Intervention de Jean-Pierre Mercier au meeting des élections municipales à Paris07/03/20202020Brochure/static/common/img/contenu-min.jpg

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Intervention de Jean-Pierre Mercier au meeting des élections municipales à Paris

Au sommaire de la brochure

Sommaire

    Camarades et amis,

    Signe des temps, la plupart des candidats à l’élection municipale, qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition municipale ou gouvernementale, se présentent en prenant bien soin de cacher leur appartenance politique. Les noms des partis politiques sont gommés, cachés, et il n’y a même plus moyen de savoir si l’on a affaire à des listes de gauche, de droite ou d’extrême droite.

    Les intitulés de ces listes sont tous les mêmes : « Pantin solidaire », « Poissy en commun », « Tous pour Vigneux », « Villejuif Debout », « Montreuil en avant », « Bagnolet pour un nouveau printemps » …

    Le seul avantage de ces noms parfaitement vides de sens c’est qu’il est difficile de ne pas être d’accord avec eux. « Villejuif debout » vaut certainement mieux que Villejuif couché, et autant aller vers « un nouveau printemps » à Bagnolet plutôt que vers un nouvel hiver.

    Mais sérieusement ! Quel chômeur, quel travailleur sous-payé, quelle mère de famille ne sachant pas comment finir le mois en réussissant à nourrir ses enfants, pourrait se retrouver dans ces intitulés – pourrait même se sentir concernée ?

    Eh bien nous, nous avons fait le choix contraire. Nous avons fait le choix d’afficher clairement la couleur. Sur nos professions de foi et nos bulletins figurent la faucille et le marteau, parce que nous sommes fiers d’être communistes. Et le nom de nos 260 listes à travers le pays est le même. Il dit clairement à qui nous nous adressons, et il est à lui tout seul un programme, un programme qu’aucun politicien ne risque de nous disputer : « Lutte ouvrière, faire entendre le camp des travailleurs. »

    Et quand il est de bon ton pour tenter de ramasser des voix de mettre plus ou moins de vert, nos listes Lutte ouvrière affichent le rouge, la couleur des travailleurs, des travailleurs qui relèvent la tête, des travailleurs qui se battent, c’est la couleur des grèves, des révoltes, des révolutions, c’est la couleur de la classe ouvrière en lutte, la couleur du mouvement ouvrier.

    Faire entendre la voix du courant communiste révolutionnaire et de la classe ouvrière

    Nous nous présentons dans ces élections municipales pour faire entendre la voix du courant communiste révolutionnaire.

    Depuis qu’existe le mouvement ouvrier, ce courant communiste révolutionnaire a toujours existé. Il a toujours saisi toutes les occasions pour défendre ses idées, celles de la lutte de classe, et sa perspective pour changer la société : la révolution prolétarienne. Et cette lutte ne sera parachevée que lorsque le pouvoir d’État sera arraché à la bourgeoisie et que les classes aujourd’hui exploitées seront en situation de réorganiser toute la société.

    Nous nous revendiquons pleinement de cette tradition du mouvement révolutionnaire en nous saisissant des campagnes électorales pour affirmer et défendre l’idée essentielle que les travailleurs ne pourront changer leur vie qu’au travers des luttes sociales qu’ils seront capables de mener.

    Pour convaincre le plus grand nombre de travailleurs possible de ces idées, nous militons tous les jours, toute l’année, dans nos quartiers aussi bien que dans les entreprises où nous travaillons. Mais les élections – y compris municipales – sont aussi l’occasion de faire connaître nos idées, de gagner des travailleurs aux idées de la lutte de classe, d’élever leur niveau de conscience.

    Les travailleurs sont le fondement de toute la société. Sans nous, sans notre activité, rien dans la société ne pourrait fonctionner, aucune entreprise, aucune usine, aucune banque, aucun service public. Et la bourgeoisie elle-même qui dirige la société ne pourrait pas exister, car c’est de notre travail, de notre exploitation que la minorité capitaliste tire sa fortune et ses privilèges.

