Editorial

Travailleurs, sauvons-nous nous-mêmes !

Travailleurs, sauvons-nous nous-mêmes !

Le déconfinement se fera-t-il le 11 mai ? Les écoles rouvriront-elles ? Retrouverons-nous notre liberté de mouvement ? À une semaine de l’échéance, le gouvernement est incapable de l’assurer. On se demande d’ailleurs bien ce qu’il est capable de faire !

Les hôpitaux et la chaîne de soins ont fait face à la première vague de l’épidémie grâce à la conscience professionnelle et au dévouement des personnels. Mais pour ce qui dépend de l’État, on ne voit qu’incurie, mensonges et improvisation.

La semaine dernière, le gouvernement a même réussi l’exploit de publier une carte du déconfinement truffée d’erreurs, alors qu’il ne s’agissait que d’établir l’état des lieux département par département !

Il y a une semaine, le mot d’ordre était « dépister, tracer et isoler ». Les autorités sanitaires en sont toujours incapables. Le ministre de la Santé visait 700 000 tests par semaine à partir du 11 mai. Où en sommes-nous ? À 150 000 ? 250 000 ? Impossible de le savoir car les tests effectués sur le terrain ne sont pas centralisés et comptabilisés.

Quant à la gestion des masques, elle est révoltante. Pour nier la pénurie, le gouvernement a d’abord menti sur leur utilité. Et les voilà devenus obligatoires dans les transports en commun. Obligatoires et… payants ! Encore une fois, pour la population, ce sera : « Débrouillez-vous ! »

Irresponsabilité vis-à-vis de la société et mépris pour les plus pauvres, voilà comment le gouvernement gère cette crise. Et on peut en dire autant de la bourgeoisie et de ceux qui dirigent les grands groupes industriels et financiers. Et pour eux, il ne s’agit ni d’incompétence ni d’impuissance techniques. On le voit avec les enseignes de la grande distribution qui vendent maintenant des masques chirurgicaux.

Après avoir lancé leurs commandes il y a une douzaine de jours, elles annoncent déjà disposer de 400 millions de masques. Dans la guerre des masques, elles battent l’État à plate couture !

Mais quand ces masques étaient une question de vie et de mort pour les soignants et les salariés envoyés au front, alors que des centaines de milliers de femmes et d’hommes s’organisaient pour en fabriquer avec leurs moyens artisanaux, ces enseignes n’ont pas bougé le petit doigt. Elles se réveillent maintenant, pour en tirer profit !

Ce drame sanitaire montre la faillite des classes dirigeantes. Il faut donc être conscient que notre vie et l’avenir de la société dépendent de nous-mêmes, de notre monde, celui des travailleurs.

L’épidémie de coronavirus nous plonge dans une situation inconnue sur les plans sanitaire et économique. Mais une chose ne change pas : le grand patronat raisonne et agit pour les actionnaires, pour les intérêts d’une mince couche de privilégiés qui s’enrichit sur notre dos. Et toute la politique du gouvernement consiste à le soutenir. Alors, la première des choses est de ne pas faire confiance à tous ces dirigeants.

Même dans les entreprises où de beaux protocoles sanitaires existent, il revient aux salariés eux-mêmes, à partir de la réalité de leurs postes de travail, des cadences et des pressions à la productivité, d’imposer les conditions de sécurité qu’ils jugent nécessaires. Même les consignes édictées par le gouvernement ne seront appliquées que si les travailleurs les font respecter. Nous travaillons pour gagner notre vie, pas pour la perdre, alors il faut imposer le contrôle ouvrier sur nos conditions de travail !

Derrière la lutte contre le coronavirus, la lutte de classe continue : vol de congés payés et de RTT, renvoi d’intérimaires et de sous-traitants. Et ce n’est là que le début, cette lutte va s’exacerber au fur et à mesure que la crise économique s’aggravera.

Les grands groupes qui vont toucher des millions, voire des milliards de la part de l’État au nom de la sauvegarde des emplois, vont en supprimer des milliers. Airbus, Air France, Safran ou la SNCF ne le cachent pas. Mais combien d’autres sont en préparation ?

Il faut être conscient de ce qui nous attend pour y faire face. Car les travailleurs aussi peuvent écrire l’histoire. Dans cette crise sanitaire, ils ont fait preuve d’initiatives, de dévouement et d’esprit collectif. La bourgeoisie et son gouvernement ont fait la démonstration inverse.

Il n’y a pas à accepter qu’une couche sociale privilégiée dont les intérêts sont aux antipodes de la société dicte sa loi. L’écrasante majorité de la population a intérêt à ce que les travailleurs prennent la direction de la société. C’est forts de cette conscience que nous pourrons combattre efficacement pour sauver nos emplois et nos salaires et aller jusqu’à changer le monde.

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