Allocution de Nathalie Arthaud à la fête de Lutte ouvrière le lundi 5 juin 201705/06/20172017Brochure/static/common/img/contenu-min.jpg

Brochure

Allocution de Nathalie Arthaud à la fête de Lutte ouvrière le lundi 5 juin 2017

Au sommaire de la brochure

Sommaire

    Camarades et amis,

    Je veux saluer aujourd’hui plus spécialement les camarades qui militent dans d’autres pays du monde et qui nous ont rejoints à l’occasion de notre fête. Il y a évidemment les camarades qui se revendiquent de notre courant international, l’Union communiste internationaliste. Ils partagent non seulement nos perspectives communistes révolutionnaires mais aussi notre vision des problèmes politiques et de nos tâches militantes. Notre fête est aussi la leur.

    Je tiens à saluer tout aussi chaleureusement les groupes invités avec lesquels nous avons des divergences plus ou moins importantes qui participent à la richesse politique de notre rassemblement.

    Nous avons en commun de nous revendiquer des idées internationalistes. Par les temps qui courent, ce n’est pas anecdotique. Car un des nombreux indices de la régression générale imposée par le système capitaliste est que l’internationalisme, cette valeur fondamentale surgie des combats politiques passés du prolétariat, n’est plus défendu que par des organisations de taille modeste.

    L’abandon de l’internationalisme pour le nationalisme, l’abandon du drapeau rouge du prolétariat pour le tricolore de la bourgeoisie ont été l’expression la plus visible du passage dans le camp de la bourgeoisie du Parti socialiste puis, vingt ans plus tard, du Parti communiste.

    L’un continue à porter - mais pour combien de temps ? – l’étiquette « socialiste », l’autre, l’étiquette « communiste ». Mais, derrière ces étiquettes, il n’y a plus rien des idées et des perspectives que ces deux partis ont portées à leur origine.

    La France insoumise de Mélenchon, qui aujourd’hui prétend prendre la place du PS et qui a phagocyté les militants du PCF, n’a repris de l’héritage que les idées, les symboles de la bourgeoisie. Ils correspondent à la seule perspective qu’il représente : parvenir un jour au gouvernement pour gérer les affaires des capitalistes.

    Pendant la campagne électorale, pas grand-chose ne distinguait les grands rassemblements de Mélenchon de ceux des autres partis à la disposition de la bourgeoisie, jusques y compris le Front national ! Les mêmes drapeaux bleu-blanc-rouge agités, la même Marseillaise chantée, le même chauvinisme affiché !

    Jamais pourtant dans le passé la contradiction n’a été aussi profonde qu’aujourd’hui entre la réalité qui lie dans un tout indissociable le destin de tous les peuples et les barbelés qu’un système capitaliste pourrissant érige entre les uns et les autres.

    Alors qu’un avion de ligne permet à un touriste qui en a les moyens d’atteindre en moins de 24 heures n’importe quelle ville du monde ; alors que la station spatiale habitée qui tourne au-dessus de nos têtes fait le tour de la planète en 90 minutes, et que le monde entier s’enthousiasme pour ces expériences, les frontières se multiplient et se transforment en murailles.

    Les pires frontières sont celles que cette société capitaliste imprime dans les esprits. Elles morcellent l’humanité, dressent des ethnies, des communautés, des peuples, les uns contre les autres, les opposant d’un pays à l’autre et même à l’intérieur d’un même pays, d’un même quartier, d’une même entreprise.

    C’est l’honneur du prolétariat et du mouvement ouvrier communiste d’avoir affirmé il y a plus d’un siècle que les prolétaires n’ont pas de patrie et proclamé que le prolétariat ne pourra se libérer et transformer la société qu’uni dans le même combat contre le grand capital à l’échelle internationale.

    Nous nous revendiquons de cette tradition. Pas seulement par sentiment de solidarité avec tous les peuples. Pas seulement par conviction de faire partie d’une seule et même humanité ! Mais parce que nous savons qu’étant donné la multitude de liens tissés entre les différentes régions de la planète et leurs peuples, on ne peut se débarrasser du capitalisme, de l’exploitation, dans un seul pays. Seule la transformation des rapports sociaux à l’échelle du monde pourra faire surgir une organisation sociale basée sur la propriété collective.

    Alors oui, je reprends ici ce qu’annoncent nos banderoles dans la fête : « Notre seul pays, c’est la terre », « Notre patrie, c’est l’humanité », et bien sûr « Prolétaires de tous les pays, unissons-nous ».

