Fête de Lutte ouvrière : discours de Nathalie Arthaud dimanche 28 mai, sur la situation internationale31/05/20222022Brochure/static/common/img/contenu-min.jpg

Brochure

Fête de Lutte ouvrière : discours de Nathalie Arthaud dimanche 28 mai, sur la situation internationale

Au sommaire de la brochure

Sommaire

    Chers amis, chers camarades,

    Vous le savez : cette fête n'est pas seulement celle de Lutte ouvrière mais aussi celle de notre courant international, l’Union communiste internationaliste. Alors, à l'occasion de cette intervention sur les questions internationales, je tiens à saluer spécialement ces camarades qui militent dans d’autres pays du monde et qui nous ont rejoints ce week-end. Cette fête est aussi la leur.

    La guerre en Ukraine

    La situation internationale est marquée par la guerre en Ukraine.

    Les morts, les blessés, les atrocités sur les civils, la destruction systématique des infrastructures, des ponts, voies ferrées, hôpitaux, immeubles… toutes les images qui nous viennent des zones de combats sont glaçantes.

    Mais, comme la guerre s’installe dans la durée, et bien on s’habitue aux images de ces femmes et ces hommes en larmes à 2 000 km. Et au fil des semaines, cette guerre devient un bruit de fond, comme la guerre du Donbass l’était. Parce que dans le Donbass, l'armée et les milices ukrainiennes, formées et équipées par les États-Unis, s’affrontent aux séparatistes pro-russes, armés par la Russie depuis 2014.

    Ce « conflit de basse intensité », comme disaient les spécialistes, a ravagé cette région industrielle huit années durant et a fait, mois après mois, année après année, 14 000 morts. Ce sont ces affrontements qui se sont transformés en guerre de haute intensité !

    Et personne ne peut affirmer que ce conflit n’est pas la première étape vers une nouvelle guerre mondiale.

    Le capitalisme n’a pas inventé les guerres, mais il les a inscrites dans son mode de fonctionnement et les a industrialisées. En gagnant toute la planète, le capitalisme s’est transformé en impérialisme. Il a répandu partout ses rapports d’exploitation et de domination.

    Partout il a introduit des inégalités ahurissantes, l’opulence d’un côté, le dénuement absolu de l’autre. Partout, les pays impérialistes ont joué sur les différences ethniques, religieuses ou nationales pour coloniser ou installer leur domination. Ils se sont appuyés sur des régimes corrompus et sanguinaires, voire ils en ont mis sur pied, en se présentant, bien sûr, comme les champions de la liberté et de la démocratie.

    Pour des dizaines de millions de femmes et d'hommes dans le monde, la guerre est permanente. Le Moyen-Orient est une poudrière depuis des décennies ! Sur le continent africain, la guerre est aussi endémique que la malnutrition ! Palestine, Yémen, Irak, Inde, Pakistan… partout sur la planète, il y a une multitude d’affrontements qui peuvent se transformer en guerres locales, et les guerres locales en affrontements plus généralisés.

    Mais la guerre en Ukraine n’est pas qu’un conflit de plus. Elle marque peut-être un tournant, parce qu'elle oppose directement deux grandes puissances : la première puissance impérialiste mondiale, les États-Unis, à la Russie. La Russie qui est décrite comme une « puissance pauvre » mais une puissance militaire. Une puissance gazière et pétrolière. Une puissance céréalière aussi.

    Oh les deux puissances ne se sont pas formellement déclaré la guerre, elle est un fait : du côté de l’Ukraine, les troupes et les morts sont ukrainiens tandis que les armes, les instructeurs, le renseignement et l’argent sont américains.

    Et regardez comment les dirigeants américains sont devenus euphoriques depuis le retrait des troupes russes dans le nord du pays ! Certains en sont à envisager la reconquête de la Crimée ! Ils le disent à demi-mots : ils veulent prolonger la guerre pour affaiblir durablement la Russie qu'ils encerclent depuis trente ans.

