Discours de Nathalie Arthaud lors du meeting au Cirque d'hiver à Paris (30 septembre 2016)30/09/20162016Brochure/static/common/img/contenu-min.jpg

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Discours de Nathalie Arthaud lors du meeting au Cirque d'hiver à Paris (30 septembre 2016)

Au sommaire de la brochure

Sommaire

    Chers amis, chers camarades, travailleuses, travailleurs,

     

    La campagne pour la présidentielle est lancée et je voudrais discuter des objectifs qui sont les nôtres et du combat que nous avons à mener.

    Habituellement, les campagnes électorales s’organisent autour de l’affrontement gauche/droite, avec d’un côté la droite qui revendique une politique ouvertement propatronale et de l’autre, le parti socialiste qui tente de plaire, ne serait-ce qu’en paroles, à l’électorat populaire.

    Cette fois, les principaux candidats de gauche et de droite ont choisi de faire du terrorisme et des migrants le centre de la campagne. C’est le fonds de commerce que se disputent Le Pen et Sarkozy. Mais comme Hollande ne peut pas rejouer la comédie de « mon ennemi, c’est la finance », c’est aussi sur ce terrain qu’il espère tirer son épingle du jeu.

    Ce petit jeu à trois donne lieu à une campagne sécuritaire, anti-immigrée et xénophobe répugnante. Il contribue à alimenter un climat anxiogène, renforce les pires préjugés et encourage les plus racistes.

    Il ne faut pas rester à regarder. Contre cette campagne démagogique, il faut que les travailleurs mettent en avant leurs préoccupations, et défendent leurs propres intérêts matériels et politiques. 

    Il y a 6 millions de chômeurs. Et s’il y a des salariés qui vont au boulot la peur au ventre, ce n’est pas à cause du danger terroriste, c’est de peur d’être licencié, c’est parce que les cadences et la charge de travail ne cessent d’augmenter, que la pression des cadres et des chefs est de plus en plus insupportable.

    Des millions de femmes et d’hommes, des centaines de milliers de jeunes vivent dans l’angoisse de ne pas trouver de travail, d’être marginalisés, de tomber dans la misère. Combien n’arrivent pas à avoir un emploi stable, à se loger dignement, à se soigner ? Combien n’arrivent pas à joindre les deux bouts ? Voilà les problèmes quotidiens du monde ouvrier !

    Si nous, travailleurs, nous ne les mettons pas en avant dans cette campagne, personne ne le fera. Affirmer son droit à un emploi, à un salaire, à une retraite digne est une nécessité vitale pour chacun d’entre nous.

    Des centaines de milliers de salariés du privé et du public l’ont dit pendant les quatre mois de la mobilisation contre la loi El Khomri. Ils se sont battus contre l’augmentation du temps de travail, contre la précarité, contre les mensonges patronaux sur le prétendu dialogue en entreprise. Ils ont revendiqué leurs droits.

    L’écrasante majorité des travailleurs, sans forcément participer aux grèves et aux manifestations, s’est reconnue dans ce mouvement et en a été solidaire parce que, de fait, cette mobilisation a exprimé le ras-le bol et les intérêts de l’ensemble de la classe ouvrière. Eh bien, il faut que cette contestation s’exprime aussi dans les élections.

    Regardez Alstom : 6 milliards de bénéfices en dix ans, 30 milliards d'euros de contrats aux quatre coins du monde… et la direction envisage la fermeture de l’usine de Belfort ! Regardez SFR, qui appartient au géant Altice : la direction annonce 5000 suppressions d’emplois. Il y a aussi Airbus, vous savez, la petite PME, eh bien Airbus qui a un carnet de commandes rempli comme jamais, supprime 400 emplois à Marignane dans sa division hélicoptères. 

    Et combien d’autres encore ? Cela fait près de quatre décennies que l’économie est en crise. Les fermetures d’usines, les suppressions d’emplois ne se sont pas arrêtées. Avec le krach de 2008, elles se sont accélérées. Rien que depuis 2012, 887 usines auraient fermé. 

    On nous dit souvent que ce n’est pas si grave parce qu’il y a des reclassements et qu’il suffit d’accepter de bouger un peu. Comme si pour les ouvriers de l’usine Alstom de Belfort, être reclassés à Reischoffen, à 200 km de chez eux, n’était qu’un détail !

    Comment fait-on pour bouger quand on a une maison sur les bras dans une ville déjà sinistrée ? Et si on accepte de changer de région, on court le risque de faire perdre son boulot à son conjoint, de se couper de ses amis, de sa famille alors que le patron ne garantit même pas l’emploi ? En réalité, à chaque fois, l’avenir de milliers d’ouvriers, d’employés, de techniciens, d’ingénieurs est remis en cause.