    * * * * *

    Avec la crise de l’économie capitaliste, l’unité du monde se manifeste aujourd’hui de la pire façon qui soit. Partout dans le monde, la classe capitaliste inflige aux masses des privations et des souffrances toujours plus grandes. Partout dans le monde, le chômage de masse, ce fléau du capitalisme, écarte de l’activité et de la vie sociale une fraction considérable de l’humanité. Partout dans le monde, la finance étouffe l’activité productive destinée à améliorer la vie des hommes.

    La crise de l’économie capitaliste aggrave encore l’inégalité de développement entre une minorité de pays impérialistes privilégiés par l’histoire et les pays pauvres. Mais, même dans ces pays privilégiés, l’écart se creuse entre les plus riches et les plus pauvres. Les richesses accumulées, même dans les métropoles impérialistes où elles s’accumulent, poussent les classes exploitées vers la misère.

    Et cette régression n’est pas seulement dans la vie matérielle. Elle est dans tous les aspects de la vie sociale.

    La montée des courants réactionnaires, l’installation de régimes autoritaires ne sont que la partie visible de l’iceberg. Trump aux États-Unis, Erdogan en Turquie, Orban en Hongrie, Duda et Kaczynski en Pologne, avec en parallèle la montée électorale des partis d’extrême droite du genre du Front national.

    Il n’y a pas besoin d’aller vers cette majorité de pays où domine un régime autoritaire ou dictatorial, pour voir bafouer les libertés élémentaires de l’écrasante majorité de la population. Les slogans démocratiques ne sont que des slogans justement, même dans les prétendues démocraties bourgeoises. Pour ne prendre que l’exemple de la France, les grands mots comme liberté, égalité, fraternité, inscrits au fronton des bâtiments officiels, perdent depuis toujours toute signification là où commence le monde de l’exploitation, c’est-à-dire derrière les portes des entreprises.

    Mais, aujourd’hui, même ces slogans sont remplacés par les mots et les idées de repliement chauvin, de communautarisme, d’irrédentisme, de revendication territoriale. La pression des autorités de l’État est complétée par une pression sociale réactionnaire. Le comportement capitaliste, la loi de la jungle, le chacun-pour-soi imprègnent toutes les relations sociales.

    Les travailleurs conscients doivent combattre cet effet délétère du capitalisme sur leur conscience de classe sociale.

    *****

    Les relations internationales entre pays capitalistes offrent la même image désastreuse. Pendant que la télévision reproduit à satiété les images, qui se veulent rassurantes, de rencontres entre chefs d’Etat, des anecdotes sur la façon dont ils se serrent la main ou se tapent sur le ventre, pendant ce temps-là, des villes entières disparaissent sous les bombes au Moyen-Orient. Et un climat guerrier s’installe même dans les grands pays impérialistes.

    Les relations internationales ne sont certes pas dans un engrenage du même type qu’avant la première et la seconde guerre mondiale, où deux blocs impérialistes préparaient leurs peuples à l’affrontement annoncé. À l’époque, on se préparait à dresser les peuples les uns contre les autres au nom du combat contre « l’ennemi héréditaire », anglais, français ou russe pour les uns, allemand ou japonais pour les autres.

    Aujourd’hui, c’est au nom de la « guerre contre le terrorisme » que les puissances impérialistes interviennent au Moyen-Orient.

    C’est encore la lutte contre le terrorisme qui sert de prétexte à notre propre impérialisme pour rendre toute la population complice de ses aventures militaires en Afrique. Le pouvoir a pu passer des mains de l’homme de droite Sarkozy aux mains du prétendu socialiste Hollande, puis à celles du « ni droite ni gauche » Macron sans que la politique extérieure subisse la moindre modification. Les aventures militaires de l’impérialisme français continuent et la supercherie pour les masquer, aussi.

    Pour entraîner leurs peuples respectifs dans la boucherie de la Première Guerre mondiale, les dirigeants de l’époque mettaient en avant la « défense de la patrie ».

    Aujourd’hui, on essaie de nous faire croire que les guerres au Mali, au Niger, au Tchad, au Cameroun, en Centrafrique, sont menées pour vaincre le terrorisme. Mais, comme le disait si bien Anatole France, « on croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels ». Et les soldats qu’on envoie aujourd’hui dans ces pays pour mourir et surtout pour tuer le font pour que les groupes capitalistes français gardent le contrôle de l’uranium, du pétrole, du coton ou de l’arachide. Ils le font pour que le grand capital conserve sa mainmise sur les ex-colonies françaises, leurs richesses naturelles et leurs peuples.