    Le capitalisme a concentré dans les villes et dans les entreprises des armées de millions de femmes et d’hommes qu’il a privé de tout, à part du droit de se faire exploiter ou de crever au chômage. Comme le disait Marx, « la bourgeoisie n'a pas seulement forgé les armes qui la mettront à mort ; elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes, les ouvriers modernes, les prolétaires »

    Les petits paysans ou les petits artisans de l’Ancien régime, du temps des rois avaient une petite propriété – une parcelle de terre, des outils, une machine – et ils pouvaient rêver de la développer pour devenir un peu plus riches, ou un peu moins pauvres. La classe ouvrière que le capitalisme a créée n’a rien, ne possède rien. Les millions de personnes qui vont travailler dans les usines et les bureaux chaque matin n’amènent rien avec eux : ils ont les mains vides, ils n’emportent avec eux ni outils, ni machines. Ils n’amènent au travail que leurs bras et leur cerveau, parce que c’est le seul moyen qu’ils ont pour gagner leur vie.

    Les capitalistes et les politiciens et les intellectuels à leur service ne cessent de répéter que la classe ouvrière a disparu, qu’elle est morte et enterrée, que c’est une relique du passé. Aux ouvriers, aux employés, on répète inlassablement qu’ils coûtent trop cher, qu’ils ne sont pas compétitifs – on en arriverait même à croire que si le patronat exploite encore des millions d’ouvriers en France, c’est uniquement par bonté d’âme, par philanthropie, tant ils gagneraient plus d’argent à aller les exploiter ailleurs !

    La classe ouvrière a commencé à relever la tête

    Eh bien pour une classe moribonde, la mobilisation pour les retraites a montré qu’elle a relevé la tête.

    Et encore, seulement certains secteurs étaient en grève comme ceux de la SNCF et de la RATP. Même dans ces entreprises, les travailleurs étaient loin d’avoir montré toutes leurs forces. Ça laisse entrevoir ce que sera la force de la classe ouvrière quand ce ne sera plus des milliers, mais des millions de femmes et d’hommes qui entreront en lutte, quand ils seront mobilisés massivement, en profondeur et avec détermination. On réalise quelle sera la puissance de la classe ouvrière !

    Et ce n’est pas qu’une question de nombre. Bien entendu, les travailleurs salariés représentent la majorité de la société. Mais c’est surtout la place sociale qu’ils occupent dans la société qui détermine leur force. On l’a vu en décembre-janvier : quand les cheminots se mettent en grève, il n’y a, tout simplement, plus de trains. Quand les dockers se mettent en grève, il n’y a plus de cargos à charger. Quand les éboueurs se mettent en grève, les poubelles jonchent les rues. Quand les enseignants se mettent en grève, les écoles ferment. Et demain, quand les ouvriers se mettront en grève, quand les employés se mettront en grève, quand les techniciens des télécommunications, de l’énergie, de l’informatique, se mettront en grève, eh bien les usines s’arrêteront, les bureaux se videront, les téléphones ne fonctionneront plus, les lumières ne s’allumeront plus, le gaz et l’électricité ne circuleront plus, les ordinateurs resteront éteints, et c’est toute la société qui sera paralysée ! Paralysée non pas parce qu’il y aura eu des blocages, sur les ronds-points ou aux entrées des raffineries, mais paralysée tout simplement parce les prolétaires sont le moteur de l’économie, et que lorsque le moteur s’arrête, plus aucune machine ne peut tourner !

