Une classe dirigeante et un système social à renverser ! 20/04/20202020Éditorial/medias/editorial/images/2020/04/LupoTravail11MaiMedef.jpg.420x236_q85_box-0%2C187%2C2000%2C1312_crop_detail.jpg

Editorial

Une classe dirigeante et un système social à renverser !

Illustration - Une classe dirigeante et un système social à renverser !

Dimanche, le Premier ministre a introduit son long satisfecit en déclarant : « Nous avons réussi le confinement ensemble, nous allons ensemble réussir le déconfinement ». De qui se moque-t-il ?

Les soignants ont été envoyés au front sans armes ni munitions pendant de longues semaines. Le personnel des Ehpad et les aides à domicile restent, pour la plupart, livrés à eux-mêmes. Les salariés qui ont continué de travailler le font souvent sans les protections élémentaires.

Quant au confinement, il plonge des millions de familles populaires dans des difficultés matérielles, financières et psychologiques insupportables. Il ne reproduit pas seulement les inégalités sociales, il les creuse. Les plus précaires ont tout simplement perdu leur gagne-pain. Les autres voient leur salaire amputé de 200 à 300 € suite au chômage partiel, alors que leurs dépenses augmentent du fait, notamment, de la fermeture des cantines. Le gouvernement se targue d’aider les plus démunis, mais le fait est que les files s’allongent devant les restos du cœur ou le Secours populaire !

Alors oui, les inégalités s’aggravent, y compris sur le plan scolaire où beaucoup d’enfants ont décroché. Macron et Blanquer prétendent que l’école rouvrira le 11 mai pour les pallier. Là encore, ils nous mentent : cette décision a été arrachée par le grand patronat de façon à ce que les salariés soient libérés pour retourner se faire exploiter.

Philippe présente le confinement comme une « stratégie » réfléchie. Mais il navigue à vue depuis le début de la crise. Cette gestion erratique n’est pas uniquement due aux nombreuses inconnues soulevées par ce nouveau virus. Elle résulte aussi des pressions du grand patronat pour que la production reprenne au plus vite et elle est amplifiée par des décennies d’abandon des hôpitaux sacrifiés à la course à la rentabilité et la financiarisation.  

Si le confinement dure, c’est que l’État est incapable de dépister en masse pour isoler les malades et casser les chaînes de transmission. Comme il est incapable, au bout de trois mois de crise, de fournir les masques, les surblouses et les gants en quantité nécessaires.

Cette crise sanitaire révèle la faillite de toute notre organisation sociale et l’irresponsabilité de la bourgeoisie qui la dirige. Le grand patronat dispose des moyens industriels et des compétences pour produire ce dont on manque. Il emploie des ingénieurs habitués à résoudre des problèmes autrement plus complexes que de fabriquer des masques et des écouvillons pour les tests ! Il sait où trouver fournisseurs et matières premières. S’il en avait la volonté, il accélèrerait les choses.

Eh bien non ! Les travailleurs, les exploités, « ceux qui ne sont rien » d’après Macron, démontrent tous les jours qu’ils savent se dévouer pour la collectivité. La bourgeoisie fait la démonstration inverse. Même en pleine épidémie, elle est aveuglée par ses intérêts égoïstes, ses parts de marchés et ses cours boursiers.

Cette crise sanitaire a déclenché une crise économique sans précédent. Comme pour toutes les crises, la bourgeoisie cherchera à la faire payer aux travailleurs. Elle fait pression depuis des semaines pour que tous les travailleurs reprennent le chemin des usines quoi qu’il en coûte pour leur santé et celle de leur famille.

Dans nombre d’entreprises, elle a réussi à voler des jours de RTT, voire une ou plusieurs semaines de congés payés, alors même que l’État s’est substitué à elle pour payer, avec notre argent, le chômage partiel ! Et plus la crise se prolongera, plus les attaques seront dures.

Certains porte-parole patronaux anticipent déjà des plans de licenciements massifs et calculent le nombre des futurs « morts économiques », comme s’ils étaient tout aussi inévitables que les victimes du Covid. Ils font passer pour la fatalité ce qui n’est rien d’autre que la lutte de classe. Et s’il n’y a pas encore de traitement ni de vaccin contre le virus, les travailleurs ont, eux, le remède contre ces attaques patronales : ce sont les luttes collectives.

Au-delà des combats pour défendre leur vie au jour le jour, les travailleurs ont à se poser le problème de l’organisation sociale dans son ensemble. L’humanité finira par trouver la réponse au défi lancé par ce virus inconnu. Mais dans le cadre du capitalisme, on ne pourra pas éradiquer les maux aussi anciens que la misère et la précarité, le manque de logements, l’abandon des services utiles à la population, sans parler des crises et du sous-développement des pays pauvres.

Il s’agit d’un défi que seuls les travailleurs peuvent relever. Et ils le remporteront s’ils renouent avec le combat des générations anciennes visant à contester cette organisation basée sur l’exploitation et la domination d’une classe sociale.         

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