Venezuela  : menaces guerrières03/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2992-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1279%2C1657_crop_detail.jpg

Dans le monde

Venezuela  : menaces guerrières

Trump a annoncé le 29 novembre que l’espace aérien au-dessus et autour du Venezuela devait être considéré comme fermé. Ne sachant pas si cela signifiait l’imminence d’une intervention militaire américaine, des compagnies aériennes ont immédiatement annulé leurs vols par prudence.

Cette sortie de Trump, comme d’autres égrenées au fil des semaines sur de possibles bombardements ou débarquements sur les plages vénézuéliennes, fait partie de la pression grandissante qu’exerce l’impérialisme américain. Trump accuse Maduro, le président du Venezuela, d’être à la tête du prétendu « cartel des soleils », les soleils étant les étoiles que les généraux vénézuéliens portent sur leur uniforme.

L’accusation de narcotrafic et de terrorisme sert à encourager le renversement d’un gouvernement qui n’est pas aligné sur Washington. C’est la justification donnée au rassemblement d’une flotte militaire considérable, avec porte-avions, dans la mer des Caraïbes. En même temps, sur les bases américaines de Porto Rico et de Guantanamo, à Cuba, des missiles sont préparés ainsi que des troupes prêtes à débarquer.

Depuis trois mois, la marine américaine a coulé 21 bateaux accusés sans preuve de transporter de la drogue et tué 83 personnes, dont au moins quelques pêcheurs colombiens, touchés même s’ils se trouvaient le long des côtes du Pacifique, bien loin du Venezuela.

Aux yeux du public américain, et particulièrement de l’électorat qui a pu croire à ses paroles de paix, Trump justifie cette escalade guerrière en avançant que chaque bateau coulé « sauve la vie de 25 000 Américains » menacés par la drogue.

Récemment la presse des États-Unis a révélé que, le 2 septembre, la marine américaine avait endommagé un bateau en tirant un premier missile et qu’ensuite, ayant capté l’appel à l’aide de deux survivants blessés, elle les avait achevés en tirant plusieurs autres missiles. Ces révélations ont mis en difficulté le Pentagone puisque son propre manuel stipule que « les militaires doivent refuser d’appliquer des ordres en violation avec les lois de la guerre. Par exemple l’ordre de tirer sur des naufragés serait clairement illégal. »

Trump ne s’arrête évidemment pas à ces considérations et soutient ses généraux et son ministre de la Guerre. Il a décrété que les civils présents sur les bateaux coulés étaient des « combattants ennemis » et que les États-Unis étaient « formellement » en guerre contre les cartels de la drogue. Peu importe que le droit de déclarer la guerre appartienne au Congrès et pas au président.

Bien plus qu’au problème de la drogue, l’impérialisme américain s’intéresse aux immenses gisements d’hydrocarbures du Venezuela, estimés à 20 % des réserves mondiales. Or, depuis 25 ans, suite à l’accession au pouvoir de Chavez, suivi après sa mort de Maduro, les compagnies pétrolières américaines ne contrôlent plus entièrement ce pactole potentiel. Les dirigeants des États-Unis lorgnent sur ce pétrole et ont bien souvent manœuvré pour mettre au pouvoir des politiciens vénézuéliens à leur main.

C’est peut-être à ce sujet que Trump et Maduro ont récemment communiqué par téléphone, bien que le premier ait promis 50 millions de dollars pour des informations menant à l’arrestation du second.

Entre menaces militaires ouvertes, pressions diplomatiques plus discrètes et peut-être discussions secrètes sur le partage de la manne pétrolière, Trump entretient l’incertitude sur le proche avenir. La population vénézuélienne, quelle que soit son opinion sur le régime autoritaire de Maduro, ne peut rien attendre de bon de cette crise, sinon peut-être des bombardements, un appauvrissement supplémentaire du fait d’un pillage plus direct du pétrole par les multinationales américaines, voire les affres d’une véritable guerre.

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