    Ce sont en particulier les travailleurs des plus grandes entreprises qui seront le fer de lance des grandes luttes sociales. Parce que lorsque l’on travaille dans une de ces grandes entreprises où chaque matin, ce sont des milliers d’hommes et de femmes qui entrent pour vivre ensemble, côte à côte, la même exploitation, la même oppression, les mêmes injustices, on mesure parfaitement comment ces travailleurs pourraient se transformer en autant de combattants, se battant ensemble pour la même cause. En bâtissant ces entreprises immenses dans lesquelles chaque ouvrier, chaque employé n’est qu’un maillon d’une chaîne, où le travail est morcelé, émietté à l’infini, les capitalistes ont aussi, bien involontairement, fabriqué une classe d’hommes et de femmes qui savent dans leur chair, chaque jour, que chacun produit un petit morceau de la richesse sociale, et qu’ils constituent, à eux tous, un collectif dont chaque parcelle ne peut fonctionner sans le travail des autres. Sur une chaîne de production automobile, à PSA à Poissy, chaque ouvrier fait à l’infini quelques gestes, toute la journée. Mais il ne pourrait le faire si l’ouvrier d’avant, sur la chaîne, n’avait pas fait le sien, et celui d’avant encore le sien. Et il sait que le geste qu’il a fait permettra au suivant sur la chaîne de faire le sien. Dans une usine, les travailleurs sont seuls à leur poste de travail, mais ils constituent un seul et même corps. Et le plus fou est qu’aujourd’hui le travail de ces dizaines de milliers de bras et de cerveaux est accaparé par un même petit groupe, celui des actionnaires qui possèdent l’entreprise ! C’est cette aberration, cette contradiction fondamentale de la société capitaliste – travail social d’un côté, appropriation privée de l’autre – dont nous soulignons l’importance et dont nous voulons convaincre les travailleurs. Parce que lorsque l’on comprend cela, on comprend aussi que si la propriété de ces entreprises passait des mains d’un capitaliste à celles de tous les producteurs, et que les décisions peuvent être prises dans l’intérêt de tous et pas pour le profit de quelques uns, eh bien ce serait toute la société qui serait bouleversée.

    Nous constituons la seule classe porteuse d’une organisation collectiviste de la société

    C’est parce que la classe ouvrière porte tout le poids de la société, qu’elle porte en elle cette capacité de révolte qui pourra faire changer la société. Et c’est parce que le caractère de leur travail est collectif que l’ensemble des travailleurs constitue la seule classe porteuse d’une organisation collectiviste de la société.

    C’est parce qu’elle n’a fondamentalement aucun intérêt à revendiquer la propriété des infrastructures qui permettent de produire les richesses. Et à la différence des paysans pauvres ou des artisans qui aspirent à posséder individuellement leur propre champ, leur atelier ou leur petite entreprise, l’appropriation individuelle des moyens de production comme les usines n’a aucun sens pour la classe ouvrière.

    Que peut rêver de posséder un ouvrier d’usine ou un employé de bureau ? Les deux mètres de chaîne sur lesquelles il trime toute la journée ? La seule perspective qui s’offre au monde du travail, c’est bien de revendiquer la propriété collective des moyens de production – et c’est le sens du combat communiste depuis que ces idées existent.

    Mais pour le patronat, pas question d’accepter que cette idée soit défendue auprès des travailleurs.

    Face à la dictature patronale : militer politiquement au sein des entreprises

    Les patrons admettent que les travailleurs aient des revendications syndicales – et encore, il a fallu les y obliger ! Mais revendiquer sur les salaires, sur les conditions de travail, sur le temps de travail, cela reste admissible pour le patronat, parce que cela veut dire discuter des conditions d’exploitation – pas remettre en cause l’exploitation elle-même. Ce que je dis là, ne veut pas dire que ces luttes sur les salaires et les conditions de travail ne doivent pas être menées, bien au contraire ! Elles sont bien souvent l’école élémentaire de la lutte de classe. Mais après l’école élémentaire… il faut continuer. Le mouvement ouvrier révolutionnaire a toujours considéré comme fondamental de militer politiquement au sein des entreprises car, sans renverser le pouvoir d’Etat de la bourgeoisie, il ne peut être question de réorganiser la société dans l’intérêt de tous.

    Nous le savons tous, la démocratie s’arrête aux portes des entreprises. À l’intérieur, c’est une dictature qui règne : celle du patron, avec ses lois (qu’on appelle un règlement intérieur), ses sanctions, et l’interdiction formelle de faire circuler une expression politique – en tout cas, lorsqu’elle est teintée de rouge.

