le chômage. Pour nous les travailleurs, c'est au contraire essentiel. Car c’est une absurdité le chômage !

    Si nous avions, collectivement, le pouvoir de diriger les entreprises, on commencerait par se répartir le travail entre tous. Parce que du travail, nous sommes nombreux à avoir du travail par-dessus la tête. Bien des travailleurs se retrouvent obligés de faire des heures supplémentaires, de travailler des samedis, des jours fériés, de faire le travail de deux parce que tel collègue, parti à la retraite, n’a jamais été remplacé… cette charge de travail là, il faut la répartir entre tous en imposant des embauches.

    Si nous demandions au personnel des hôpitaux, des Ehpad, de l’éducation, des transports publics d’établir une liste d’embauches dont ils auraient besoin ! On arriverait à des centaines de milliers d’emplois utiles et indispensables à créer tout de suite !

    Alors oui, le monde du travail a une politique à défendre en matière de chômage, c’est de répartir le travail entre tous, c’est d’arracher la baisse du temps de travail de façon à ce qu’il n’y ait plus aucun chômeur. Il faut travailler moins, et travailler tous !

     

    Et je dis à tous ceux qui estiment que ces objectifs sont souhaitables mais pas réalistes ou à tous ceux qui se demandent si la société est suffisamment riche pour cela : reprenez à votre compte la revendication de l’abolition du secret des affaires et du contrôle des travailleurs.

    Toute l’économie fonctionne de façon opaque. À un pôle, les travailleurs à qui l’on dit du matin au soir qu’il n’y a pas d’argent. Pas d’argent pour les embauches, pas d’argent pour les salaires, pas d’argent pour améliorer les conditions de travail, et parfois, parfois il n’y a même pas d’argent pour acheter le matériel nécessaire au travail. Pour les travailleurs, c’est simple, il n’y a jamais d’argent. À l’autre pôle, un milliardaire naît toutes les 26 heures, les profits explosent, des grandes fortunes doublent leur patrimoine. Ce n’est pas de la magie, c’est le fruit de l’exploitation de nous tous.

    Alors par où passent les circuits de l’argent ? Comment tous les grands groupes, alors même qu’ils n’ont pas produit plus de richesses, sont parvenus à augmenter leurs profits et le versement de dividendes à leurs actionnaires ?

     

    L’abolition du secret des affaires permettrait faire la transparence sur ces circuits de l’argent.

    Cette transparence montrerait comment les gros se gavent sur les petits, comment les donneurs d’ordre augmentent leurs marges en étranglant leurs sous-traitants, comment les grands groupes échappent aux impôts avec leur savant édifice de filiales, de sous-filiales… et comment les banquiers se conduisent comme de véritables patrons vis-à-vis des artisans commerçants qui se croient « indépendants », mais qui passent leur vie à rembourser leur crédit !

    L’abolition du secret des affaires est une revendication dans laquelle peuvent se retrouver beaucoup de travailleurs indépendants, parce qu’eux aussi, ils sont baladés de mensonges en mensonges par le grand capital. Et pour les salariés elle sera décisive.

    Si les salariés s’emparent de cette revendication et se mobilisent pour exercer leur propre contrôle sur les comptabilités et les contrats, ils mesureront l’ampleur de l’exploitation. Ils verront que les bas salaires ne sont là que pour assurer de gros bénéfices et de gros dividendes ! Ils réaliseront que tout ce qui est jugé impossible aujourd'hui, embaucher, augmenter les salaires, ralentir les cadences ou travailler moins et payer les retraites est parfaitement réalisable.

    Avec l’abolition du secret des affaires, on mettrait fin à l’omerta dans les entreprises. Cette omerta qui a permis au groupe d’Ehpad d’Orpea d’organiser tout un système pour détourner de l’argent public quitte à maltraiter et même affamer ses résidents. Cette omerta qui permet au grand patronat de polluer, d’épuiser les ressources et de saccager la planète. Et pour y mettre fin, nul besoin de commissions d’enquête et autres autorités de contrôle, il suffira de s’appuyer sur ceux qui dans les entreprises ne sont pas aveuglés par la rentabilité du capital : les travailleurs !