    Les groupes terroristes comme Al-Qaïda ou Daesh ne sont pas sortis du néant. Ils ont surgi de décennies de rivalités entre puissances impérialistes pour contrôler les richesses en pétrole de cette région. Ils ont tous été en un moment donné de leur histoire des créatures des puissances impérialistes.

    Toute l’histoire de l’impérialisme s’accompagne de la fabrication de tels monstres. Il arrive qu’ils se retournent contre leurs créateurs. Comme ce fut le cas pour Ben Laden, mais aussi pour Saddam Hussein… ou Noriega, qui vient de mourir.

    Des organisations comme Al Qaïda, Daesh, Boko Haram et quelques autres sont des organisations qui méprisent les êtres humains comme les peuples, à commencer par les leurs, et à qui elles imposent, quand elles en ont la possibilité, une féroce dictature. Et ces organisations trouvent des crapules inconscientes pour perpétrer leurs attentats ignobles.

    Les tueries dont ces gens sont les instruments, à Londres, à Manchester, à Paris, Nice, Bruxelles ou Berlin, sont aussi abjectes que celles commises du haut du ciel par d’autres assassins, ceux-là en uniformes, et envoyés par les Etats impérialistes qui se prétendent civilisés, mais qui bombardent des quartiers populaires, des écoles ou des hôpitaux, que ce soit en Syrie ou en Irak.

    Les dirigeants impérialistes se servent du dégoût légitime que provoquent les agissements des terroristes pour embrigader leur population derrière eux.

    Eh bien, les travailleurs conscients n’ont pas à être complices des manœuvres tordues des puissances impérialistes, ni pour le passé, ni pour le présent ! Ce que, de Sarkozy à Macron en passant par Hollande, ils appellent la « guerre contre le terrorisme » n’est pas notre guerre. Présenter les voyous barbares de Daesh ou leurs semblables comme la seule menace pour l’humanité, et les grandes puissances comme des défenseures de la paix entre les peuples et de la sécurité, cela ne sert qu’à tromper les peuples. C’est de l’enfumage pour nous faire cautionner une politique impérialiste qui est aux antipodes des intérêts des travailleurs.

    Alors, pour ce qui concerne la France impérialiste et sa politique guerrière, troupes françaises, hors d’Afrique et du Moyen-Orient !

    *****

    Lors du dernier en date des sommets des dirigeants des grandes puissances, dits G7, le seul point sur lequel ils sont tous tombés d’accord était cette lutte contre le terrorisme. En réalité, même cette « unité » est factice.

    Derrière cette comédie, se dissimulent de nombreuses rivalités entre les grandes puissances elles-mêmes.

    Laissons les politologues en tout genre et les stratèges à quatre sous se poser la question de savoir si les États-Unis et la Russie sont alliés ou adversaires dans la guerre contre Daesh, car ils sont les deux à la fois.

    La complicité entre bandes de gangsters n’enlève rien à la virulence de leur rivalité. Et ce qui se passe au Moyen-Orient montre comment une guerre locale peut se généraliser ; comment l’enchevêtrement d’intérêts nationaux contradictoires peut ébranler les équilibres en place, donnant aux grandes puissances l’occasion de s’en mêler et de donner à une guerre locale une toute autre envergure.

    La montée des menaces se matérialise par la course à l’armement, l’accumulation de matériels de guerre de plus en plus sophistiqués. Les dépenses d’armement dépassent leur niveau du temps de la division du monde en deux blocs. Elles ne servent pour le moment aux grandes puissances qu’à montrer leurs muscles. Mais, si le bras de fer entre elles est virtuel, il ne l’est pas pour les populations des villes et des régions bombardées.

    Il ne faut pas chercher bien loin pour trouver sur la planète une multitude de points de friction, où les affrontements peuvent se transformer en guerres locales, et les guerres locales en affrontements plus généralisés.

    Souvenons-nous de la rapidité avec laquelle, même sur le continent européen, un pays comme la Yougoslavie a été disloqué par une guerre interne, faisant 150 000 morts, dressant les uns contre les autres des peuples si proches pourtant de par la géographie, leur histoire et jusqu’à leur langue. Et les grandes puissances non seulement n’ont pas su, n’ont pas voulu arrêter le massacre, mais leur implication et leurs rivalités l’ont aggravé et prolongé.

    Et plus près encore, rappelons-nous avec quelle rapidité l’Ukraine s’est transformée en terrain de confrontation armée avec la Russie.

    Dans combien d’autres pays d’Europe centrale et orientale les traités de paix impérialistes ont laissé des bombes à retardement ?