    Eh bien dans cette campagne électorale, nous appelons les travailleurs à dénoncer cette politique patronale. A affirmer la nécessité de prendre sur les profits pour garantir les emplois, pour répartir le travail entre tous de façon à combattre le chômage et pour augmenter les salaires.

    Crise ou pas crise, la classe capitaliste continue d’accumuler les profits, la grande bourgeoisie à s’enrichir avec la collaboration active de tous les gouvernements, alors nous devons affirmer que les travailleurs ont le droit et le devoir de défendre leur peau ! Nous appelons les travailleurs à affirmer que le monde du travail n’a pas à être sacrifié sur l’autel du grand capital.

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    S’exprimer, se rassembler le plus nombreux possible pour faire entendre le camp des travailleurs au premier tour. C’est ce qu’il y a de plus utile à faire dans ces élections. Parce que l’enjeu n’est pas de savoir qui sera vainqueur au second tour.

    On le sait d’avance, les jeux sont faits, celui qui sortira des urnes en 2017 sera un ennemi des travailleurs. Choisir parmi Sarkozy, Juppé, Hollande, le Pen, c’est choisir celui qui nous attaquera à partir de mai 2017. C’est accepter par avance d’être trompés et sacrifiés. C’est une duperie. 

    Tous aspirent à gouverner pour le compte de la bourgeoisie. Tous raisonnent du point de vue des intérêts patronaux. Tous défendent une politique d’aide au patronat, une politique pour baisser comme ils disent le « coût du travail », pour faciliter la compétitivité et les profits patronaux. Mais la compétitivité et les profits patronaux se font toujours sur le dos des travailleurs.

    A droite, Sarkoy, Juppé et Fillon se déchirent pour accéder à la mangeoire. Mais ils sont d’accord pour retarder encore l’âge de la retraite. D’accord pour dire que les fonctionnaires sont trop nombreux, et les chômeurs trop bien traités. D’accord pour baisser les impôts patronaux et dégrader les services publics. D’accord pour considérer que les salariés ne travaillent pas assez et qu’il faut mettre fin aux 35 heures.

    Oh, les 35h n’existent plus que sur le papier dans nombre d’entreprises. Avec l’annualisation du temps de travail, les heures supplémentaires ne sont plus payées. Mais il suffit de parler des 35h pour que ces Messieurs voient rouge, parce qu’ils ne supportent pas que l’on mette des limites à l’exploitation.

    La droite peut présenter son programme anti-ouvrier avec d’autant plus d’aplomb et de cynisme qu’elle ne fait que reprendre le travail là où le laissent Hollande, Valls, El Khomri et Macron.

    Si la droite peut parler de la retraite à 65 ans, c’est que Hollande a entériné le départ à 62 ans adopté sous Sarkozy et a, en plus, augmenté la durée de cotisation pour toucher une retraite pleine. Si la droite promet de faire 80 à 100 milliards de coupes dans les dépenses publiques, c’est parce que Hollande en a fait 50 !

    D’un même chœur, gauche, droite, ils présentent d’ailleurs tous « ces économies » des finances publiques comme une grande victoire.

    S’il s’agissait de couper dans les milliards de cadeaux faits au patronat, de supprimer la dépense de 40 milliards du pacte de responsabilité et du CICE qui n’a pas créé un emploi alors que Gattaz en promettait un million, oui, on pourrait s’en réjouir. Mais ce n’est pas de cela dont il s’agit.  

    Couper dans la dépense publique signifie toujours dérembourser les soins, mettre les hôpitaux à la diète en les obligeant à devenir rentables quitte ensuite à fermer des lits, à manquer de médecins, d’anesthésistes, de chirurgiens et d’imposer des listes attentes toujours plus longues aux malades ! Cela signifie rogner sur les allocations familiales, sur les APL, restreindre l’accès aux équipements publics, remplir jusqu’à saturation les classes des écoles et des collèges.

    Derrière leurs débats abstraits sur la « réduction des dépenses publiques », il y a toutes ces mesures insidieuses, vite oubliées par les médias mais pour des millions de femmes et d’hommes, elles sont concrètes et contribuent tous les jours à faire reculer leurs conditions d’existence.  

    La gauche et la droite se succèdent au pouvoir depuis des décennies et elles se passent le relais pour remettre en cause les conditions de vie des plus pauvres.

