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Discours de Nathalie Arthaud à la fête de Lutte ouvrière à Rennes

Au sommaire de la brochure

Sommaire

    Travailleuses, travailleurs, chers amis, chers camarades,

    Une société divisée en classes sociales

    Je veux commencer en revenant sur la leçon que Macron a faite au jeune jardinier, il y a 15 jours : la phrase désormais célèbre de Macron, « je traverse la rue et je vous en trouve du travail ». Parce qu’au-delà l’écœurement et de la révolte qu’elle nous a inspiré, cette petite phrase en dit long sur notre société.

    Elle en dit long sur notre société de classe. Du point de vue des patrons et de Macron, ce représentant de la bourgeoisie, les choses sont simples : quand tu appartiens à la classe ouvrière, eh bien tu fais ce que l’on te dit de faire. Tu as deux jambes, deux bras, tu vas bosser ! Si tu es chômeur, il faut tout accepter. Ce que tu as envie de faire de ta vie ? Les études que tu as faites ? Le métier pour lequel tu as été formé ? Tes problèmes personnels ? Savoir qui va s’occuper des enfants ? On s’en moque. S’il n’y a du boulot que dans l’hôtellerie-restauration ou dans le bâtiment, eh bien tu le prends. Et si tu n’es pas prêt à cela, eh bien tu n’as que ce que tu mérites.

    Oh c’est rarement dit aussi crûment, mais c’est bien le sort que notre société capitaliste réserve à ceux qui appartiennent au monde du travail.

    C’est un fait, quand on n'a que sa force de travail pour vivre, on n’a pas le choix. Et c’est le lot de la grande majorité des travailleurs que de faire des boulots qu’ils n’ont pas envie de faire, des boulots qui payent mal et qui déglinguent la santé.

    Et ce n’est certainement pas une question individuelle. Des millions de salariés sont ballotés de petits boulots en petits boulots, de temps partiels en temps partiels. Même quand on a un emploi stable, il faut accepter de bosser sur n’importe quel horaire, de faire des dizaines de kilomètres pour aller travailler. Il faut accepter d’en faire toujours plus, de suivre les cadences et les rythmes de travail imposés même quand son corps n’arrive plus à l’encaisser. Tout ça pour toucher un salaire qui ne couvre même pas les dépenses du mois !

    Bien sûr il y a aussi des travailleurs plus qualifiés, dont les compétences sont plus recherchées par les entreprises. Ils ont parfois plus de marge de manœuvre, plus de liberté. Leurs conditions de travail et leur salaire peuvent être meilleurs… tant que le patronat trouve un intérêt à les exploiter. Mais quand les capitalistes retirent leurs capitaux pour changer de crèmerie et que leur entreprise ferme, eh bien ils sont licenciés comme les autres, et comme ceux qui sont tout en bas de l’échelle, ils perdent tout.

    Quand on appartient au monde du travail, on n’échappe pas à la condition ouvrière. Ce qui nous unit dans un sort commun, c’est de ne pas être maître de son travail et de son salaire. C’est d’être dépendant de la volonté et des besoins d’un patron, de celui qui brasse des centaines, des millions.

    On nous renvoie sans cesse à la devise « liberté, égalité et fraternité ». Mais qu’est-ce qu’elle vaut pour le monde du travail ? Nous sommes au 21e siècle, plus de 200 ans après la Révolution française, mais la société est toujours dominée par une classe sociale, par une toute petite minorité, la classe capitaliste qui prospère sur l’exploitation de la grande majorité et qui détient entre ses mains l’avenir du monde du travail.

    Individuellement on est piégé par cet ordre social. Chaque travailleur ne peut que se soumettre à la domination patronale. Mais collectivement, nous pouvons la combattre. A condition d’en être conscients. Alors oui, nous avons toutes les raisons de rejeter Macron, son mépris et sa politique anti ouvrière. Mais il faut aussi et surtout rejeter la classe sociale qu’il représente et le système qu’il défend. Alors à bas l’exploitation, à bas le système capitaliste.

    *****

    La bourgeoisie domine mais nous mène à la catastrophe

    Macron ne fera qu’un temps. Mais la bourgeoisie, elle, est installée au pouvoir depuis plus de 200 ans. Elle domine l’économie du haut de ses milliards. En 2017, l’envolée des Bourses a fait gagner 1000 milliards de dollars aux 500 plus grandes fortunes mondiales. Le propriétaire de LVMH, Bernard Arnault, a vu son patrimoine s’accroître de 20 milliards, soit 1300 euros toutes les deux secondes. Pourquoi accepte-t-on cette domination ?

