Procès de l’explosion d’AZF : Circulez, y’a rien à voir !
32 morts, 20 000 blessés graves, des paralysés, des aveugles , des sourds, 60 000 appartements touchés, la quart d'une ville endommagé, et ... pas de coupable : relaxe pour tous !
Cette relaxe générale des prévenus dans le procès de l'explosion de l'usine AZF a abasourdi et révolté à juste titre les victimes, leurs familles et plus généralement la population des quartiers sinistrés.
Les peines demandées à l'issue d'un procès spectacle de quatre mois, étaient déjà insignifiantes, et ne concernaient que les seconds couteaux et pas le vrai responsable, le donneur d'ordre TOTAL. Mais même ce minimum leur a été épargné.
Tout aussi ahurissants que le délibéré du Tribunal sont les attendus du jugement. Il affirme que Grande Paroisse a fait de graves fautes organisationnelles qui ont conduit au mélange de produits incompatibles. Il affirme que le scénario de la catastrophe a été parfaitement reconstruit par l'enquête scientifique. Il affirme que le collège d'expert a parfaitement démontré les mécanismes de l'explosion. Il affirme d'autre part que Total a cherché à disqualifier le collège d'expert avec des méthodes malhonnêtes. Il reconnaît que Total a mis en place dans les heures qui ont suivi la catastrophe une commission d'enquête interne qui a effacé les traces, qui a travaillé à travestir la vérité. Et le tribunal conclut ... à la relaxe, faute de la preuve certaine.
Il faut croire que Total est au dessus de la justice, au dessus de la police, au dessus des lois. Total a donc tous les droits. Et plus généralement, ce jugement donne un blanc-seing aux industriels. Désormais ils peuvent tuer, blesser, détruire des villes en toute impunité. Ils sont donc intouchables, ils font ce qu'ils veulent.
Total est la première puissance industrielle européenne, là est le vrai pouvoir. Devant la scène il y a des marionnettes, une justice, un gouvernement, et derrière la scène il y a ceux qui tirent les ficelles, il y a le vrai pouvoir, il y a le pouvoir économique d'une poignée de profiteurs. Ce sont ces grands groupes industriels comme Total, tout comme ces grands groupes financiers, qui dirigent la société en coulisses.
Cette dictature est déjà insupportable quand elle se traduit par des vagues de licenciements, le spectre de la misère pour les familles et la ruine de régions entières. Elle est révoltante quand elle fait exploser une usine en ravageant le quart d'une grande ville.
Le procès devait être pédagogique. D'une certaine façon il l'a été. La conclusion de cette infamie, c'est que la population devra rendre justice elle-même, par ses luttes et ses mobilisations, en imposant son contrôle direct sur les agissements et les décisions de tous ces grands groupes pour les empêcher de nuire. Et en imposant leur expropriation s'ils ne s'y soumettent pas.