    Les travailleurs, ils ont tout juste le droit de discuter du bruit, de la chaleur ou des horaires de travail, mais certainement pas de l’organisation générale de la société ! En politique, le seul droit qui leur est laissé, c’est celui de mettre un papier dans une urne une fois de temps en temps pour choisir l’un ou l’autre des pantins qui, pour reprendre encore une expression de Marx, reprise par Lénine, foulera aux pieds leurs droits, au gouvernement ou au Parlement, pendant quelques années.

    Une politique qui correspond aux intérêts de notre classe

    Voilà pourquoi nous, militants de Lutte ouvrière, nous tenons à convaincre les travailleurs à défendre la politique qui corresponds aux intérêts de leur classe. Nous distribuons régulièrement une presse d’entreprise sous forme de tracts à l’entrée des entreprises. Nous réunissons les travailleurs pour discuter politique.

    Et c’est aussi pour cela que notre façon de faire de la politique, dans les élections – qu’elles soient nationales ou locales – c’est de présenter systématiquement des travailleurs aux élections, de présenter, comme nous le faisons dans ces municipales, des listes composées de travailleurs du rang – en activité, au chômage ou en retraite, intérimaires ou en CDI, du public ou du privé ! Autrement dit, des listes qui ressemblent au monde du travail d’aujourd’hui, dans toute sa diversité. Présenter de telles listes, des listes qui ne comportent aucun professionnel de la politique, aucun notable, ce n’est certainement pas pour nous une faiblesse, mais c’est au contraire une volonté politique et une immense fierté, parce que ces listes sont la représentation vivante de ce que sont nos idées fondamentales : l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes !

    Dans ces élections comme le reste de l’année, nous nous adressons aux travailleurs non pas en tant qu’opprimés mais en tant que combattants. C’est seulement en menant consciemment la lutte de classe, en répondant coup pour coup aux attaques du patronat qu’ils pourront défendre leurs intérêts. Mais lutter ne suffit pas. Nous militons pour que la classe ouvrière prenne entièrement son sort en main. C’est-à-dire pour qu’elle s’organise et qu’elle dirige elle-même ses luttes – et demain, qu’elle dirige elle-même la société.

    La lutte de classe que nous mène le grand capital ne s’arrête pas aux frontières des entreprises.

    La bourgeoisie nous fait la guerre dans toute la société, à chaque instant, sur tous les sujets. Et c’est particulièrement vrai dans les communes populaires dans lesquelles nous nous présentons.

    Les villes ouvrières sont à l’image des usines autour desquelles elles se sont construites. On y trouve la même population – aussi diverse et bigarrée –, la même diversité de métiers, de langues, de cultures qui fait la richesse de la classe ouvrière. Il n’y a que les imbéciles d’extrême droite pour penser que l’on n’est bien qu’entre « Français de souche » !

    Le capitalisme a forcé des travailleurs de centaines de pays à venir s’embaucher dans ses usines, et ces travailleurs et leurs enfants, on les retrouve dans les villes où nous militons. Eh bien on les retrouve aussi sur nos listes, qui sont largement composées de travailleurs de bien des origines différentes, et cela aussi, c’est un motif de fierté pour les internationalistes farouches que nous sommes !

    Oui, les villes ouvrières sont à l’image des entreprises. Les travailleurs y sont entassés dans des conditions le plus souvent indignes, et les grandes cités ne sont que des dortoirs faits pour que les travailleurs puissent dormir quelques heures avant de reprendre le boulot. C’est aussi pour cela que l’activité politique que nous menons dans les entreprises, nous la poursuivons tout naturellement à l’extérieur de celles-ci, dans les villes. Et dans bien des communes du pays, la composition de nos listes est l’exact reflet de la population qui y travaille et qui y vit : ouvriers de l’automobile à Poissy, Carrières ou aux Mureaux, cheminots à Trappes ou à Villeneuve-Saint-Georges, travailleurs du nettoyage de l’aéroport à Orly…