    Alors la guerre en Ukraine n'est pas seulement une guerre nationale dans laquelle un petit pays résiste à l'invasion de son puissant voisin. C’est une guerre impérialiste. Même si Poutine est responsable de l’invasion de l’Ukraine, c’est-à-dire de la phase actuelle de leur bras de fer, cette guerre se mène entre deux brigands pour savoir lequel contrôlera les territoires, les matières premières et les marchés.

    Et la guerre est en train de s’étendre. Cela se passe sur le terrain diplomatique : chaque pays est mis au pied du mur et doit dire dans quel camp il se situe. S’il participera ou pas aux sanctions contre la Russie, par exemple. Le système d’alliance qui est en train de se mettre en place prépare l’étape suivante : l’intervention militaire des autres pays.

    Pour l’heure, la Chine de Xi Jinping essaye de se tenir à l'écart. Mais le simple fait qu’elle refuse d’appliquer les sanctions contre la Russie la place dans le camp de Poutine et donne aux Etats-Unis un nouveau prétexte pour cibler la Chine, qu’ils viennent de menacer d’une guerre frontale si elle cherchait à récupérer Taiwan.

    Je dis bien prétexte, parce que la guerre des Etats-Unis contre la Chine n’a pratiquement jamais cessé depuis la guerre paysanne qui a porté Mao au pouvoir, qui donna à son régime la capacité de résister à l’impérialisme. Guerre tantôt diplomatique, tantôt économique, tantôt militaire, tantôt les trois en même temps.

    Alors, n’oublions pas les paroles de Jaurès : le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage et tant qu’on n’en finira pas avec le capitalisme, avec les rivalités impérialistes, on n’en aura pas fini avec la guerre !

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    La guerre au nom des prétendues valeurs démocratiques

    Les va-t-en guerre occidentaux prétendent se battre pour la liberté et l’indépendance de l’Ukraine ! Mais même si l'Ukraine gagne la guerre en cours, ce qui est loin d'être acquis, elle deviendra un protectorat américain.

    Dans cet ordre impérialiste, les pays pauvres se retrouvent toujours à la merci des pays riches. Tout comme les prolétaires, les travailleurs, tous ceux qui sont forcés de vendre leur force de travail sont à la merci de la bourgeoisie. Dans cette société, il n’y a de véritable indépendance et de liberté que pour les riches et les puissants.

    Même face à la guerre, il n’y a pas d’égalité. Ce sont les travailleurs et les plus pauvres qui en souffrent le plus.

    En Ukraine aussi il y a les profiteurs de guerre, les oligarques ukrainiens passés du côté américain ; et de l'autre les masses pauvres d'Ukraine qui n'ont que leurs yeux pour pleurer leurs morts, leurs maisons détruites, leurs infrastructures ravagées. Et n'en doutons pas, c'est aux travailleurs ukrainiens que les dirigeants occidentaux présenteront la facture des milliards qu'ils dépensent aujourd'hui contre Poutine.

    Alors il n’y a aucune confiance à avoir dans ce que font nos dirigeants en Ukraine. Ne nous laissons pas embrigader ! Leur guerre n’est pas notre guerre ! La guerre des capitalistes n'est pas la guerre des travailleurs, qu'ils soient ukrainiens, russes, américains ou européens !

    La seule porte de sortie favorable aux prolétaires ukrainiens et russes, c’est qu’ils se retournent contre leurs propres dirigeants. Contre Poutine en Russie, contre Zelenski et ses alliés impérialistes en Ukraine. Et cette politique, il faut nous l’appliquer nous-mêmes ici : pas d’union sacrée derrière Macron. Il faut dire que les responsables, les fauteurs et les profiteurs de guerre sont d'abord dans notre propre pays.

     

    Cette guerre n’est pas la guerre de la démocratie contre la dictature.

    C’est comme cela que tous les livres d’histoire présentent la seconde guerre mondiale : la guerre de la démocratie contre le fascisme.

