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- Lutte ouvrière n°2967
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Leur société
Mort de Nahel : assises pour le policier assassin ?
Mardi 3 juin, les juges d’instruction ont décidé du renvoi du policier qui avait tué le jeune Nahel à Nanterre en juin 2023 devant une cour d’assises pour meurtre.
Une fois n’est pas coutume, la légitime défense n’a pas été retenue. Il faut dire qu’une vidéo montrait le policier tirant à bout portant dans le thorax du conducteur d’une voiture qui avait refusé plusieurs fois de s’arrêter. Les policiers, si sûrs de leur impunité, conseillaient à leur collègue de le « shooter ». Le garçon de 17 ans, accusé uniquement de faire du rodéo en ville, a donc été assassiné. Ce crime avait provoqué la colère des habitants du quartier trouvant scandaleux le décalage entre le délit commis par Nahel et la réaction de la police. Durant plusieurs jours, des émeutes avaient secoué les quartiers de nombreuses villes en France. Les jeunes exprimaient leur rage face à une police qui les traite comme des criminels en puissance, des citoyens de seconde zone ou même des parias. Et les mensonges du policier justifiant son crime par la légitime défense avaient encore attisé la colère. Malheureusement, comme souvent depuis des années, celle-ci s’était traduite par des dégradations stupides et aveugles de bâtiments publics, de voitures des habitants des quartiers et même des pompiers.
Bien des jeunes interpellés ont alors écopé de peines disproportionnées lors de comparutions immédiates, pendant que la presse se déchaînait contre eux, y compris pour couvrir les causes de départ de ces flambées de violence.
Mais les autorités furent obligées de prendre en compte cette colère. Le policier qui avait tué Nahel a passé quatre mois en détention provisoire, ce qui est rare dans ce genre d’affaires.
Finalement un procès pour homicide volontaire pourrait avoir lieu, ce qui est encore plus rare. Mais il est encore suspendu au fait que le policier a fait appel de la décision de renvoi en cour d’assises. Et rien ne dit de toute façon qu’il sera condamné.
Mais dès maintenant, les représentants des forces de répression hurlent à l’injustice. L’avocat de ce policier proclame sans vergogne qu’en tuant un jeune de 17 ans il aurait « sauvé des vies ». On retrouve bien là la propagande sécuritaire et la démagogie qui veulent que les policiers soient au-dessus des lois. Pour que les bourgeois puissent dormir en paix en sachant leurs coffres-forts bien protégés, leurs hommes de main sont laissés libres de jouer aux cow-boys dans les banlieues populaires.