Faire du 7 septembre un succès et un encouragement pour la suite indispensable
Il faut que les grèves et les débrayages du 7 septembre soient largement suivis. Il faut que les manifestations soient massives. Il faut que la participation soit telle que le patronat et le gouvernement la prennent pour un avertissement : c'est l'ensemble du monde du travail qui en a assez !
Il y a bien sûr l'attaque contre les retraites. La date du 7 septembre a été choisie pour coïncider avec le début de la mascarade parlementaire qui devrait entériner une attaque grave contre les retraites de demain et d'après-demain, c'est-à-dire contre tous les salariés. Mascarade parce que le gouvernement dispose d'une majorité confortable au Parlement, une majorité toute dévouée au grand patronat qui réclame depuis bien des années des mesures pour faire des économies sur la caisse de retraite.
Cela fait plusieurs mois que sont mobilisés les domestiques du grand patronat dans les ministères, dans les médias, parmi les économistes, pour nous débiter des balivernes sur la nécessité de reculer l'âge de départ en retraite et l'accroissement du nombre d'annuités de cotisation. Et des propagandistes patronaux qui, de toute leur vie, n'ont jamais rien fait de leurs dix doigts d'expliquer à tous, y compris aux travailleurs sur chaîne de l'automobile, aux ouvriers du bâtiment, aux caissières de supermarché, usés, vidés à 60 ans, qu'ils peuvent travailler bien au-delà ! Tous les travailleurs un peu âgés à la recherche d'un emploi savent pourtant que pour n'importe quel patron, à 50 ans déjà, on est trop vieux !
Et pendant qu'on nous répète qu'il faut que les travailleurs âgés travaillent plus longtemps, des centaines de milliers de jeunes, plus du quart des jeunes à la recherche d'un emploi n'en trouvent pas. Et quand ils en ont un, c'est une mission d'intérim, précaire, mal payée.
Le véritable but du gouvernement n'est pas de donner du travail aux vieux, ni aux jeunes, c'est de racketter les travailleurs en réduisant le montant de leur retraite.
Mais il n'y a pas que cela. Cette attaque en est une parmi bien d'autres, venant les unes du gouvernement, les autres du patronat lui-même : blocage des salaires ; intensification du rythme du travail ; multiplication des licenciements collectifs ; augmentation des cotisations d'assurance maladie et en même temps réduction des prestations ; hausse du prix de l'électricité, du gaz, et mille autres ignominies petites et grandes. Sans parler de la dégradation de tous les services publics, écoles, hôpitaux, transports, poste, qui est une autre forme d'atteinte grave aux intérêts des classes populaires.
Toutes ces attaques contre les salariés, contre ceux qui produisent les richesses dans ce pays, contre les pauvres, pour quoi faire ? Pour que, malgré la crise de leur économie, les profits des grandes entreprises capitalistes retrouvent leur niveau d'avant ! Les bénéfices des 40 plus grandes entreprises, les fameuses "CAC 40", sont en augmentation de 86 % par rapport à l'année dernière !
Et les profits en croissance ne servent à rien d'autre qu'à engraisser les gros actionnaires. Pendant que des centaines de milliers de familles ouvrières frappées par le chômage tombent dans la misère, la milliardaire Liliane Bettencourt, qui s'enrichit de l'exploitation des conditionneuses du trust L'Oréal, peut s'acheter une île sous les tropiques pour se changer de sa luxueuse résidence de Neuilly et se payer des ministres comme d'autres se payent des chevaux de course...
Alors, au-delà des retraites, il faut affirmer que les salariés en ont assez de ce monde pourri où ceux qui travaillent deviennent de plus en plus pauvres, et les parasites de plus en plus riches !
Il est possible de faire reculer gouvernement et patronat. Juppé a bien dû reculer en 1995 et Villepin en 2006. Mais rappelons-le : ce n'est pas une seule journée, même réussie, qui les a fait craquer. C'est une mobilisation croissante avec une succession de grèves et de manifestations qui ont fait craindre au gouvernement de perdre le contrôle de la situation.
Alors, il faut que le 7 septembre soit un succès et un avertissement ! Il faut que le grand patronat, que le gouvernement sentent que nous ne sommes pas quittes pour autant et que nous ne nous contenterons pas d'un baroud d'honneur !