    Et à ce sujet aussi, je veux revenir encore une fois sur la guerre en Ukraine. Trotsky écrivait déjà en 1938 : « La guerre est une gigantesque entreprise commerciale, surtout pour l’industrie de guerre. »

    À ce jour, dans ce pays, la principale contribution des classes populaires à l'effort de guerre, c'est le racket quotidien qu'elles subissent sur le prix du pétrole et du gaz. Le secteur énergétique est une formidable source d’enrichissement et de spéculation pour la grande bourgeoisie. Total, Engie et leurs concurrents sont des profiteurs de guerre. Aujourd'hui pas un seul gazoduc venu de Russie n'est coupé. Et c'est la même chose pour le pétrole. L’essence que l’on nous vend à la pompe a été achetée il y a plusieurs mois par les compagnies pétrolières. Mais les prix affichés à la pompe, eux, s'alignent sur le cours du baril de pétrole actuel. Rien ne justifie de telles hausses si ce n’est la spéculation.

    Il est vital pour le monde du travail de connaître et de rendre public le détail de ces contrats commerciaux.

    Ce qui vaut pour l'énergie est encore plus spectaculaire pour l'armement. Depuis le début de la guerre, tous les pays européens ont annoncé des augmentations de leur budget militaire. Il n'y avait pas le moindre euro en réserve pour faire fonctionner les hôpitaux, il y a des centaines de milliards immédiatement disponibles pour des avions de guerre et des missiles. Pour le bonheur de Thalès de Dassault et des autres marchands d’armes dont le cours des actions se sont envolés. Et les 100 milliards de rallonge pour l'armée allemande donnent déjà lieu à une bataille entre Dassault et Lockheed Martin pour savoir qui aura le marché des avions de combat. Des Rafale ou des F-35 américains et plus que jamais, les chefs d'état se transforment en agents commerciaux des marchands d'armes.

    Au lendemain de la première guerre mondiale Anatole France avait écrit : « on croit mourir pour la patrie, on meurt pour les profits des industriels ». Eh bien pour ne pas mourir pour les profits des industriels, il faut populariser l’idée du contrôle ouvrier sur les capitalistes de l'énergie et ceux de l'industrie militaire.

    Pour s’opposer aux sacrifices imposés au nom de l’union sacrée, notre mot d’ordre doit être : confiscation des bénéfices de guerre et expropriation des entreprises travaillant pour la guerre comme celles de l’énergie. Pas un euro pour les marchands de canons ! Pas un euro pour gaver les actionnaires de Total !

    Regardez le scandale du cabinet McKinsey ! Le gouvernement a loué l’expertise de consultants rémunérés grassement. Et pourquoi ? Pour justifier la retraite à points, pour baisser les APL, supprimer des lits d’hôpitaux et enfumer la population après la mobilisation des gilets jaunes. L’écrasante majorité de la population n’a aucun intérêt à ce genre d’expertise. Qu’elle vienne de cabinets privés ou de la haute fonction publique.

    Qui d’autres que les soignants, les enseignants ou les salariés savent comment bien faire leur travail ? Qui d’autres qu’eux peuvent le mieux organiser le travail ? Et qui d’autres que les femmes et les hommes des classes populaires peuvent définir les besoins de la société ?

    Les véritables experts dans cette société ce sont les travailleuses et les travailleurs et au pouvoir ils feraient mille fois mieux que la bourgeoisie et ses serviteurs politiques parce qu’ils auraient à cœur de résoudre leurs problèmes et de satisfaire d’abord les besoins de tous et de préserver l’environnement.

    Les capitalistes se moquent de répondre aux besoins de la population. On l’a vu avec les brevets sur les vaccins, la préoccupation des trusts pharmaceutiques c’était leurs profits d’abord et avant tout. Et c’est vrai dans tous les domaines, de l’agroalimentaire jusqu’au secteur de l’énergie. Les capitalistes dévoient les immenses possibilités scientifiques et techniques et les retournent contre les peuples.

    C’est évident avec l’industrie militaire où les compétences des ingénieurs sont utilisées pour fabriquer des engins de guerre toujours plus perfectionnés, des missiles intelligents, des drones tueurs… Quel gâchis ! Alors que l’on manque d’hélicoptères pour les secours ou contre les feux de forêts. Alors qu’il est urgent de réfléchir à l’amélioration des transports publics, à la rénovation thermique des bâtiments…

    Entre les mains des capitalistes, les multinationales agissent souvent de façon révoltante et aberrante. Mais la conclusion à en tirer n’est pas de rejeter la mondialisation comme certains le disent, encore moins d’espérer échapper au capitalisme en boycottant les multinationales et les banques. Non, il faut que les travailleurs les exproprient !