    C'était déjà une escroquerie pour la seconde guerre mondiale où le grand chef du camp prétendument démocratique, les États-Unis ont mis des années à choisir leur camp après avoir laissé l’Allemagne nazie conquérir l'Europe !

    Les alliances qui ont présidé à la seconde guerre mondiale n’ont pas été fondées sur des oppositions philosophiques ou morales, mais sur les rapports de forces économiques et militaires. Et c’est vrai aujourd'hui encore.

    Les prétendues grandes démocraties ne sont pas gênées de s’appuyer sur des régimes aussi moyenâgeux que l’Arabie saoudite. Ça ne les dérange pas qu’au Proche-Orient, Israël, leur principal allié, colonise et nie à la Palestine son droit à l’existence.

    Aujourd'hui, les dirigeants occidentaux dénoncent les massacres et les viols commis en Ukraine et demandent instamment que les coupables sont punis. Mais les femmes violées par l’armée française au Rwanda en 1994 attendent toujours que justice soit faite, sans parler des victimes des guerres coloniales françaises, de l’Algérie à la grotte d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, et j’en oublie !

    Alors parlons-en des belles démocraties !

    Comme le nationalisme, « la défense des valeurs démocratiques » sert surtout à embrigader la population derrière la classe dirigeante. Elle sert à préparer les esprits à la prochaine guerre. Eh bien nous devons refuser de marcher au pas !

    Alors dans cette guerre russo-ukrainienne, nous ne comptons pas sur les grandes puissances occidentales. Nous comptons sur les peuples, à commencer par le peuple russe, nous comptons sur la capacité des travailleurs à refuser les affrontements que les bourreaux comme Poutine leur imposent.

    Contre les guerres impérialistes dont nous menacent nos dirigeants, notre politique doit être : prolétaires de tous les pays, unissons-nous ! Unissons-nous contre la classe capitaliste et ses politiciens dont la guerre économique permanente conduit à la guerre tout court !

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    Pénuries, goulots d’étranglements, flambée des prix, spéculation… rien ne va plus !

    Guerre en Ukraine, contrecoups des confinements en Chine, désorganisation du transport maritime international, épisodes de sécheresse aux quatre coins du monde… L’économie mondiale navigue entre goulots d’étranglements et risques de pénuries, toutes choses amplifiées et aggravées par les spéculateurs qui s’en donnent à cœur joie.

    Ici en France nous devons faire face à une hausse des prix estimée à 5 ou 6 %. C’est plus de 8 % aux États-Unis. En Turquie l'inflation oscille entre... 70 et 120 % selon les sources. Au Sri Lanka, rien qu’en avril, les prix ont augmenté de 34% ! En six mois, le litre de diesel a augmenté de 230 %, l’essence de 137 %.

    Partout, les prix de l'essence, du gaz, du blé, de l'huile, des engrais, de l’alimentation du bétail, et maintenant des produits manufacturés, s'envolent parce que les groupes capitalistes se font la guerre pour accéder aux matières premières. Ils font des stocks et spéculent pour empocher des super profits.

    Le Secrétaire général de l'Onu vient d’alerter sur l’arrivée d’un ouragan en Afrique "un ouragan de famine". Parce que pour des centaines de millions de femmes et d’hommes des pays pauvres, dont la vie, au sens premier du mot, dépend du prix du blé, c’est le spectre de la famine.

    Combien de pays, comme le Mozambique ou l’Égypte, ne pourront plus acheter les stocks de blé vitaux pour nourrir leur population ? Combien devront rationner leur population ? Combien d’émeutes de la faim éclateront à la suite de cela ? Et combien d’affrontements entre pays voisins ou entre communautés découleront de tout cela ? Parce qu’il y aura toujours des politiciens ou des gouvernements pour jouer de la démagogie et faire diversion en dressant les communautés les unes contre les autres.