    Si cette classe dirigeait bien et que l’économie se développait et débouchait sur un progrès général de la société, on pourrait se dire que l’exploitation et le parasitisme qu’elle opère a une justification et qu’elle mérite de diriger. Mais c’est l’inverse !

    Le capitalisme est en bout de course, il est enfoncé dans une crise dont il ne peut pas sortir. Les marchés sont saturés, la surproduction est généralisée et elle condamne l’économie mondiale au marasme.Pour accroître ses profits, la bourgeoisie n’a plus que deux solutions : piquer des parts de marché à ses concurrents, c’est-à-dire mener la guerre commerciale, qu’elle prenne la forme du libre-échange ou du protectionnisme et accroître l’exploitation des travailleurs c’est-à-dire faire reculer les conditions de travail, imposer aux salariés de travailler plus de façon à comprimer les salaires et les emplois.

    A cela s’ajoute le poids extraordinaire pris par la finance. Elle ajoute non seulement son parasitisme, mais elle menace en permanence de faire plonger l’économie dans un nouveau krach.

    Le capitalisme est par nature un système économique chaotique parce qu’il est gouverné par le marché, la concurrence et la loi aveugle du profit. Mais la finance, et la spéculation qui va avec, amplifie l’instabilité générale.

    A la moindre annonce économique, à la moindre secousse politique, à la moindre incertitude des masses fantastiques de capitaux se jettent sur tel ou tel secteur, affluent ou quittent tel ou tel pays. C’est ce qui se passe aujourd'hui en Turquie ou en Argentine et ce sont les travailleurs de ces pays qui en payent le prix fort. Mais demain, à qui le tour ?

    Tous les dirigeants économiques sont d’accord sur une chose : nous allons tout droit vers un nouveau krach. La seule interrogation qu’ils ont est de savoir quand il se déclenchera. Autrement dit, même eux, même ceux qui en profitent ne croient pas en leur système !

    Dernièrement, la presse est revenue sur l’histoire du krach de 2008, la crise des subprimes puisque cela fait exactement 10 ans. Vous avez peut-être vu des reportages montrant la consternation et le désarroi des employés des grands banques des traders et des plus hauts dirigeants. Ils étaient paniqués et dépassés par les évènements. Ils ont allumé le feu et ont été incapables de faire quoi que ce soit pour qu’il n’embrase pas toute l’économie.

    Et qu’est-ce qui s’est passé ? Eh bien, tous les travailleurs l’ont payé, à l’échelle de toute la planète. Ils l’ont payé en perdant leur emploi pour beaucoup, en perdant parfois leurs maisons comme aux Etats-Unis, en perdant la moitié de leur pension de retraite en Grèce. Nous ici, nous l’avons payé et on continue de le payer encore par plus de chômage et de précarité.

    A l’inverse, les financiers, la fortune de la bourgeoisie qui étaient à la base de toutes ces spéculations, ont été sauvés à coups de centaines de milliards par les Etats qui ont demandé aux banques centrales d’ouvrir les robinets. Est-ce que les responsables ont été sanctionnés ? On leur a enlevé leurs responsabilités ? non !

    Le PDG de la seule banque lâchée par les pouvoirs, la banque Lehman Brothers, est aujourd'hui à la tête d’un fonds qui gère 200 millions de dollars d’actifs. Il est milliardaire. Un autre grand spéculateur de l’époque, John Paulson qui avait accumulé 3,7 milliards sur les subprimes, a depuis 2008 ramassé 5 autres milliards, en spéculant contre la Grèce. Et aujourd'hui ces gens-là sont toujours aux manettes. Et cela dans une situation encore plus fragile car les centaines de milliards qui ont été injectés depuis la crise de 2008 sont autant de matière explosive.

    On ne peut avoir aucune confiance dans ces gens-là ! Le capitalisme est un système injuste et inégalitaire parce qu’il est basé sur l’exploitation d’une classe par une autre. Mais il est aussi complètement fou et irrationnel et il conduit la société de catastrophes en catastrophes. Le capitalisme, c’est le passé ; l’avenir, c’est de se battre pour le renverser.

    ***********

    La bourgeoisie : une classe révolutionnaire à ses débuts devenue une force réactionnaire

    La bourgeoisie a mérité, un temps, son appellation de classe révolutionnaire. Elle a toujours fait ses profits sur la peau des travailleurs. Elle a accumulé ses premiers capitaux dans le sang et la boue comme disait Marx au travers du commerce triangulaire, de l’esclavage et d’une exploitation féroce dans les bagnes industriels qu’elle a construit.