    Comme à l’intérieur de l’usine, nous défendons l’idée que dans la ville, les travailleurs doivent s’affirmer en tant que classe fondamentalement opposée à la bourgeoisie possédante prendre leur sort en main et qu’ils doivent construire leur camp. Sur chaque sujet, sur chaque problème de la vie quotidienne, les travailleurs doivent réfléchir et se poser le problème en fonction de leurs intérêts non pas pour se courber, se soumettre, se laisser faire face aux intérêts de la grande entreprise de la ville ou des notables locaux mais pour y défendre leurs intérêts de travailleurs.

    Dans l’entreprise comme dans la ville, ils doivent mener leur propre lutte de classe en ne faisant confiance à personne d’autres qu’à eux-mêmes, en ne comptant que sur leur propre force.

    Leur « programme municipal » et le nôtre

    On nous reproche souvent que nous n’aurions pas de programme municipal. La vérité n’est pas que nous n’avons pas de programme mais c’est que notre programme ne ressemble à aucun autre. C’est vrai que notre programme n’est pas comme ceux des autres politiciens, un catalogue de promesses qui ne dureront que le temps de la campagne.

    Les campagnes électorales constituent toujours un moment où les politiciens rasent gratis. Ils écrivent leurs catalogues de promesses bien souvent sur du joli papier glacé, avec plein de couleurs qui les font ressembler comme deux gouttes d’eau à des publicités de promoteurs immobiliers qui cherchent à vous allécher pour vous vendre un logement.

    Les photos sont très belles, avec de la verdure, toujours avec du soleil, pas un papier par terre, des enfants qui jouent tranquillement. Bref, ça ressemble plus à Disneyland qu’à la vraie vie.

    Contrairement aux autres politiciens, nous ne promettons aucun logement, aucune place dans les crèches, aucun emploi à la mairie. Nous ne promettons pas que le bulletin de vote rendre la ville plus belle, moins sale, moins polluée. Nous ne vendons pas du rêve, bien au contraire.

    Dans bien des domaines, la population ouvrière est capable en agissant elle-même de rendre un quartier plus vivable. Les politiciens de la bourgeoisie posent le problème de l’insécurité et des incivilités uniquement sous l’angle du nombre de policiers, armés ou pas comme d’une solution.

    D’une part, des éducateurs sociaux plus nombreux pourraient certainement faire mieux qu’une intervention ponctuelle d’une compagnie de CRS. À plus forte raison des habitants du quartier qui s’organiseraient eux-mêmes, se mobiliseraient, seraient bien plus efficace pour interdire la circulation de la drogue et chasser les dealers. Il y a déjà des cages d’escaliers de HLM, où des habitants le font déjà spontanément, il faut populariser, généraliser ce type d’initiatives.

    Cet exemple illustre en quoi notre programme est à l’opposé de tous les autres. Il consiste à propager l’idée que pour régler des problèmes, la population ouvrière doit prendre directement les choses en main.

    Les travailleurs doivent organiser leur camp face au patronat, face aux pouvoirs publics, face aux notables locaux

    Une ville ne peut être une île paradisiaque, prospère dans un océan de chômage, de misère grandissante dû à la crise économique et au milieu d’une société dirigée par minorité de capitalistes qui, pour garantir leurs richesses et leurs privilèges, appauvrisse le monde du travail.

    Dans cette société capitaliste où les milliardaires mènent la guerre sociale, une lutte constante, notre programme c’est le programme de lutte de classe. Le seul programme qui peut permettre aux travailleurs de se défendre et de changer leur vie.

    Exactement comme à l’intérieur d’une entreprise face à leur patron, la seule issue pour les travailleurs d’une ville populaire, c’est de s’unir, de s’organiser, de prendre conscience qu’ils ont sur tous les sujets aussi des intérêts propres à défendre et que pour se faire entendre ils doivent se battre collectivement. Comme à l’intérieur de l’entreprise, ils doivent organiser leur camp face au patronat, face aux pouvoirs publics, face aux notables locaux.