    Ces politiciens peuvent compatir au sort des chômeurs et des ouvriers mal payés, ce sont de bons acteurs et de bons menteurs ! Il leur arrive même parfois de dénoncer les abus patronaux ! Mais ils iront ensuite faire une déclaration d’amour au Medef, car ils n’imaginent pas la société autrement qu’avec une classe d’exploités d’un côté et une minorité d’exploiteurs de l’autre.

    Ils n’imaginent pas d’autre système que cette économie capitaliste, quand bien même elle est complètement irrationnelle, et ne fonctionne qu’au prix de crises économiques toujours plus graves.

     

    Ils n’imaginent pas une seconde, aller à l’encontre des intérêts fondamentaux de la bourgeoisie.

     

    Nous en avons fait l’expérience avec la droite, avec la gauche. Nous n’avons pas fait cette expérience avec le FN. Alors certains autour de nous se disent : « finalement, il n’y que Le Pen qu’on n’a pas essayé ».

    Mais Le Pen, c’est Hollande et Sarkozy, en pire. C’est du faux neuf. Le Front national n’a pas le passif de la gauche et de la droite au gouvernement mais il a un passé politique. Le FN, c’est la France de Vichy et de l’Algérie française avec une grosse couche de maquillage !

    Le Pen père fut élu député en 1956 ; à l’époque, il était parachutiste tortionnaire en Algérie. Il est aujourd’hui mis de côté mais au cœur du FN, il y a toujours les mêmes idées : l’anticommunisme, l’hostilité aux syndicats, aux grèves, aux travailleurs qui se battent.

    Pour dénoncer les migrants, les pauvres parmi les pauvres, Marine Le Pen n’a pas de mots assez durs. Mais quand il y a une lutte contre les vrais privilégiés, contre les riches dont elle fait partie, elle est de l’autre côté de la barricade, du côté de l’ordre et du gouvernement ! On l’a vu lors des grèves et des manifestations du printemps contre la loi travail. Et souvenez-vous comment Marion Maréchal Le Pen a traité les salariés d’Air France de voyous qu’il fallait mater avec l’armée !

    Alors au copain de boulot, au voisin, au parent qui est tenté par le vote FN, nous pouvons dire : « laisse ce vote aux racistes, aux grenouilles de bénitier, aux nostalgiques de la France de papa. Laisse ce vote aux bourgeois du 16e arrondissement qui ne veulent pas chez eux d’un centre pour SDF, laisse ce vote à tous ceux qui expliquent que les ouvriers ne travaillent pas assez. Mais toi, vote pour tes intérêts de classe ! »

    Quand on appartient au monde ouvrier, voter pour les Sarkozy, Hollande ou Le Pen, c’est voter contre son camp, c’est voter contre ses intérêts. C’est tendre le bâton pour se faire battre ! Dans cette élection, il faut affirmer nos droits de travailleurs, notre conscience d’appartenir à un camp opposé à celui de la bourgeoisie et ses serviteurs politiques.

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    A les entendre tous, de Le Pen jusqu’à Hollande, les seuls problèmes du pays ce sont Calais, les migrants, la sécurité et la montée du communautarisme, qu’ils contribuent à créer eux-mêmes par leurs mille et une provocations quotidiennes.

    Leur campagne n’a qu’un seul but : celui de faire des voix en s’appuyant sur les peurs et en flattant les préjugés racistes. C’est de la diversion. Et c’est de la démagogie car ils ne sont pas plus capables de maîtriser l’arrivée de migrants que d’éradiquer le terrorisme.

    Ni Hollande, ni Sarkozy et ni Le Pen ne freineront l’arrivée des migrants. Ils peuvent construire des murs, des barbelés, creuser des fossés, mettre des miradors… et c’est ce qui se fait déjà dans nombre de pays, mais ils n’empêcheront pas la vague migratoire. On a tous en tête l’image d’Alep et de ces villes bombardées en Syrie, en Irak. On sait que tant que les hommes auront des jambes et de l’énergie pour marcher, ils essaieront de sauver leur peau, comme nous tous dans la même situation !

    L’extrême droite, la droite, multiplient les pétitions contre l’accueil des réfugiés. Wauquiez refuse la création de places d’accueil dans sa région sous prétexte que cela créerait autant de petits Calais. Pensez-donc, 1800 réfugiés dans la région Auvergne Rhône-Alpes, qui compte 8 millions d’habitants, cela fait un réfugié pour 4500 habitants.  Et il n’a pas honte !

    Mais regardez aussi comment les socialistes présentent les migrants ! Non pas comme des victimes, mais comme des indésirables ! Non pas comme des femmes et des hommes qui sont comme nous, mais comme des « fardeaux » !

