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Dans le monde
OTAN : union sacrée pour l’armement
En visite à Londres, le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a réaffirmé l’objectif d’une accélération de la hausse des dépenses militaires des pays membres de l’alliance.
« En Ukraine, la Russie sème la terreur par le ciel », a-t- il déclaré, justifiant ainsi la nécessité, selon lui, d’une augmentation de 400 % des capacités de défense aérienne et antimissiles de l’OTAN. Sans aller jusqu’à évoquer une invasion terrestre russe – scénario hautement improbable à ce jour –, Rutte a également plaidé pour l’achat de milliers de chars et de millions d’obus supplémentaires. « L’OTAN doit devenir plus forte et plus létale », a-t-il ajouté. Autrement dit, il s’agit de pouvoir tuer plus, et plus vite.
Pour cela, il faudrait selon Rutte que les pays membres consacrent 5 % de leur PIB à l’armement : 3,5 % pour les dépenses militaires à proprement parler, et 1,5 % pour des dépenses dites de sécurité, comme la cybersécurité ou les infrastructures logistiques permettant un déploiement rapide des forces. À l’échelle des 32 membres actuels de l’OTAN, cela représenterait plus de 1 100 milliards de dollars supplémentaires chaque année par rapport au montant de leurs dépenses militaires en 2023.
Entre 2017 et 2024, le Canada et les pays européens ont déjà augmenté leurs dépenses militaires de 700 milliards de dollars. Nombre d’entre eux ont atteint l’objectif des 2 % du PIB fixé en 2014 par l’OTAN. C’est le cas de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et du Royaume-Uni. La Pologne détient le record européen, consacrant déjà 4,7 % de son PIB à l’armée. Mais ce n’est pas encore assez, car les dirigeants de ces États se préparent à une multiplication des conflits, voire à une guerre généralisée entre grandes puissances, avec la Chine dans le viseur. Brandir la menace russe, comme le fait Rutte, est un prétexte pour cet objectif plus large.
Derrière les déclarations de celui-ci, il y a aussi la pression des États-Unis pour que leurs alliés européens participent davantage au financement des guerres d’aujourd’hui, en particulier en Ukraine, et de celles de demain. Il l’a poliment exprimé en réclamant que l’OTAN devienne une alliance « plus équitable », allusion au fait que les dépenses militaires américaines surpassent, et de loin, celles de tous les autres membres. Trump avait été plus direct il y a quelques mois, lorsqu’il menaçait les pays européens qui n’atteindraient pas l’objectif des 5 % de les priver de la protection de l’armée américaine en cas de conflit.
L’impérialisme américain est en position de force pour imposer à ses alliés de mettre davantage la main à la poche. Mais, au-delà de ces tractations, tous les dirigeants des pays de l’OTAN, des États-Unis à l’Europe en passant par le Canada, sont d’accord sur l’essentiel : il faut des armes et encore des armes pour être prêts à défendre par la force les intérêts impérialistes dans le monde, quel qu’en soit le coût financier et humain.