    Comme au sein d’une entreprise, c’est seulement par l’instauration d’un rapport de force que les travailleurs peuvent se faire entendre et obtenir gain de cause sur les problèmes ou les attaques auxquels ils sont confrontés.

    Localement, au niveau même de la commune, la politique de la bourgeoisie et de son État consiste à nous faire les poches, à diminuer les services publics qui nous sont indispensables, nous, qui n’avons que notre salaire, notre allocation ou notre pension de retraite pour vivre. Oh bien sûr, quand on est un riche et qu’on a de quoi payer une nounou, une jeune fille au pair, une école privée, des cours particuliers et la clinique privée, la disparation des services publics, cela pose moins de problèmes ! Mais pour nous, cette politique a des conséquences très concrètes et rend notre vie de plus en plus dure.

    Le rôle des élus ouvriers

    Et contrairement à tous les politiciens, nous n’affirmons pas qu’une municipalité peut régler ces problèmes. Une municipalité est sous la coupe de la politique des gouvernements qui depuis des années se sont déchargés sur elle, lui imposant de prendre en charge des fonctions qui était assurées auparavant par l’État. Et ce surcroît de charges a été accompagné par une diminution des dotations de l’État aux municipalités.

    N’importe quel maire se retrouve devant un casse-tête insoluble, et n’a plus, finalement, qu’à gérer la misère.

    Mais cela ne veut pas dire que devant cette situation, des élus ouvriers, des élus se plaçant dans le camp des travailleurs ne pourraient rien faire. Bien au contraire, ils défendraient les mêmes idées et les mêmes modes d’action que nous défendons dans les entreprises. Et surtout, là où la lutte ne peut pas être victorieuse dans une seule municipalité, il montrerait en quoi toutes les défaillances de l’Etat même dans les domaines les plus vitaux pour l’ensemble de la société, c’est en raison du caractère de classe de cet État. De façon à lier toutes les luttes partielles pour l’intégrer dans le combat fondamental : celui des exploités pour renverser le pouvoir de la bourgeoisie et mettre fin aux inégalités sociales.

    Comme au sein de l’entreprise, nos élus seraient dans la ville, des militants ouvriers défendant les idées de la lutte de classe.

    Ils seraient d’abord les yeux et les oreilles des travailleurs au sein du conseil municipal. Ils commenceraient par dénoncer toutes les décisions qui iraient à l’encontre des travailleurs de la ville. Ils les rendraient publiques et s’y opposeraient au conseil municipal.

    Je prendrai l’exemple de la ville de Poissy dans laquelle je travaille et où je me présente. Dans cette ville, avec 3 000 travailleurs à l’usine de production et 5 000 cadres et techniciens au siège, PSA pèse un poids incontournable dans la vie municipale.

    Tout récemment, la direction de l’usine de Poissy a voulu se débarrasser d’une salle de conférence qu’elle utilisait très peu, située sur un terrain à part de l’usine. Eh bien croyez-moi, la vente de ce bien a été très rapide et n’a posé aucun problème pour la direction. Un simple coup de téléphone du directeur de l’usine au maire de Poissy et en un clin d’œil, la ville a déboursé 3,3 millions € pour le rachat d’un terrain et d’une salle dont personne d’autre ne voulait.

    3,3 millions d’argent public qui ont été directement engloutis dans les caisses d’un groupe industriel multimilliardaire. Cette opération scandaleuse, des élus Lutte ouvrière s’y seraient opposés, l’aurait dénoncée. Ils auraient cherché à informer les travailleurs et les syndicats de l’usine ainsi que la population. Ils auraient dénoncé le fait que PSA considère l’argent public comme le sien.