    Qu’un élan de solidarité s’exprime, et la propagande se met en marche pour marteler qu’il ne faut pas créer d’appel d’air, qu’on « ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Tout est fait pour que nous taisions nos sentiments de fraternité. Tout est fait pour nous convaincre que les migrants représentent une menace pour nous et nos enfants.

    C’est de la démagogie, aussi stupide qu’infecte ! Le résultat de tout ça, c’est que ces dirigeants rendent la vie de ces femmes et de ces hommes plus insupportable encore. Et puis ils flattent les préjugés les plus abjects dans la population et ils poussent les plus racistes à passer aux actes. Ce sont des pyromanes !

    Les victimes de cette démagogie ne seront pas seulement les migrants d'hier ou d'aujourd'hui. Nous en paierons tous les conséquences. Car les politiciens qui justifient le rejet des étrangers ne spéculent pas que sur des préjugés et des fantasmes, ils invoquent aussi le chômage élevé, la pénurie de logements, la saturation de notre système de soins.

    C'est une façon de matraquer l’idée qu’il n’y a déjà pas assez pour tous. Cela sert à justifier la politique anti-ouvrière en nous enfonçant dans le crâne qu'il est vain de revendiquer et qu'il faut se serrer la ceinture. C’est une façon de nous mettre en concurrence permanente, de nous opposer les uns aux autres, ceux qui ont un travail à ceux qui sont au chômage, en intérim ou en CDD. C’est un instrument de division. 

    Avec cette campagne sur l’identité nationale, l’immigration, les Sarkozy et les Hollande nous enfument pour cacher la misère qu’ils ont contribué à fabriquer. Il y a eu un million de chômeurs supplémentaires avec Sarkozy. Un autre million de plus avec Hollande. Main dans la main avec le patronat, ils sont responsables du recul de la condition ouvrière.

    Ils ne cessent de répéter qu’« on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Mais ce sont eux qui la fabriquent la misère en pillant les richesses des pays pauvres partout sur la planète et en s’acoquinant avec les pires dictatures. Ils la fabriquent en Irak, en Syrie, par leurs manœuvres et leurs bombes. Ils la fabriquent ici par le chômage et la précarité. Ils la fabriquent pour que la minorité capitaliste s’enrichisse, toujours et encore. 

    Les pires xénophobes exploitent le fait que l’Etat alloue 11,45 € euro par jour aux demandeurs d’asile pour monter les travailleurs, les chômeurs, les femmes et les hommes au RSA qui n’ont même pas ça dans leur poche contre les réfugiés. 11, 45 € par jour ! Et cela ne dure que le temps d'examen de la demande d’asile, et encore, si le demandeur d’asile a un hébergement dans un centre d'accueil, il ne touche plus que 3 € par jour, et rien du tout s'il refuse d'aller dans ce centre.

    Mais comparez ces 11 € aux 44 000 € que se sert chaque jour Carlos Ghosn, le PDG de Renault, aux 46 000 de celui de Sanofi. Comparez à ce que reçoit chaque jour une bourgeoise comme Madame Bettencourt : un million ! Et  d’où vient cet argent si ce n’est du travail de l’ensemble de la classe ouvrière ?

    Cet argent pourrait servir à construire des logements, il pourrait servir à construire des écoles, des collèges, des centres de santé. Il pourrait servir à répartir le travail entre tous pour que chacun ait un emploi et qu’on éradique le chômage.

    Alors les travailleurs n’ont pas à se battre entre eux pour se partager la misère. Ils ont à imposer le contrôle sur les richesses qu'ils produisent pour s'opposer à ce qu'elles soient confisquées par une minorité.

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    Alors dans cette élection, montrons qu’il y a des travailleurs qui ne se trompent pas d’ennemis. Affirmons qu’il y a bien deux mondes dans la société, celui des riches et des pauvres, celui des exploiteurs d’un côté et de l’autre côté le monde des exploités qui regroupe des femmes et des hommes de toutes origines et toutes confessions.

    Tout se tient : les bombes en Syrie, l’exploitation et le chômage ici. Car leur racine est la même : la course au profit et la domination d’une minorité sur toute la société. Et la seule force capable de renverser cette domination est la classe ouvrière consciente de ses intérêts et organisée à l’échelle internationale.

    Alors affirmons pour tous les exploités de cette terre la liberté de circulation et d’installation. Accueillons les migrants à bras ouvert. Ils ont leur place dans le combat qui est le nôtre : changer le ce monde de plus en plus inhumain.

