Liberté de circulation

 

A l’opposé de l’orientation réactionnaire, antimigrants, pour ne pas dire raciste, qu’a pris le début de la campagne présidentielle, je suis fière de dire « bienvenue » aux femmes et aux hommes forcés d’émigrer. Je suis l’une des rares candidates à considérer que les femmes et les hommes qui se massent à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, ceux qui depuis Calais essayent de traverser la Manche à leurs risques et périls font partie intégrante de mon camp, le camp des travailleurs. Qu’ils soient présentés comme des menaces m’est insupportable.

Comme nous, ces femmes et ces hommes avaient un toit, une famille, un métier. Ils étaient cuisiniers, maçons, ingénieurs, médecins… Ils ont vu leur monde s’effondrer sous un déluge de bombes ou se sont retrouvés plongés dans la misère. Beaucoup d’entre eux se retrouveront, demain, à travailler à nos côtés.

Sans les immigrés, le bâtiment, les hôpitaux, les aéroports, l’hôtellerie, les secteurs du nettoyage, du gardiennage, du transport, de l’industrie automobile ou de l’agroalimentaire ne pourraient pas fonctionner. Les travailleuses et travailleurs immigrés sont nos sœurs et nos frères d’exploitation, à qui le patronat réserve bien souvent les emplois les plus durs et les plus mal payés.

Oui, le camp des travailleurs est composé de femmes et d’hommes qui, au-delà de leurs différences de religion, de nationalité ou de couleur de peau, se mélangent parce qu’ils travaillent ensemble, parce qu’ils souffrent ensemble et parce qu’ils sont appelés à se battre ensemble.

 

Les frontières ne sont là que pour les plus pauvres, pour les travailleurs, parce que quand on a un portefeuille bien garni, quand on est millionnaire, passer une frontière est une simple formalité administrative. Eux sont accueillis à bras ouverts ! Jamais personne n'a traité un émir du Qatar de migrants, pour lui les grands hôtels parisiens sont toujours ouverts.

La liberté de pouvoir se déplacer afin de trouver un emploi et un salaire pour vivre fait partie des droits que l’on doit arracher pour tous les travailleurs.

Alors il faut revendiquer la liberté de circulation et d'installation et se préparer à accueillir ces femmes et ces hommes chassés de chez eux comme des frères et des sœurs, parce que la plupart travailleront demain sur les lignes de découpe dans les abattoirs ou sur les chantiers. Ils seront nos frères, nos sœurs de souffrance, et si on sait nous adresser à eux, ils seront nos frères et nos sœurs de combat. Nul doute qu’avec leur expérience et leur courage, ils apporteront des forces précieuses.