    Des élus se plaçant du côté des intérêts des travailleurs prendraient bien sûr fait et cause lorsqu’une grève éclaterait dans une entreprise de la commune. Les travailleurs en lutte contre leur patron trouveraient auprès de ces élus ouvriers, là aussi, tout naturellement un relais dans toute la ville auprès des autres travailleurs, des autres entreprises, mais aussi un appui pour organiser la solidarité, pour faire la publicité de la grève, voire pour organiser la résistance avec les habitants, contre les attaques de la police.

    Localement, concernant les injustices sociales, des élus ouvriers chercheraient à organiser la riposte des travailleurs de la ville. J’en ai parlé au sujet de l’insécurité mais c’est vrai aussi pour le logement. Mais non pas pour résoudre la question du logement en général, car cela exige le renversement du pouvoir d’État de la bourgeoisie. Ils aideraient les travailleurs du quartier à se mobiliser pour empêcher les expulsions, pour recenser les logements vides et les occuper, tout en sachant que les pouvoirs publics ne laisseraient pas faire.

    Mais ils ne se cantonneraient pas à soutenir ou même à organiser les mobilisations. Ils expliqueraient auprès des travailleurs que la solution du problème du logement se trouve au niveau national. Qu’il faudra s’attaquer aux gros promoteurs comme Bouygues ou Vinci qui se servent des municipalités comme des vaches à lait.

    C’est la même chose concernant la santé publique. La mobilisation des travailleurs de l’hôpital de la ville comme ceux des urgences trouveraient auprès de ces élus ouvriers un soutien, un relai.

    Mais comme pour le logement, ces élus expliqueraient pour quelles raisons l’hôpital public est attaqué. Ils expliqueraient que les coupes dans le budget de l’hôpital répond à une politique gouvernementale qui a pour objectif de financer les dizaines de milliards d’aides publiques aux grandes entreprises du CAC 40.

    Et même sur le sujet des finances de la commune, mises à mal par la diminution des dotations de l’État, des élus ouvriers ne pleurnicheraient pas en disant qu’ils n’ont pas d’autre choix que d’augmenter les impôts. Ils chercheraient à mobiliser la population – comme on le fait lors d’une grève sur les salaires – pour qu’elle aille réclamer son dû directement auprès des représentants de l’État, dans les préfectures. Croyez-moi, si les préfectures étaient régulièrement le siège de manifestations de milliers d’habitants en colère, la question des dotations de l’État aux collectivités se poserait tout à coup bien autrement !

    Voter Lutte ouvrière pour affirmer le camp des travailleurs

    Sur tous les sujets, les travailleurs ne doivent rien attendre d’en haut. Ils doivent se rassembler, s’unir, s’organiser pour se battre.

    Face au gouvernement, face au grand patronat, face aux notables locaux, les travailleurs doivent construire leur camp. Ils doivent le construire et le renforcer quelle que soit leur nationalité, qu’ils soient français ou étrangers, avec ou sans papier. Qu’ils soient croyants ou pas et quelle que soit leur religion.

    Que ce soit dans une entreprise ou dans une ville, c’est ça le camp des travailleurs. C’est la conscience d’être des sœurs et des frères de combat, de la nécessité d’être unis pour défendre nos intérêts de classe face aux possédants, et pousser notre but jusqu’à son aboutissement nécessaire : le renversement du pouvoir de la bourgeoisie.

    Quand vous voterez pour une liste Lutte ouvrière, vous défendrez toutes ces idées. Vous défendrez l’idée fondamentale que les travailleurs sont à la base du fonctionnement de toute la société et de la création de toutes les richesses.

    Vous défendrez l’idée que les travailleurs ne doivent plus faire confiance dans des politiciens dont le seul but dans leur vie est de servir la soupe aux bourgeois.

    Vous défendrez l’idée que s’il elle veut changer sa vie, la classe ouvrière doit prendre son sort en main, s’unir, défendre consciemment ses intérêts.

    Face à la folie de la société capitaliste, les idées de la lutte de classe sont les seules qui permettront aux travailleurs de défendre leurs intérêts et au final de prendre conscience que pour définitivement sortir la société de la barbarie il faudra que les travailleurs en prennent les commandes.

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