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    À côté de toute cette campagne contre les migrants, il y a encore tous les débats sur le terrorisme. Les débats sans fin sur les fichés S, sur l’état d’urgence, sur l’organisation de la police et de l’armée, sur la construction de prisons. Les amalgames permanents entre terroristes et musulmans sous couvert de grandes questions comme la laïcité ou la nature de l’Islam…

    Du FN jusqu’à Hollande, tous se complaisent dans des postures autoritaires et répressives. Mais ce n’est pas cette course à l’échalote sécuritaire qui empêchera les vocations terroristes de naître.

    Notre société est malade, elle pourrit de l’intérieur. Que des jeunes de 15, 18, 20 ans rêvent de se faire exploser et de tuer le plus de monde possible pour aller plus vite au paradis, est une des expressions les plus abjectes de cette décadence.

    Il n’y a plus d’idéal, de projet collectif. C’est le culte de la réussite et de l’enrichissement personnel. On est censé s’extasier devant les milliardaires alors que la misère s’étale partout sous nos yeux.

    La société capitaliste marginalise et exclut. Elle nous met en concurrence permanente, elle nous force à nous forger une carapace, elle nous pousse au chacun pour soi, à l’isolement et à la haine de l’autre. C’est cette déshumanisation qui fait le lit de la délinquance et du fanatisme religieux.

    Il est facile de tenir des discours électoralistes et de promettre toujours plus de répression ; changer cette réalité-là, c’est autre chose. Mais tant que nous ne la remettons pas en cause, la société ne fera que s’enfoncer dans la barbarie.

    Et je pense en particulier aux plus jeunes. Nombre d’entre eux ne s’intéressent pas à cette élection présidentielle. Mais il y a autre chose : il y a l’organisation de la société. En plus d’avoir à subir le chômage et la précarité, tous ces stages non-payés ou sous-payés, où la jeunesse constitue de la chair à patrons, on leur dit maintenant qu’ils vont devoir faire avec la menace terroriste, avec le racisme, avec toute cette montée des idées réactionnaires. Je ne peux pas croire que la jeunesse se résignera à vivre dans ce monde-là !

    Les jeunes ont toujours été l’aile marchante des révoltes et des révolutions, alors vous les jeunes, qui êtes là et qui vous intéressez à la politique, vous pouvez être aux avant-postes du combat. Défendez la perspective de renverser l’ordre capitalste ! Rejoignez le camp des travailleurs qui est la seule force sociale capable de construire une société de justice, de fraternité, enfin débarrassée des classes sociales et de l’exploitation ! Rejoignez-nous dans ce combat pour une autre société !

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    Oui, le mouvement ouvrier et la classe ouvrière sont porteurs d’un autre avenir pour la société. La modernité n’est certainement pas dans le monde en costard cravate des Macron où les travailleurs ont la liberté de s’auto-exploiter tous les jours de la semaine quand une minorité tire toutes les ficelles !

    Le mouvement ouvrier a toujours combattu tout ce qui rabaissait l’humanité. Marx, Lénine, Trotsky qui en furent les plus grands dirigeants n’étaient pas seulement révoltés par l’exploitation capitaliste, ils combattaient aussi les Rois, l’Eglise, les conservatismes et les préjugés de toute sorte. Ils combattaient toutes les autres formes d’oppression, le sexisme, le racisme, le colonialisme.

    Par vocation, les partis révolutionnaires ont toujours eu confiance que ce soit dans le progrès scientifique ou dans  la capacité de l’humanité à gérer sa propre vie sociale. Ils ont toujours cru en l’avenir de l’humanité.

    Et de fait, à chaque fois que le prolétariat s’est mis en branle, sous la Commune de Paris en 1871, lors de la révolution russe en 1917, il a changé les mentalités, ouvert des horizons.

    En Russie, les ouvriers et les paysans ne restèrent que quelques années au pouvoir puisque la dictature stalinienne s’imposa dès le milieu des années 1920. Mais dans le court laps de temps qu’il leur fut donné, et malgré la guerre que leur menèrent les contre-révolutionnaires et les grandes puissances, ils insufflèrent un souffle progressiste dans toute la Russie.

    Ils impulsèrent une politique éducative jusqu’aux régions les plus reculées ; ils permirent aux femmes et aux nationalités opprimées de prendre toute leur place dans la construction de la nouvelle société ; ils rompirent avec la diplomatie secrète et s’adressèrent aux exploités des autres pays comme des frères, ouvrant la perspective d’un monde sans domination nationale et sans frontière.     

