Non, le gouvernement n'en a pas fini avec la contestation !20/01/20202020Éditorial/medias/editorial/images/2020/01/2010_manif.jpg.420x236_q85_box-138%2C0%2C662%2C295_crop_detail.jpg

Editorial

Non, le gouvernement n'en a pas fini avec la contestation !

Illustration - Non, le gouvernement n'en a pas fini avec la contestation !

Aujourd'hui, alors que la plupart des grévistes de la SNCF et de la RATP sont allés jusqu’au bout de leurs possibilités avec 30, 40 ou 50 jours sans salaire, des milliers de femmes et d’hommes continuent la grève. Et la nouvelle journée de grèves et de manifestations de vendredi 24 janvier fera sans doute encore le plein.

Ceux qui se battent depuis un mois et demi ne sont pas près de se taire. Tant qu’ils en auront les forces, ils s’opposeront et dénonceront la politique antiouvrière de Macron. Et c’est un encouragement pour tous les travailleurs, car les jusqu’au-boutistes ne sont pas du côté des grévistes et des manifestants. Ils sont du côté de ce gouvernement qui va ajouter des retraités pauvres aux retraités pauvres.

Tout ce week-end, ministres, députés et journalistes à la solde de Macron et de Philippe ont brodé sur le prétendu tournant radical et violent pris par le mouvement, parce que les actions et les comités d’accueil se multiplient pour conspuer Macron et les élus de la majorité. Mais les images de manifestants battus à terre ou matraqués montrent clairement de quel côté se situe la violence.

Oui, le jusqu’au-boutisme est du côté du gouvernement et de ce grand patronat rapace, capable de tout pour faire les poches des travailleurs. Il est du côté de ces grands actionnaires qui enchaînent les plans de licenciements et imposent des salaires indignes pour ajouter des zéros à leurs millions ou leurs milliards de profits.

Pendant que nous nous battons pour ne pas perdre 200, 300 ou 400 euros sur nos retraites, Carlos Ghosn réclame, en guise de bons et loyaux services rendus à Renault, une retraite chapeau annuelle de 770 000 euros – ce que bien peu de travailleurs gagnent en une vie. Et, cerise sur le gâteau, il revendique en plus l’attribution de 15 millions en actions !

 Macron a accueilli au château de Versailles les porte-paroles des vrais maîtres de la société : quelque 200 PDG de grands groupes internationaux. Entre le repas et la visite des appartements de la Reine, il a sans doute promis à ces seigneurs des temps modernes de nouvelles réductions d’impôts. Il les a assurés de tout son soutien pour qu’ils disposent de travailleurs exploitables et corvéables à merci.

C’est cette politique au service de ces prédateurs qui alimente l’exaspération des classes populaires.

Le mouvement des gilets jaunes avait déjà montré que la colère était profonde dans le monde ouvrier des petites entreprises, chez les femmes précaires, les artisans et les retraités. La mobilisation de ces dernières semaines en donne la mesure dans des couches encore plus larges puisqu’elle a touché les transports mais aussi l’Éducation nationale, la Culture, la Justice et les hôpitaux.

Nul doute que la colère couve aussi dans l’écrasante majorité de la classe ouvrière qui n’a pas encore bougé. Elle s’est accumulée pendant des années d’attaques ininterrompues venues des gouvernements successifs comme du grand patronat. Salaires, emplois, conditions de travail, droits des travailleurs, accès aux services publics, tout y est passé. Alors, cette colère éclatera inévitablement.

Où que l’on travaille, dans le privé ou le public, dans l’industrie ou les services, nous n’aurons pas d’autre choix que de nous battre, car la bourgeoisie ne s’arrêtera pas là.

En pleine mobilisation sur les retraites, le grand patronat a annoncé de nouvelles vagues de licenciements. C’est le cas par exemple à Auchan. Sans même attendre la fin de la grève la direction de la SNCF a annoncé un plan d’économies d’un milliard. Autrement dit, le hold-up va continuer et, pour ne plus le subir, il faudra emprunter la voie de la lutte collective. 

Aujourd'hui, la contestation se prolonge, ce qui exaspère au plus haut point Macron, Philippe et leur monde bourgeois. Ces Messieurs ont l’habitude de commander et de se faire obéir, et ils découvrent que les travailleurs peuvent rendre les coups. Eh bien, il va falloir qu’ils s’habituent !

Les cheminots et les agents de la RATP ont fait la démonstration qu’il était possible de faire sauter la chape de plomb de la résignation. Ils ont prouvé que, malgré les tentatives patronales de divisions et toutes les pressions qui poussent les travailleurs à se taire, ils sont capables de relever la tête et de s’unir dans la lutte pour se faire respecter.

C’est une leçon qui fera son chemin dans la conscience des millions de travailleurs qui, chaque jour, sont poussés un peu plus à bout.

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