    Tous ceux qui spéculent et font flamber les cours du le blé ou du pétrole sont des criminels ! Et ces criminels-là ne sont pas à Moscou. Ils passent leurs ordres dans les grandes salles de marché à New York, Chicago, Londres, Frankfort, Paris. Ils ne tuent pas avec des bombes mais en affamant les peuples.

    Les fauteurs de guerre sont aussi chez nous, nous devons les dénoncer et les combattre !

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    L'intensification des rivalités économiques

    La déstabilisation ne menace pas que les pays pauvres. La crise énergétique entraînée par la guerre et les sanctions rebat aussi les cartes entre les grands groupes capitalistes. Parce que les pays impérialistes ne forment pas un bloc face à Poutine. Ils sont en rivalité économique les uns contre les autres, les États-Unis avec l'Europe et les pays européens entre eux.

    Quand l’Allemagne, première puissance industrielle d’Europe, est fragilisée par sa dépendance au pétrole et au gaz russes, les États-Unis sont renforcés et ont une occasion en or pour imposer le gaz de schiste de leurs groupes pétroliers.

    Quand la France fera tout pour défendre et sans doute éponger les pertes de ses champions installés en Russie, Total, ou Renault, l’Allemagne d’Olaf Scholz veillera sur les intérêts de Volkswagen ou de BASF, le géant de la chimie, dont les installations seraient mises à l'arrêt si le gaz russe finissait par être coupé.

    Quant au marché de l’armement, le plus prometteur, puisque tous les budgets militaires explosent, il sera un des terrains d’affrontements les plus féroces. Et c’est déjà un sujet de fâcherie entre la France et l’Allemagne puisqu’au grand dam de Dassault et de son Rafale, l’Allemagne a choisi les F35 américains !

    Tous les rapports de force sont en train de changer. Et ils ne se mesurent plus seulement en capacités énergétiques, en exportations d’automobiles ou de machines-outils, mais aussi en avions de combat, en missiles ou en drones tueurs, ce qui manquera cruellement pour les hôpitaux, les écoles ou les transports publics, etc.

    C’est cette concurrence, cette guerre économique incessante qui éclate régulièrement en affrontement armé.

    Toutes les déclarations de guerre se drapent dans de grands principes, la démocratie, l’indépendance nationale, les droits humains… la réalité est que le système capitaliste ne peut pas vivre sans dresser les peuples les uns contre les autres. Le capitalisme nous condamne à la barbarie, c’est la raison pour laquelle il est lui-même condamné !

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    Montée de l’extrême droite et des idées réactionnaires

    Le monde entier va vers plus de militarisme, plus d’autoritarisme, plus de nationalisme, plus d’idées réactionnaires.

    Ce n’est pas une nouveauté en Russie, où Poutine entretient depuis longtemps un nationalisme grand russe avec l’onction du patriarche orthodoxe Kirill, le goupillon n’étant jamais bien loin du sabre. Mais en Ukraine, c’est cette guerre qui a donné une véritable base au sentiment national.

    Avant l’invasion russe, nombre de familles vivant en Ukraine souvent russophones, refusaient de se définir comme exclusivement ukrainiennes ou russes. Et bien la brutalité de l'armée russe, les souffrances et les cruautés qu’elle a infligées aux Ukrainiens ont tranché ! Poutine a été le meilleur agent du nationalisme ukrainien.

    Et qui sort renforcé de ces affrontements ? Les officiers de l’armée ukrainienne, les chefs des milices, souvent d’extrême droite. Le bataillon Azov, tristement connu pour ses références aux nazis, pour son racisme et son antisémitisme mais qui a été promu héros de la défense de Marioupol ! Alors que Poutine prétendait sauver les Ukrainiens du nazisme, c’est lui qui aura finalement accru le poids politique des dirigeants et des forces les plus réactionnaires.