    Combien de frontières établies en fonction du rapport de force en un moment donné entre blocs de puissances impérialistes ? Combien de frontières coupant dans la chair des peuples ? Combien de frustrations accumulées, combien de disputes territoriales, susceptibles d’être transformées en haine par des partis nationalistes locaux ?

    Dans cette partie pauvre de l’Europe, la crise a des conséquences plus ravageuses pour l’existence des classes populaires. Elle offre un champ plus vaste aux démagogues d’extrême droite là-bas. Personne ne peut prévoir quelle étincelle transformera des revendications nationales contradictoires en explosions. Et pourtant, on continue à nous chanter que grâce à l’Union européenne, l’Europe a connu plus d’un demi-siècle sans guerre.

    Même cette caricature d’unification qu’est l’Union européenne est en train de se déliter sous nos yeux. La sortie de la Grande-Bretagne en est une illustration. Mais il y en a bien d’autres.

    Dans cette Europe capitaliste qui se prétend unie, les puissances impérialistes de sa partie occidentale, huissiers chargés d’exécuter la volonté des grandes banques, étranglent littéralement un petit pays comme la Grèce.

    Les ex-Démocraties populaires dont les dirigeants fêtaient pourtant bruyamment, il y a quelques années, leur entrée dans l’Union européenne ont vérifié au fil des ans que, derrière la façade de l’union, persiste le rapport de force entre pays impérialistes et pays pauvres fournisseur de main-d’œuvre payée quatre ou cinq fois moins cher qu’en Europe occidentale.

    Si les dirigeants de ces pays proclament de plus en plus fort leur hostilité aux diktats de Bruxelles, c’est pour canaliser le mécontentement de la majorité de leurs populations pour qui l’intégration dans l’Europe n’a pas apporté le niveau de vie occidental mais un accroissement des inégalités et la mainmise du grand capital allemand, français ou autre sur leur économie.

    Les peuples d’Europe de l’Est, opprimés il n’y a pas si longtemps par la bureaucratie soviétique, sont en train de faire l’expérience que leur intégration totale dans le monde capitaliste ne leur a pas apporté le bien-être matériel, ni même la liberté politique. Eh bien, lorsque les travailleurs d’Europe occidentale se mobiliseront contre leurs bourgeoisies, il faut qu’ils cherchent l’oreille de leurs frères de classe de Pologne, de Tchéquie, de Slovaquie, de Hongrie, Roumanie ou de Bulgarie. Et ils la trouveront tout naturellement !

    *****

    Les travailleurs de ce pays sont déjà victimes de la compétition entre les bourgeoisies des différents pays, de leurs rivalités, de leur guerre économique. Ils en sont victimes par la fermeture des usines sous prétexte de compétitivité insuffisante, par les délocalisations, c’est-à-dire par la recherche, ailleurs, de travailleurs encore plus mal payés qu’ici.

    Mais cette guerre-là, la guerre économique que se mènent les classes capitalistes des différents pays, unies dans leur commune volonté d’écraser toujours plus les travailleurs mais rivales quand même, oui, cette guerre-là est lourde de la menace de se transformer en guerre tout court.

    Alors, regardons ce qui se passe aujourd’hui dans une ville comme Alep, réduite en ruines, et disons-nous que c’est peut-être l’avenir que nous réserve la bourgeoisie.

    Des centaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants sont chassés de leurs pays par la guerre du Moyen-Orient et de tant de pays d’Afrique où la loi des bandes armées s’ajoute aux catastrophes naturelles pour pousser à la migration.

    Leur drame nous touche tous d’un simple point de vue humain. Tout cela se passe à nos portes. Et cela nous concerne d’autant plus que ceux qui nous gouvernent ont le cynisme de prétendre représenter nos intérêts lorsqu’ils refoulent les migrants ou lorsqu’ils les soumettent à des conditions indignes.

    Et n’oublions pas que ce qui se passait il n’y a pas si longtemps, ici, en Europe. Combien de réfugiés espagnols qui, pendant la guerre civile, cherchaient à traverser les Pyrénées ? Combien de Français ont-ils dû prendre la route pour fuir devant les troupes allemandes ? Et n’oublions pas que le nettoyage ethnique n’a pas été inventé au Moyen-Orient. Il a été pratiqué en Europe, pendant la guerre avec le génocide des juifs et des Roms et au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, avec la chasse et le massacre des minorités. Triste tradition qui a resurgit lors de la guerre dans l’ex-Yougoslavie.

    Qu’est-ce qui nous garantit que ce qui a été notre passé ne sera pas aussi, demain, notre avenir ?