    Mais contrairement à l’immobilisme de la noblesse de l’ancien régime qui vivait du parasitisme pur et simple, elle réalisait ses profits en construisant des usines, des routes, des ponts, des chemins de fer… Son système reposait sur la production et sur le développement de l’industrie, une immense machinerie qui a fait naître un système productif qui a dépassé tout ce que l’humanité avait inventé.

    Mais aujourd'hui ? La bourgeoisie et le capitalisme n’ont plus rien de progressiste.

    Oh, bien sûr la vie continue, il y a des progrès scientifiques, des innovations. Le capitalisme a l’art de créer de nouveaux besoins et de façonner de nouvelles habitudes sociales. Prenez la connexion internet, elle est devenue aussi et peut-être même plus importante que la machine à laver. Mais à côté de cela, les familles ont toujours du mal à s’acheter de la viande, du poisson, du fromage. Elles ne peuvent pas se payer une mutuelle ou le permis de conduire des enfants.

    Le smartphone a pénétré jusque dans les régions les plus reculées d’Afrique ou d’Asie, régions qui n’ont toujours pas l’électricité et l’eau courante ! Les dirigeants des pays riches parlent de relancer la conquête spatiale, mais ils disent ne pas avoir d’argent pour maintenir les hôpitaux de proximité, pour rénover les chemins de fer, pour entretenir les routes ou les ponts et éviter des catastrophes comme celle de Gênes par exemple.

    La société, l’économie marchent sur la tête parce qu’on ne peut pas décider collectivement en fonction des intérêts du plus grand nombre. Les choix fondamentaux pour développer harmonieusement la société nous échappent. Ils sont laissés dans les mains la classe capitaliste et au hasard de l’initiative privée et du marché. C’est un immense gâchis.

    Des millions de femmes et d’hommes sont condamnés à l’inactivité alors qu’ils pourraient être utiles. Au lieu de servir pour construire, rénover, faire de la recherche, des centaines de milliards alimentent les marchés financiers et la spéculation. Alors que la science avance et permet une maîtrise croissante de la nature, nous sommes incapables de contrôler les conséquences de notre propre activité économique sur la planète et le climat et d’enrayer la catastrophe écologique.

    Les capitalistes sont devenus un obstacle au progrès collectif et à l’échelle de la société, le rôle réactionnaire de la bourgeoisie ressort par tous les bouts.

    La crise du capitalisme, les rivalités entre les bourgeoisie nationales nous ont déjà mené à deux guerres mondiales. Aujourd'hui des millions de femmes et d’hommes chassés de leurs pays par la guerre, l’oppression ou la misère s’entassent dans les camps infâmes ou sont traqués et condamnés à errer de pays en pays quand ils ne meurent pas dans la traversée de la Méditerranée. Il y a partout des foyers de guerre qui menacent de se transformer en une guerre plus générale parce qu’ils sont aussi le théâtre de rivalités des grandes puissances.

    Et puis, on assiste partout à la montée de l’extrême droite et à l’emprise croissante des idées réactionnaires.

    Dans toute l'Europe, la crise économique, les plans d'austérité, le chômage, le désespoir face à l'avenir, nourrissent des courants nationalistes, xénophobes et anti-européens. En Hongrie, en Autriche, en Italie, des partis d'extrême droite sont au pouvoir. En Suède et en Allemagne les dernières élections ont marqué un renforcement de l’extrême droite.

    Et partout, la situation peut dégénérer, comme cela a été le cas, il y a peu à Chemnitz en Allemagne où divers groupes d'extrême-droite, y compris des néonazis, se sont livrés à des chasses à l'homme contre des étrangers, un restaurateur juif et des militants de gauche. Penser que nous sommes, ici, à l’abri de tels affrontements est un leurre.

    La situation est grave. Mais on ne se protégera pas des dangers de l’extrême droite en faisant de la morale aux travailleurs qui prêtent l’oreille aux idées nationalistes. On ne pourra combattre le poison de ces idées dans la classe ouvrière qu’en leur opposant les intérêts des travailleurs et la nécessité de riposter à la lutte de classe que le patronat mène tous les jours.

    Militer pour montrer aux travailleurs que les politiciens de la bourgeoisie cachent les responsabilités du patronat derrière des boucs émissaires est la seule perspective. Militer pour défendre parmi les travailleurs une politique de classe contre la bourgeoisie et son ordre pourrissant est la seule perspective.