    C’est une nouvelle avancée de l’extrême droite à l’Est de l’Europe. Elle vient s’ajouter aux forces ultra-réactionnaires qui gouvernent déjà en Hongrie et en Pologne. Nombre de femmes ukrainiennes réfugiées en Pologne le découvrent à leurs dépens en se voyant refuser un avortement, même après un viol !

    Ces forces réactionnaires sont à l’œuvre un peu partout dans le monde.

    L’Inde, ce sous-continent, est une poudrière qui peut exploser à tout moment. Modi se maintient au pouvoir en jouant de la pire démagogie nationaliste, opposant les Hindous aux Musulmans et multipliant les provocations contre eux.

    Et sur le continent africain, combien y-a-t-il de démagogues prêts à faire ressurgir d’anciens conflits, prêts à s’appuyer sur les préjugés et à alimenter les replis ethniques ou religieux que la misère et la faim ravivent ?

    Le retour de la Burqa en Afghanistan est un des signes les plus barbares du recul de notre société, mais que dire de l’omniprésence des bondieuseries et du retour en force des opposants à l’avortement aux États-Unis, première puissance mondiale ? Trump a été remplacé par Biden, mais l'extrême droite identitaire n'a pas disparu. Les meurtres récurrents de Noirs par des suprématistes blancs, comme la dernière tuerie raciste à Buffalo le rappellent tragiquement.

    Ici en France, l'extrême droite est renforcée par ses succès électoraux. Sur le terrain de la xénophobie crasse et sans filtre, Le Pen s'est fait doubler sur sa droite par un Zemmour qui a eu tous les micros ouverts pendant des mois. J’en ai parlé hier, les idées d'extrême droite gangrènent de plus en plus la police et l'armée. Le racisme, la xénophobie ou l'islamophobie sont de plus en plus décomplexés.

    Plus l’humanité fusionne en un seul et même ensemble, plus la pression des groupes identitaires, nationalistes, religieux, communautaristes s’intensifie !

    Plus nous travaillons et vivons ensemble, entremêlés et interdépendants les uns des autres, plus sont actifs ceux qui œuvrent à nous séparer et à nous opposer les uns aux autres en fonction de notre sexe, de nos idées, de nos origines ou de notre couleur de peau.

    Cette évolution est aberrante et profondément réactionnaire.

    Il suffit aujourd'hui de quelques cas de Covid à Shanghaï pour ralentir le commerce mondial. Il y a quelques jours, des experts expliquaient l’augmentation de 10 %du prix de l’essence à la pompe, le sans plomb, par le fait que les Américains ont beaucoup pris la voiture ce week-end pour partir en vacances !

    Amazon Total et toutes les grandes entreprises, nous relient par une même chaîne de production et de consommation : les mineurs du Congo, les ouvriers de Chine et du Vietnam, les marins pakistanais ou philippins, les magasiniers et les livreurs d'ici.

    Aujourd'hui, la vie de milliards de femmes et d’hommes est à cheval sur deux, trois pays différents quand ce n’est pas plus.

    À Paris, cela fait bien longtemps que les femmes de ménage ne viennent plus du fin fond de la Bretagne mais de l’Algérie, du Mali, du Cap vert, d’Haïti ou du Bangladesh. Cela fait longtemps que les maçons de la Creuse ont laissé la place aux ouvriers portugais, turcs, polonais, ivoiriens et maintenant égyptiens ou afghans !

    De chez soi, il est possible de se connecter à Google Earth et de voir ce qui se passe dans une rue de Harlem quasiment en temps réel. Des centaines de millions, si ce ne sont des milliards de personnes ont vu George Floyd maintenu menotté et asphyxié par le plaquage ventral d’un policier et ont été révoltées par cet assassinat.

    Oui, à l’échelle de la planète, nous vivons de plus en plus au même rythme, nous nous révoltons aux mêmes infamies, nous vibrons aux mêmes progrès scientifiques ou techniques. Et c’est dans ce moment-là de l’histoire de l’humanité que certains dressent les peuples les uns contre les autres ? Qu’ils construisent des murs, érigent des grilles et des barbelés et veulent nous mettre en condition pour partir en guerre ?