    C’est en cela que la révolution russe a ébranlé le monde et a éveillé pour longtemps l’espoir des peuples opprimés, de la Chine à l'Amérique en passant par l'Afrique. Ce n'est pas pour rien que 40 ou 50 ans plus tard, malgré toutes les déformations engendrées par le stalinisme et les divers courants nationalistes, les idées socialistes et communistes étaient encore synonymes d'émancipation et donnaient envie à de nouvelles générations, partout dans le monde, de s'engager pour les défendre.

    Aujourd'hui nous devons de nouveau implanter cette perspective de changer le monde dans notre classe. Oui, les travailleurs peuvent à nouveau ébranler le monde.  

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    La politique du PCF

    Du côté de ce qu’on appelle « la gauche de la gauche », on est bien loin de ces perspectives, y compris au Parti communiste.

    Et dans cette campagne électorale que propose le PCF ? De trouver un bon candidat de gauche. Alors que de plus en plus de travailleurs ont compris qu’ils avaient autant d’ennemis à gauche qu’à droite, la direction du PCF leur propose de retomber dans le même piège et dans les mêmes illusions.

    Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF voit même son candidat parmi les Montebourg, Duflot, Hamon. Mais ils ont tous été les exécutants de la politique de Hollande ! Ils ont applaudi au pacte de responsabilité et à tous les cadeaux patronaux. Ils se sont félicité des accords de compétitivité imposés aux travailleurs à coups de chantage patronal.

    Aujourd’hui, Montebourg dénonce le « laisser-faire » du gouvernement et le rend coresponsable de la fermeture programmée d’Alstom à Belfort. Mais qu’a-t-il fait lui-même pour empêcher celle de l’usine Peugeot Citroën d’Aulnay ? Il a gesticulé pour Florange mais il a fini par se coucher devant Mittal, laissant des travailleurs sur le carreau.

    C’est dans ce genre de politiciens que les travailleurs devraient placer leur confiance ? Et les militants du PCF devraient leur servir de masse de manœuvre ?

    Pierre Laurent est prêt à subordonner son parti sans même se donner la peine de fixer les conditions de son soutien. Il est prêt à soutenir un candidat de gauche, sans même exiger de lui quoi que ce soit pour les travailleurs car les perspectives politiques du PCF ne sont pas fondées sur les intérêts et les luttes du monde ouvrier. Elles sont fonction des alliances électoralistes censées préserver ses élus à l’Assemblée nationale, dans les régions, les départements ou les municipalités.

    Ce sont des calculs stériles, illusoires et démoralisants pour ses propres militants. Exactement comme il l’a fait avec Mitterrand puis avec Jospin, le PCF veut recréer des illusions dans la gauche gouvernementale et refaire une virginité à des politiciens, qui pensent en bourgeois et sont attachés à l’ordre bourgeois.

    L’électoralisme qui consiste à faire croire que le sort des travailleurs dépend des urnes et de celui qui sera élu est un leurre. Au prétexte qu’il faut essayer de peser de l’intérieur, le PCF s’est intégré au système et s’est fait le complice de politiciens anti-ouvriers. En remplaçant la lutte de classe par l’électoralisme, le PCF a désarmé les travailleurs, les a écœurés et désorientés au point que certains aujourd’hui regardent du côté de Le Pen.

    Alors ce que j’ai à dire à ceux des militants et des sympathisants du PCF pour qui l’étiquette communiste a encore une signification, à tous ceux qui n’ont pas renoncé à agir auprès des travailleurs, dans les entreprises et les quartiers, c’est retrouvez confiance dans les travailleurs par delà l’état d’esprit actuel. Retrouvez les idées qui ont été à la base de la fondation du PC, justement, la rupture avec le Parti socialiste, le rejet de l’union sacrée avec la bourgeoisie, la rupture avec l’état bourgeois. Renouez avec les origines révolutionnaires de votre parti. 

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    Mélenchon

    Ce n’est sûrement pas Jean-Luc Mélenchon qui fera progresser cette conscience de classe. Mélenchon, que le PCF a soutenu en 2012 et qu’il pourrait soutenir encore cette fois, est comme tous les autres, il défend une politique pour la « France ». Comme s’il pouvait y avoir une bonne politique à la fois pour le grand patronat et pour les travailleurs ! Comme si leurs intérêts n’étaient pas contradictoires.

    Mélenchon est en guerre contre beaucoup de choses, contre les traités européens, contre la politique de l’Allemagne et ses retraités, contre les États-Unis, contre la 5ème république, contre les médias aussi, souvent. Mais pas contre le grand patronat, pas contre son pouvoir sur l’économie, pas contre le système d’exploitation qui est à la base de la condition ouvrière.