    Entre leurs mains, ces mêmes groupes permettront de résoudre la plupart des problèmes essentiels de l’humanité et de faire progresser toute la société. Le progrès n’est pas de détruire les liens économiques, sociaux et humains tissés à l’échelle mondiale mais d’en faire des biens communs à l’humanité tout entière.

    Raisonner à l’échelle d’un seul pays est complètement dépassé, c’est vrai pour la pandémie, c’est vrai pour la crise climatique. Et regardez comment les dirigeants des pays européens ne peuvent pas couper les ponts économiques avec la Russie quand bien même ils le voudraient !

    Les frontières ne sont pas la solution, elles sont le problème. C’est précisément parce que la société capitaliste étouffe dans les frontières nationales que l’on connaît des guerres depuis plus d’un siècle.

    La question de l’indépendance énergétique, c’est une vaste blague ! Personne n’extrait de l’uranium dans le Massif central, ni du pétrole en Bretagne. La souveraineté agricole ? Mais qui peut faire pousser des oranges et des ananas, du cacao et du café en Normandie ou dans la Beauce ?

    Le problème pour les travailleurs et pour toute la société, c’est la dépendance par rapport aux capitalistes qui imposent leur dictature sur l’économie et la société. Alors mettre réellement au service de l’ensemble de la société tous les moyens dont elle dispose en expropriant la classe capitaliste doit être notre perspective politique, que les travailleurs prennent le pouvoir doit être notre perspective, le communisme doit être notre perspective !

     

    Vous l’avez compris, l’internationalisme est indissociable de notre combat et il commence par prendre le contre-pied de cette politique qui transforme l’Europe en forteresse.

    Vous avez vu que la guerre en Ukraine a déjà forcé plus de 4 millions de femmes et des hommes à partir de chez eux. Eh bien c’est une raison de plus, pour nous, de réaffirmer notre solidarité de classe et de redire : bienvenue aux réfugiés. Et à tous les réfugiés, y compris à ceux que l’on appelle des migrants !

    Ces dernières semaines, on a entendu des politiciens dire que les Ukrainiens seraient une immigration « de qualité » façon de sous-entendre que travailleuses et les travailleurs immigrés actuels ne le sont pas ! C’est d’un mépris sans nom pour toutes les travailleuses et les travailleurs immigrés, exploitées sans scrupules et sans lesquelles pas un hôpital public, pas une usine, pas un chantier du bâtiment ne fonctionnerait ! Pour nous, les travailleurs et les travailleurs, quel que soit le pays dont ils sont issus, font partie de notre camp, le camp des travailleurs. Leurs intérêts, leurs besoins sont les nôtres.

    Valérie Pécresse a fait la proposition de loger les réfugiés ukrainiens dans les villas et sur les yachts des oligarques russes qui ont été mis sous séquestre. Eh bien c’est une idée à généraliser à tous les châteaux, les lofts et les immeubles inoccupés de la grande bourgeoisie bien française, que l’on pourrait réquisitionner pour loger tous les réfugiés et tous les mal-logés !

    Alors il faut revendiquer la liberté de circulation et d'installation, se battre pour revendiquer les mêmes droits pour tous les travailleurs, dont le droit de vote pour les travailleurs étrangers. Et ce n’est pas qu’une question de solidarité c’est affirmer, contre tous nos exploiteurs, contre tous les diviseurs du monde du travail : travailleurs français, immigrés, même patron, même combat !

    Je veux juste rajouter que c’est en se battant collectivement, que l’on fera reculer le nationalisme, la xénophobie et le racisme. Et c’est allant au bout du combat, en renversant le capitalisme, que l’on renverra toute ces vieilleries dans les poubelles de l’histoire.

     

    Quand je parle de poubelle, je ne peux m’empêcher de penser à Le Pen et Zemmour… Avec sa haine affichée des musulmans et des étrangers Zemmour ferait presque passer Le Pen pour respectable. Après son meeting au Trocadéro, les médias se sont indignés du fait que la foule qualifie Macron d’assassin. Mais qui s’est indigné des slogans « on est chez nous ! » ou « les arabes dehors » ? Eh bien nous, c’est ça qui nous révolte. Parce que sans travailleurs immigrés, personne ne ramasserait les poubelles de Zemmour ou de Marion Maréchal, personne ne ferait leur ménage, ne conduirait leur taxi, et, personne ne s’occuperait d’eux ou de leur famille à l’hôpital ou à l’Ehpad…

    Zemmour vise les petits-bourgeois réacs qui trouvent maintenant Le Pen trop « gauchiste » et les déçus de la droite dite républicaine parce qu’il sait bien qu’il n’y a jamais eu de frontière infranchissable entre la droite et l’extrême-droite. Pécresse, elle, elle fait le chemin inverse, mais cela ne marche pas trop car, comme on dit, les électeurs préfèrent toujours l’original à la copie.