    Et bien, sachons résister à tout cela !

    Et cela veut dire s’opposer d’abord aux frontières que l’on installe dans nos têtes, les peurs, les méfiances, les oppositions, les interdits, les vieilles haines ressassées entre les peuples.

    Le monde du travail en a la capacité, à condition de renouer avec la conscience de ses intérêts de classe. Avec la conscience, comme disait Marx, que sous le capitalisme, les travailleurs n’ont pas de patrie.

    Les travailleurs n’ont pas de patrie car aucun pays ne leur assure le pain et le toit, pas même celui où ils sont nés. C’est la réalité vécue par des centaines de millions de femmes et d’hommes condamnés à l’exil. C’est la réalité des femmes et des hommes condamnés à vivre dans des camps infâmes. C’est ce que vivent des millions de migrants ballottés d’un pays à l’autre pendant des années.

    Le propre d’un exploité c’est d’être voué à se déplacer, à changer de région, de pays et parfois de continent pour étudier ou pour travailler et gagner sa vie. Le nationalisme, ce n’est bon que pour les bourgeois, ça leur sert à soumettre les exploités à leurs intérêts !

    Notre sort, notre émancipation dépend de notre capacité à faire revivre la conscience de classe. La conscience d’avoir à se battre avec tous nos frères d’exploitation contre les exploiteurs ! La conscience internationaliste !

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    L’internationalisme de Marx

    La conscience d'appartenir à la même classe sociale, la conscience d'avoir des intérêts communs entre exploités par de-là les frontières n'est pas innée.

    C’est cette conscience internationaliste qu’a toujours portée le mouvement ouvrier communiste révolutionnaire.

    Marx et Engels, il y a plus de 180 ans, ont su voir l’avenir international de l’humanité. À une époque où les villes et l’industrialisation n’étaient encore que des îlots dans un océan rural, à une époque où une grande partie de la population vivait de ce qu’elle produisait de ses propres forces mains, ils ont vu que le capitalisme poussait à la mondialisation.

    À leur époque, même si les liens tissés entre les êtres humains des quatre coins du monde étaient encore loin du degré d’interdépendance d’aujourd'hui, la mondialisation était en marche. Et ils avaient la capacité d’anticiper sur l’avenir à partir des forces puissantes qu’ils voyaient se déployer.

    La conviction que l’avenir de l’humanité était international était à la base de la fondation de la première Internationale, première tentative de créer un parti mondial de la révolution pour renverser le pouvoir de la bourgeoisie capitaliste et créer les conditions de la coopération fraternelle de tous les peuples.

    Et bien c’est une vision de l’avenir plus enthousiasmante que les lamentables appels au repliement et à la méfiance des têtes pensantes de la bourgeoisie d’aujourd'hui. Alors contre ceux qui veulent faire tourner la roue de l’histoire à l’envers, nous sommes fiers de nos perspectives internationalistes !

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    Il n’y a pas d’avenir en dehors de l’internationalisme.

    Il n’y a pas d’avenir pour les travailleurs et pour la société dans son ensemble en dehors de l’internationalisme. Dès son origine, le capitalisme a fait tomber les frontières et il a progressivement uni les différents continents dans un même système de production. C'est un processus irréversible qui rend possible le communisme.

    Cette division internationale du travail est aujourd’hui si poussée qu’aucun retour en arrière n’est possible sans devoir se passer de la quasi-totalité des objets que nous utilisons tous les jours. Même aujourd'hui quand les puissances occidentales voudraient se passer du gaz russe, elles n’y arrivent pas ! Et Le Pen, chantre du protectionnisme en France, ne le demande même pas !

    Dans le cadre du capitalisme, sous le règne de la propriété privée, de la concurrence et, la mondialisation a été une catastrophe.