    Avec d'autres, y compris Le Pen ou Dupont-Aignan, Mélenchon se veut le champion du souverainisme et de « l’indépendance de la France ». En prétendant que l'Union européenne et ses traités sont responsables de tous les maux des travailleurs, il détourne l'attention des travailleurs des vrais responsables du chômage et des bas salaires.

    Les patrons bien français n'ont besoin d'aucun diktat de Bruxelles pour démolir les droits des travailleurs ou tirer les salaires vers le bas ! La loi travail, les licenciements d’Alstom, et les six millions de chômeurs, ce n’est pas la faute de Bruxelles mais des capitalistes et des gouvernements bien de chez nous !

    Opposer les pays les uns aux autres, c'est opposer les travailleurs entre eux. Et c’est ainsi qu’on en vient à accuser, comme l’a fait Mélenchon « les travailleurs détachés venus de Pologne ou d'ailleurs de voler le pain des Français » !

    Et puis à côté de ça, Mélenchon nous sert la bonne vieille soupe réformiste. Mais regardez Tsipras en Grèce. Tsipras est un Mélenchon qui a réussi, parce qu’il a été élu. Mais que fait-il de son pouvoir ? Il a fini par s’aplatir face au diktat de la finance et aujourd’hui il lui sert de courroie de transmission pour imposer plus d’austérité au peuple grec.

    On ne peut pas amadouer la finance en se targuant du soutien électoral de son peuple. Même pour réduire un peu la part du lion, il faut que la bourgeoisie ait peur de tout perdre ! Pour être du côté de la classe ouvrière, il faut être contre le grand capital. Il faut être résolu à s’appuyer sur la combativité des travailleurs pour inverser le rapport de force. Et pour avoir une chance de gagner, il faut être prêt à aller jusqu’au bout du combat, c'est-à-dire, à exproprier la bourgeoisie. Jean Luc Mélenchon n’est pas de ceux-là. 

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    C’est le combat de classe qui est décisif pour la vie du monde du travail ! Et ça l’est d’autant plus dans cette période de crise.

    Quoi qu’en dise le gouvernement, la crise n’est pas finie. On s’y enfonce, et pas seulement en France. Y compris en Allemagne qui est montrée comme l’exemple de la réussite économique, la production n’a même pas encore retrouvé son niveau d’avant la crise de 2008.

    La finance et la spéculation sont toujours plus folles. On nous explique que Deutsche Bank pourrait faire faillite, ou que le Brexit pourrait aggraver la crise. Et si un nouveau krach éclatait, il se pourrait bien que l’on regrette cette période où il n’y avait que 6 millions de chômeurs.

    Car oui, la réalité c’est que le capitalisme est à bout de souffle. Et cela ne peut aller que de pire en pire. Les marchés ne se développent plus. Pour vendre davantage, chaque trust, chaque entreprise doit arracher des parts de marché à un concurrent. C’est vrai pour les petites entreprises comme pour les grandes comme Alstom, Thales, Dassault, SFR….

    C’est cette situation qui pousse par exemple les entreprises de sous-traitance que ce soit dans le nettoyage, dans l’informatique ou la restauration à casser les prix et signer des contrats impossibles à tenir. Et qui en subit les conséquences ? Les salariés, les ouvriers qui doivent courir, se dédoubler pour faire le travail.

    Dans cette concurrence féroce, dans cette guerre économique, ce sont les travailleurs, les CDD, les intérimaires qui servent de fantassins. C’est à eux qu’il est demandé d’être toujours plus efficaces, plus compétitifs. À eux qu’il est demandé de s’adapter, de vivre en fonction des commandes. À eux qu’il est encore demandé de sacrifier son salaire, son emploi, sa vie en fonction des aléas de la concurrence.

    Eh bien les travailleurs n’ont aucun intérêt à se laisser enrôler dans cette guerre où ils servent de chair à canon pour le compte d’actionnaires qui finissent toujours gagnants !

    La guerre que les travailleurs ont à mener c’est la guerre de classe, les travailleurs doivent se battre pour eux. Encore une fois, personne ne le fera à leur place ! Il faut en être conscients, il faut que ceux qui en sont convaincus le disent.

    La campagne à venir peut servir à ce combat si elle est l’occasion de faire avancer la conscience ouvrière.

    Cela signifie  se revendiquer non pas de la gauche, mais du camp des travailleurs parce que la gauche ne désigne plus qu’une écurie de politiciens dévoués corps et âme à la bourgeoisie, comme Valls, Hollande, Macron.