    Alors oui, nous sommes tous des migrants en puissance et nous devons reconnaître en ces femmes et ces hommes nos sœurs et nos frères de classe !

    Pour contrer cette évolution que le capitalisme en crise porte en lui, les phrases pacifistes ne suffiront pas.

    Le prolétariat est confronté à une responsabilité historique qui dépasse, et de très loin, la seule défense de ses intérêts matériels. Contre les cliquetis d’armes, contre le climat guerrier, contre les massacres de peuples entiers, les déclamations pacifistes ne servent à rien. La véritable question qui se posera tôt ou tard à l’humanité est celle de mettre fin à une organisation sociale qui porte en elle, en permanence, la menace d’une guerre.

    La lutte qui décidera du sort de l’humanité dépend de la capacité des travailleurs de renverser le pouvoir de la bourgeoisie et de mettre fin au système capitaliste. Il s’agit le prolétariat, de bien plus que de se défendre et de s’opposer à son appauvrissement.

    L’histoire nous rappelle une autre période du passé où la crise économique a été à l’origine de la marche vers la guerre. 1936 est une date ô combien importante, notamment dans l’histoire du mouvement ouvrier ici, en France. D’un côté, cela a été une formidable mobilisation ouvrière. D’un autre côté, le fait est que, de par la trahison des grands partis réformistes de cette époque, la mobilisation n’a pu aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au renversement du pouvoir de la bourgeoisie. Aussi importantes qu’aient pu être les conquêtes de la classe ouvrière de l’époque, elles ont été englouties, trois ans après, par la guerre mondiale.

    Les ancêtres de nos souverainistes, de droite comme de gauche, claironnaient les mêmes stupidités protectionnistes et isolationnistes qu’aujourd’hui. Mais la réalité de la mondialisation s’est imposée de la pire manière possible, par une guerre mondiale.

    Oui, la classe ouvrière est aujourd’hui en retard par rapport à la tâche que l’histoire lui assigne et qu’elle est la seule classe sociale à pouvoir imposer.

    Notre problème aujourd’hui n’est pas seulement d’en comprendre les causes, dont la plus importante a été la trahison des partis réformistes qui ont mis leur influence dans la classe ouvrière au service de la bourgeoisie.

    Notre problème, c’est de préparer l’avenir. Et d’œuvrer pour que le prolétariat se redonne une direction politique qui lui permette d’abord de retrouver conscience de ses intérêts de classe et confiance en ses forces pour se défendre à l’intérieur de la société capitaliste, pour acquérir la capacité de mettre fin au capitalisme.

    Je l’ai dit hier, c’est dans cette perspective que nous plaçons notre participation aux élections. Et une fois les élections terminées, c’est dans cette perspective que nous placerons toutes nos activités.

    Le parti que nous voulons construire n’est pas un parti simplement pour dénoncer les mille et une infamies de la société capitaliste, ni seulement pour la contester. Il doit être un parti de lutte qui formera des militants capables de saisir toutes les opportunités.

    Ce parti ne peut se construire que sur la base du riche héritage du passé du mouvement ouvrier révolutionnaire, de ses expériences, de ses idées, de ses pratiques. Ce parti ne peut se construire que sur la base des idées de Marx, de Lénine, de Trotsky.

    Ce parti ne pourra se construire qu’en s’implantant dans la classe ouvrière. C’est-à-dire dans les entreprises, dans les quartiers populaires, pour être en situation de gagner la confiance des travailleurs dans les luttes, fussent-elles partielles et limitées.

    Camarades et amis,

    Cette implantation dans la classe ouvrière a toujours été notre activité prioritaire. Pendant longtemps, il s’est agi de maintenir un drapeau contre les multiples formes de réformisme, contre le stalinisme et les multiples formes d’intégration dans la société bourgeoise.

    Mais les crises, aussi douloureuses soient-elles pour les classes exploitées, sont également de formidables accélérateurs de l’histoire. Il n’y aura pas de révolution sociale sans que la classe ouvrière fasse surgir de ses rangs des milliers et des milliers de militants déterminés à se consacrer à l’émancipation de leur classe.

    Ce que des années ou des décennies de très relative stabilité de l’ordre social capitaliste n’ont pu produire, la crise pourra le provoquer.

    Alors, au travail, camarades ! La fête se termine dans quelques heures, et la campagne électorale dans quelques jours. Mais l’activité continue.

    Je vous souhaite bon courage à tous ! Le courage d’abord de persévérer, même lorsque les circonstances ne nous sont pas favorables, mais aussi d’être capables de saisir les occasions lorsque la classe ouvrière se mettra en mouvement.

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