    Les Le Pen, les Salvini et Cie disent défendre les intérêts des plus pauvres en empêchant les migrants de mettre le pied en Europe. Mais ils sont aussi anti ouvriers qu’ils sont anti migrants ! En Autriche, le gouvernement a allongé le temps de travail légal pour porter la journée à 12 h. En Italie, Salvini, ce ministre de l'Intérieur qui a fermé les ports italiens aux bateaux de secours aux migrants, a aussi expliqué : « C'est bien de lutter contre la précarité, mais il ne faut pas que cela nuise aux entreprises » !Comme les autres, il est à plat ventre devant les patrons et il les aidera à faire pleuvoir les coups sur les travailleurs.

    A toutes les époques, les patrons ont cherché à dresser les travailleurs dits « nationaux » contre les étrangers. En face, le mouvement ouvrier a opposé le mot d'ordre « travailleurs de tous les pays, unissez-vous ». Les premiers militants socialistes puis communistes ont opposé l'internationalisme au patriotisme, le drapeau rouge au drapeau tricolore !

    Eh bien nous devons retrouver ces valeurs du mouvement ouvrier. Nous devons nous démarquer du chauvinisme et du nationalisme que tous reprennent à leur compte, y compris les partis dits de gauche. Tous ceux qui montrent du doigt l'étranger, l'Europe ou l'Allemagne, exonèrent les patrons, bien français, de leurs responsabilités dans la crise et le chômage !

    Les responsables de la crise, du chômage et de cette société de plus en plus barbare, c’est la classe capitaliste. C’est elle qu’il faut combattre et renverser. Il en va des intérêts des exploités, mais il en va aussi de l’avenir de l’humanité toute entière.

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    Il n’y a pas de solution sans le renversement de la bourgeoisie. Le rôle de la classe ouvrière, son programme, son parti.

    La crise, les inégalités, l’exploitation ou la montée des idées réactionnaires ne sont pas le résultat de mauvais choix économiques que l’on pourrait changer du haut des institutions. Elles sont la résultante d’un ordre social.

    Le fond du problème, ce n’est pas tel ou tel homme ou étiquette politique. Ce n’est même pas ses bonnes intentions vis-à-vis des travailleurs, c’est l’ordre social dans lequel il gouverne, c’est la classe sociale et les lois économiques auxquelles il se soumet. Tant que la bourgeoisie règne du haut de sa propriété privée, c’est elle qui détient le pouvoir et impose ses intérêts. Confronté à cette réalité, Léon Blum avait parlé en son temps du mur de l’argent. Plus récemment, Hulot en a reparlé en dénonçant ce qu’il appelle lui, le poids des lobbys…

    De fait, tout gouvernement, quel que soit ses déclarations et même ses intentions gère les affaires de la bourgeoisie comme s’il était son conseil d’administration.

    Les politiciens qui prétendent, à la tête de l’Etat, dans le cadre de la société capitaliste, pouvoir imposer une politique qui redistribuerait mieux les richesses, prendrait mieux soin de la planète, et qui réglementerait et régulerait le capitalisme pour éviter les crises – ce que fait Mélenchon – sont des illusionnistes.

    Il n’y pas d’autre issue que de renverser le capitalisme et le pouvoir de la bourgeoisie et de réorganiser l’économie sur des bases collectives et planifiées démocratiquement pour sauver l’humanité de la barbarie.

    Et ce sont les travailleurs qui peuvent mener le combat contre la bourgeoisie et représenter l’avenir à condition d’en être conscients.

    Les travailleurs sont en première ligne dans la lutte des classes. Il suffit de franchir la porte d’une entreprise pour comprendre qu’il faut se défendre au quotidien. Que ce soit pour résister aux cadences, se faire payer ses heures de travail ou tout simplement pour se faire respecter. Cette résistance s’exerce de plein de façons : on peut trainer les pieds, faire semblant de ne pas avoir entendu tel ou tel ordre, pétitionner, se rassembler pour aller voir collectivement la direction, débrayer jusqu’à se mettre en grève. Et c’est là, au cours de cette action collective que les travailleurs découvrent leur puissance sociale et leur capacité à changer le rapport de force avec le patronat.

    que l’on peut se défendre collectivement et inverser le rapport avec la bourgeoisie peut se faire quasi naturellement au cours de la lutte de classe. Mais la conscience politique d’avoir à renverser la bourgeoisie et à prendre le pouvoir est une toute autre affaire. Cette conscience-là nécessite une politisation et elle dépend de l’existence d’un parti. Elle dépend de l’existence de militants convaincus que la lutte des travailleurs pour leurs conditions d’existence, pour leur salaire ou leur emploi et le combat pour leur émancipation totale ne font qu’un seul et même combat.

    Tout dans la situation de crise actuelle montre que les travailleurs ne parviendront pas à défendre leurs conditions d’existence sans renverser le pouvoir de la bourgeoisie. La moindre revendication se heurtera au pouvoir patronal.

