Haïti : la population contre la loi des gangs14/05/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/05/une_2963-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C5%2C1265%2C1645_crop_detail.jpg

Dans le monde

Haïti : la population contre la loi des gangs

Dans leur journal La Voix des travailleurs du 1er mai, nos camarades haïtiens de l’OTR (Organisation des travailleurs révolutionnaires – UCI) dénoncent la situation dramatique en Haïti.

« Le chaos qui ravage Haïti, et particulièrement sa capitale Port- au-Prince, atteint un degré d’horreur sans précédent. Plus de 80 % de la capitale est sous la coupe de gangs armés, issus des entrailles pourries d’un système économique et social dominé par une poignée de riches parasites. Des quartiers entiers sont vidés de leurs habitants, transformés en champs de ruines. Les écoles et les hôpitaux sont incendiés, pillés. Les rares entreprises encore debout ferment en série, laissant des milliers de travailleurs sur le carreau. Les marchés publics sont déserts ou occupés par des bandes

Port- au-Prince, jadis cœur économique et politique du pays, est aujourd’hui un cimetière à ciel ouvert, une ville agonisante, coupée du reste du pays et du monde. Routes bloquées, ports et aéroports paralysés, rues désertées ou aux mains des bandes armées : telle est la sinistre réalité quotidienne. Sur les principales artères et routes nationales, les bandits érigent des postes de péage improvisés, dévalisant chauffeurs et passagers sous la menace des armes, aggravant la paralysie économique et la terreur généralisée.

Mais ce chaos n’est pas tombé du ciel. Il est l’aboutissement de plus de cinq siècles de pillage, de dépeçage systématique de ce coin de terre par les puissances occidentales : de l’Espagne aux États-Unis, en passant par la France et l’Angleterre. Les classes possédantes locales et leurs valets politiciens ont repris le flambeau de cette mise à sac, poursuivant avec zèle l’œuvre d’exploitation et de destruction au détriment des masses laborieuses.

Ce n’est pas une malédiction mais le résultat direct de la domination séculaire des classes possédantes et de leurs valets. Depuis des décennies, ces parasites s’enrichissent en affamant les travailleurs, en privant les jeunes d’éducation, en condamnant les masses à la misère. Aujourd’hui, les bandes armées, qu’elles ont nourries et instrumentalisées pour se maintenir au pouvoir, échappent à leur contrôle et plongent tout le pays dans l’abîme. Bien avant cette explosion de barbarie, la situation était déjà infernale pour les classes populaires : chômage endémique, inflation galopante, conditions de vie déplorables. Aujourd’hui, cette misère s’est transformée en un véritable enfer avec la dictature des gangs. C’est l’anéantissement pur et simple de toute forme de vie digne.

Face à cette barbarie, il n’y aura pas de solution venant d’en haut, ni des valets locaux, ni de la prétendue « communauté internationale » représentant les intérêts des puissances impérialistes. La seule force capable de sauver le pays et sa population pauvre, c’est celle des classes populaires elles-mêmes.

Déjà, des signes d’espoir surgissent. À Léogâne, à Canapé-Vert, à Delmas, dans plusieurs zones du Sud, du Nord, du Nord-Ouest, des habitants organisent des brigades de vigilance, chassent les bandits, bloquent les tentatives d’infiltration. Les riverains des quartiers populaires, les déplacés des camps, par milliers, expriment leur ras- le-bol et leur soif de dignité à travers des manifestations et des rassemblements.

C’est dans ces mobilisations populaires, dans ces initiatives d’autodéfense locale que réside la solution et elles doivent être dirigées, contrôlées par les travailleurs et les pauvres des quartiers. Mais il faut aller plus loin : il faut fédérer ces résistances, les étendre à tout le pays, en faire un véritable soulèvement national contre les gangs et contre ceux qui, depuis des générations, exploitent et écrasent les masses pauvres. »

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