    Et oui, droite, extrême droite, tout cela fini par se mélanger, parce que comme la droite, l’extrême droite a toujours roulé pour le grand patronat. Elle a toujours défendu la propriété capitaliste et l’exploitation.

    Ni Le Pen ni Zemmour ne veulent toucher aux 160 milliards d’euros de bénéfices du CAC40. Ni l’un ni l’autre ne veulent imposer au patronat des augmentations de salaires. Quand ils parlent de pouvoir d’achat, ils ajoutent que l’État paiera le patronat, en réduisant les cotisations sociales – autrement dit, des hausses de salaire seraient payées par les contribuables, par nous-mêmes, pas par les capitalistes.

    Le Pen veut le vote des travailleurs, mais elle les veut dociles, soumis, aux ordres. Le vote d’extrême-droite, dans les classes populaires, c’est un vote de résignation. Et les travailleurs qui voteraient Le Pen ou Zemmour pour écarter Macron se tireraient une balle dans le pied. Sur le fond, Zemmour et Le Pen sont exactement pareils, tels des frères Bogdanoff de la politique, qui se disputeraient l’héritage de l’extrême droite française.

    Je le redis : que les nostalgiques de Vichy, de l’Algérie française, les catholiques intégristes, les racistes bon teint et les fachos en culottes courtes votent pour Zemmour ou pour Le Pen est dans l’ordre des choses. Mais pas les travailleurs ! Dans les classes populaires, ceux qui sont attirés par les sirènes nationalistes se trompent de camp.

    Et souvenons-nous que Zemmour et Le Pen étaient deux admirateurs du régime de Poutine, eh bien regardez où nous mènent ceux qui exacerbent le nationalisme aujourd'hui ! Alors oui, l’extrême droite est une menace grave pour la société et pour le monde du travail parce qu’elle le divise.

    L’élection est une péripétie, mais la montée des idées nationalistes et des idées racistes en revanche, qui dure depuis des années, est un poison qu’il faudra continuer à combattre dans les usines, dans les quartiers et les cités populaires.

    Et l’unique antidote à la poussée de l’extrême droite est que les travailleurs renouent avec leurs valeurs politiques : la conscience de constituer le camp de ceux qui triment dur pour gagner leur vie, quelles que soient leur origine, leur couleur de peau et leurs croyances.

    Les xénophobes et les racistes mettent en avant la préférence nationale et les Français d’abord ? Alors soyons nombreux à leur répondre : oui à la préférence de classe, les salaires d’abord, les emplois d’abord, les retraités et la jeunesse des classes populaires d’abord ! Le camp des travailleurs d’abord !

     

    Tout au long de cette campagne, mes interviewers m’ont demandé ce que je faisais dans cette élection, étant donné que les sondages me donnent moins de 1 %, mais aussi parce que j’assume ne pas chercher à être présidente de la République. Eh bien je le redis à une semaine de l’élection : le bulletin de vote n’a jamais changé la vie des travailleurs, encore moins aujourd’hui, alors que la crise économique et la guerre qui s’étend font planer de nouvelles menaces partout sur la planète.

    Alors pourquoi voter pour moi ? Parce qu’il faut affirmer la nécessité de se battre et de renverser le capitalisme. Parce que c’est un vote de vérité et de conscience. De courage et de responsabilité.

    C’est un vote de résistance aussi contre les mille et une pressions qui s’exercent contre nous, à commencer par les illusions électoralistes.

    Je sais qu’au dernier moment beaucoup de ceux qui sont d’accord avec l’idée que le capitalisme nous mène dans l’impasse choisiront de faire ce qu’ils croient être un vote utile à gauche. Un peu comme on jette une bouteille à la mer. En se disant que de toute façon, ça ne peut pas faire du mal.

    Eh bien si, cela peut faire du mal car le monde du travail se réveille toujours de ses illusions électoralistes avec la gueule de bois. L’électoralisme conduit à la résignation et à la passivité.

    Lorsqu’on est conscient que la force des travailleurs ne se trouve pas dans les urnes, il faut faire un vote militant, un vote pour montrer son camp, sa politique, ses perspectives aux autres travailleurs.