    Récemment, j’ai été interpellée sur le fait qu’il faudrait revendiquer le Smic à 2000 € net parce que les 1800 € net que j’avais mis en avant comme une nécessité lors de la présidentielle sont déjà dépassés par l’inflation. C’est juste, mais la question n’est tellement là. Qui peut penser que le patronat acceptera de porter le smic ne serait-ce qu’à 1400 € net ? Avec la crise, dans cette situation où la bourgeoisie est à l’offensive pour reprendre des droits aux travailleurs, elle ne lâchera rien. Chaque revendication sérieuse venant des salariés sera intolérable pour la bourgeoisie et elle ne peut que faire l’objet d’une guerre sociale.

    Alors si l’on veut assurer nos besoins vitaux, des salaires et des pensions de retraite dignes, imposer de répartir le travail entre tous, il faut être conscient qu’on aura à se battre jusqu’à exproprier la bourgeoisie et lui arracher le pouvoir.

    Pour que le combat des travailleurs pour leurs intérêts matériels aboutisse, il doit se mener avec la conscience communiste révolutionnaire qu’il faut exproprier la bourgeoisie et la remplacer au pouvoir. Militer pour les intérêts des travailleurs, c’est militer pour la révolution sociale.

    *********

    Cette conscience est loin de l’état d’esprit actuel des travailleurs. Mais les tâches qui se posent à nous ne se déduisent pas du moral des travailleurs à tel ou tel moment. Elles se fondent sur la réalité objective de la lutte de classe et de la situation du capitalisme.

    Elles se fondent sur le fait que la classe ouvrière est une classe que rien n’attache à cette société. Comme le disait Marx, elle n’a que ses chaînes à perdre.

    La seule perspective qui s’ouvre à nous, c’est de faire confiance à la classe ouvrière et de l’aider à accéder à cette conscience que la tâche de transformer la société dépend d’elle et qu’elle en est capable.

    Oui, les travailleurs sont capables de prendre le pouvoir et de l’exercer mille fois mieux que la bourgeoisie. Collectivement, la classe ouvrière a la capacité de réorganiser l’économie au service du plus grand nombre.

    Les grands médias et les politiciens nous expliquent que sans cette bourgeoisie, rien ne se ferait car c’est elle qui « entreprend » et sait diriger. Mais prenez ce qui se passe à l’échelle d’une grande entreprise. Dans l’écrasante majorité des cas la bourgeoisie ne dirige pas, elle encaisse ! Elle a pris des parts dans l’entreprise, elle est actionnaire, mais elle ne met jamais les pieds dedans.

    Pour diriger ses entreprises, elle paye du haut en bas de la hiérarchie toute une armada de mercenaires obsédée par la rentabilité. Et c’est sur les ouvriers, les employés et les comptables, ceux qui sont au bas de l’échelle, que retombent les problèmes et les conséquences de leurs décisions.

    Dans les entreprises, ce sont les travailleurs qui connaissent le travail, résolvent les problèmes techniques et font tourner la boutique. Le rôle des grands actionnaires, c’est de prendre les bénéfices et d’en demander toujours plus.

    Elle fait déjà tourner toute la société. Elle le fait aujourd'hui pour le compte de la bourgeoisie. Eh bien elle est capable, demain, de la faire tourner pour son propre compte. Les travailleurs n’ont pas besoin des actionnaires qui ne sont que des parasites pour produire des voitures ou des salades ! Ni pour éduquer, soigner ou faire circuler les hommes et les femmes.

    Oui, les travailleurs et les classes populaires sont tout à fait capables de diriger la société. Prenez les salariés des Ehpad qui se dévouent aux côtés des anciens pour un salaire de misère. Prenez les ouvriers qui s’esquintent la santé sur les chantiers du bâtiment et des travaux publics. Prenez les ouvriers des chaînes de montage, prenez les bataillons du nettoyage, du gardiennage et de la grande distribution…

    Ces femmes et ces hommes savent ce que cela veut dire travailler et devoir se serrer la ceinture. Ils représentent mille fois mieux la vie et les intérêts de la majorité de la population. Et nul doute que s’ils accédaient au pouvoir, ils auraient, eux, pour priorité de satisfaire les besoins essentiels des plus pauvres. Et tous les problèmes qui apparaissent aujourd'hui comme insolubles, loger tout le monde, soigner, donner du travail et de l’éducation à tous, accueillir les migrants… trouveraient leur solution.

    Alors vive les travailleurs, vive leurs luttes dans la perspective de la révolution sociale !

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