    Une catastrophe parce que les grands groupes capitalistes ont industrialisé, mécanisé, développé les moyens de transports ou de communication en exploitant les hommes et la nature jusqu’à leurs extrêmes limites. Parce qu’ils ne sont guidés que par l'augmentation de leur profit.

    Une catastrophe parce que cette mondialisation réalisée dans le cadre d’une planète morcelée entre États nationaux rivaux conduit forcément à des guerres, et des guerres de plus en plus mondiales.

    Mais les multinationales gèrent l’économie à l’échelle du monde et elles prouvent qu’il est possible de le faire. Elles le font de façon désastreuse et irresponsable, mais elles ont construit les outils de prévision, d’organisation, de rationalisation puissants susceptibles de répondre aux besoins de l’humanité toute entière.

    En les arrachant des mains des capitalistes, les travailleurs peuvent faire en sorte qu’enfin l’humanité maîtrise son économie, la planifie consciemment pour répondre aux besoins de toute l’humanité et pour assurer l’avenir de la planète !

    Un objectif aussi vaste peut sembler inatteignable, voire fou, à une époque où même s'organiser à l'échelle d'un pays est compliqué. Mais je le répète : notre classe sociale est déjà organisée à l'échelle internationale par les capitalistes eux-mêmes.

    À l’échelle du monde, la classe ouvrière n’a jamais été aussi forte numériquement qu’aujourd'hui. Il y a partout des prolétaires qui se battent, en Chine, en Inde mais aussi au Pakistan, en Birmanie, en Indonésie et même aux Maldives.

    Au Sri Lanka, les travailleurs luttent pour résister à l’effondrement de leur niveau de vie. En février, des milliers de travailleurs haïtiens du textile, surtout des femmes, ont manifesté pour le triplement de leur salaire minimum, à 1500 gourdes, soit 13 euros, par jour.

    Aux États-Unis, ce temple du capitalisme, des dizaines de milliers de travailleurs ont fait grève à l’automne dernier dans l’agroalimentaire, la santé et l’industrie, comme chez le constructeur de tracteurs John Deere et le fabricant de céréales Kellogg’s ; et malgré l’opposition hargneuse de leurs patrons respectifs, les salariés de certains Starbucks et d’entrepôts Amazon constituent des syndicats.

    Toutes ces luttes sont limitées, voire isolées, mais elles montrent que la lutte des travailleurs est aussi indissociable du capitalisme que le sont l’exploitation et les guerres !

    Et quand une grève victorieuse dans une entreprise donnera de la force aux travailleurs de l'usine voisine pour engager le combat, le jour où le monde du travail se lèvera à l’échelle de tout un pays et ira jusqu’à contester la propriété privée capitalistes et la domination de la bourgeoisie, il trouvera le soutien d’autres travailleurs du monde.

    Car les révoltes et les révolutions ont toujours été contagieuses. Et c’est à cela qu’il faut se préparer, c’est pour ces moments là qu’il faut construire des partis communistes révolutionnaires et une nouvelle internationale.

     

    Cela fait à près 20 minutes que je parle. Et bien en 20 minutes, 120 personnes meurent de faim dans le monde, 55 personnes meurent de tuberculose, une maladie que l'on sait soigner ; aux États-Unis 4 personnes ont fait une overdose, la plupart du temps d’opiacés ; 2 autres sont tuées par des armes à feu. Pendant la même durée, Bernard Arnault gagne 55 000 euros…

    Voilà le monde fou dans lequel nous vivons, un monde dans lequel nous n’avons pourtant jamais eu autant de possibilités et de richesses.

    Et bien camarades, il faut tenir bon sur nos convictions. Si l’heure est au nationalisme voire à la xénophobie, ce sont la solidarité et l’internationalisme qui représentent l’avenir. Si l’heure est au culte de l’individualisme et de l’argent roi, ce sont dans les valeurs collectives et dans celles de la coopération fraternelle de tous les peuples que se trouve la seule issue pour l’humanité et la planète, c’est dire la perspective de la révolution mondiale et du communisme !

     

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