    Alors, certes, nous sommes à contre-courant. Mais à contre-courant de quoi ? De l’individualisme ? Du culte de l’argent ? Du nationalisme ? De la guerre ? Eh bien oui, mille fois oui, parce que l’avenir de la société n’est pas de ce côté-là !

    Nos idées ne peuvent de devenir fortes que lorsqu’elles seront portées par les masses. Mais il est vital de préparer l’avenir, en les défendant contre vents et marées et en étant capables de les exprimer en toutes circonstances, y compris lors d’une élection comme celle-ci.

    C’est dans ces périodes de troubles qu’il faut tenir. C’est le seul moyen d’offrir une perspective politique le moment venu, et c’est ce qu’illustre l’histoire des révolutionnaires qui ont tenu le choc en 14 : d’abord emprisonnés, ils sont sortis de prison pour se retrouver à la tête d’une révolution. Parce que oui, une idée révolutionnaire peut avoir des conséquences formidables !

     

    Alors le 10 avril prochain, faites entendre le camp des travailleurs. En votant pour moi :

    · Vous direz que les emplois, les salaires, les pensions, doivent passer avant les cours boursiers et les dividendes des grandes fortunes

    · Vous direz que l’argent doit aller aux services utiles à la population : aux hôpitaux, aux maisons de retraite, aux écoles et aux universités ; aux logements et aux transports publics.

    · Vous rejetterez le racisme et le nationalisme, ces idéologies qui dressent les travailleurs les uns contre les autres.

    · Contre les guerres : vous affirmerez que le sort des peuples ne doit pas rester aux mains des gouvernements impérialistes, de leur diplomatie, de leurs états-majors.

    · Contre cette société folle vous direz : À bas le système capitaliste qui ne profite qu’à une minorité privilégiée et qui nous pousse dans le mur !

     

    Votez et faites voter autour de vous pour ma candidature. Il nous reste quelques jours pour convaincre le maximum de gens autour de nous. Et je veux dire à tous ceux qui s’apprêtent peut-être à s’abstenir parce qu’ils n’ont aucune illusion dans ce cirque électoral : ne restez pas seuls avec votre colère ! Ne restez pas isolés, impuissants et invisibles politiquement.

    Rejoignez-nous, et pas seulement dans le vote, mais aussi pour après. Car c’est cela qui comptera vraiment.

    Dénoncer les attaques du grand patronat, donner un point de vue de classe et des perspectives politiques aux travailleurs, doit être fait quotidiennement, dans le maximum d’entreprises, de quartiers populaires et partout où c’est possible.

    Il faut que les travailleurs conscients de leurs intérêts communs et de la nécessité de lutter contre le capitalisme s’organisent. Car sans organisation on ne peut pas agir. Il nous faut un parti. Mais un parti indépendant de la bourgeoisie, un parti différent de tous les autres.

    Il nous faut un parti composé et dirigé par des travailleuses et des travailleurs, un parti qui ne cherche pas de places dans les institutions bourgeoises, mais un parti construit pour encourager et aider les exploités à se battre.

    Un parti irrémédiablement opposé au capitalisme sur tous les fronts. Sur le front de de la guerre et sur le front de la guerre sociale. Un parti pour mener tous les combats contre l’exploitation, jusqu’au combat pour prendre le pouvoir, renverser le capitalisme et son cortège d’arriérations et de barbarie.

    Oui, la classe ouvrière a besoin d’un parti communiste et révolutionnaire !

    Chacun d’entre nous peut apporter sa pierre à l’édifice : les jeunes avec leur énergie, les anciens avec leur expérience, ceux qui sont entre deux âges et plongés au cœur de notre classe, là où précisément se dérouleront les combats décisifs du monde du travail… L’esprit de révolte n’a pas d’âge, c’est d’abord une question de convictions et d’engagement ! Chacun d’entre nous peut convaincre autour de soi et faire réfléchir.

    Alors, travailleuses, travailleurs, quelle que soit notre situation, retraités, jeunes, lycéens, étudiants, le 10 avril, faisons entendre le camp des travailleurs, et regroupons-nous pour construire le parti qu’il nous manque, car plus nous serons nombreux, plus cela comptera quand la classe ouvrière retrouvera sa combativité.

    Nous sommes minoritaires mais dès qu’une épidémie de grèves se déclenchera, ce sont ces idées-là qui aideront les travailleurs à aller le plus loin possible dans le combat. Et ce combat, il peut et il doit aller jusqu’à changer le monde !

     

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