    Cela signifie se revendiquer des travailleurs et pas du peuple, parce que le mot peuple désigne un agglomérat de femmes et d’hommes aux intérêts indéfinis, petits patrons, notaires et spéculateurs inclus. Le camp des travailleurs est à l’opposé de cela. Par leur présence dans tous les rouages de la vie économique, par leurs intérêts communs, opposés au patronat, les travailleurs représentent une force sociale unique. 

    Même si les grèves qui ont ponctué la mobilisation contre la loi El Khomri ont été peu nombreuses, elles ont une fois de plus  démontré le rôle indispensable des travailleurs.  

    Si les poubelles sont enlevées, tous les jours, pour le plus grand bien de tous, c'est parce que des éboueurs se lèvent tôt. Pour que l’essence arrive dans les stations services, il faut des routiers, des dockers et des travailleurs dans les raffineries et les dépôts de carburant. Pour que des millions de femmes et d’hommes se rendent à leur travail, il faut des cheminots. Et lorsque ces salariés arrêtent de travailler, toute la vie économique s’arrête.

    C’est alors que ceux qui expliquent à longueur de temps que la classe ouvrière n’existe plus se mettent subitement à la voir et à l’insulter. Parce qu’ils ne peuvent plus cacher qu’ils dépendent d’elle, de ses décisions, de sa bonne volonté. Et c’est alors que les travailleurs peuvent redécouvrir leurs forces et tout ce qu’ils sont capables de décider et de faire sans la bourgeoisie.

    Alors non, les travailleurs ne sont pas que des victimes à plaindre. Ils sont voués à se transformer en combattants. L’avidité des riches, le cynisme de leurs serviteurs politiques, finiront par provoquer une explosion sociale. Nous en sommes certains parce que c’est la seule voie.

    Que les exploités croient ou pas aujourd’hui en la possibilité des luttes n’y change rien : il faudra en passer par là. Il n’y a pas le choix. Et dans cette lutte, on peut en être certains, ils seront les combattants les plus résolus, les plus déterminés car ils n’ont rien à perdre, que leurs chaînes.

    Alors faites confiance aux capacités de lutte des travailleurs, faites entendre le camp des travailleurs, ses intérêts et ses perspectives de changer la société !

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    Non aux illusions électoralistes, exprimons-nous !

    Au lendemain de l’élection, qu’est-ce qui changera pour nous ? Nous irons au travail, beaucoup d’entre nous iront pointer à Pôle emploi ou à l’agence d’intérim. Et on se retrouvera confrontés aux mêmes chefs, aux mêmes patrons, aux mêmes actionnaires invisibles mais tout-puissants.

    On se retrouvera confronté à son banquier, à son propriétaire qui n’admet aucun retard de paiement, quand bien même on a perdu son travail. On se retrouvera confronté au pouvoir de l’Etat qui sait dérouler le tapis rouge pour les plus riches mais qui est sans pitié pour les classes populaires.

     

    Rien de fondamental n’aura changé. Parce que ces élections ne changeront pas notre condition d’exploité ni cet ordre social dominé par l’argent et la bourgeoisie. 

    La nouveauté, c’est que le petit personnel politique aura changé. Les riches auront un nouveau président de la République à leur disposition.

    Cela, beaucoup de travailleurs le savent, parce qu’élection après élection, ils en font l’expérience. Ils savent qu’il ne faut pas prendre les promesses des politiciens pour argent comptant. Mais faute de luttes sociales d’ampleur, toute la vie politique se résume à ces élections. Chaque campagne électorale donne lieu à un spectacle où jour après jour, mois après mois, les politiciens relayés par les médias nous jouent la comédie du changement.

    C’est ainsi que repart la machine à fabriquer des illusions électoralistes. C’est ainsi que les électeurs sont dressés pour voter « utile », « essayer quelqu’un qui n’a jamais gouverné » ou « voter pour le moins pire ».

    Mais encore une fois, le mieux que nous pouvons faire dans cette élection en tant que travailleurs est de nous exprimer. Beaucoup parleront avec mépris d’un vote de contestation, de protestation, ou encore d’un vote d’expression. Eh bien nous le revendiquons !

    Nous appelons les travailleurs à voter pour exprimer leurs intérêts matériels et politiques. Cela ne changera pas la société. Cela ne modifiera pas le rapport de force entre le patronat et le gouvernement ? C’est vrai. Il n’y a que l’action collective des travailleurs qui peut le faire, qu’un mouvement social puissant comme ceux qu’on a connus en mai, juin 1936 et en 1968.

    Mais regardez la mobilisation contre la loi El Khomri. Elle n’a pas réussi non plus à inverser le rapport de force et à faire reculer le gouvernement. A-t-elle été pour autant inutile ? Sûrement pas. En se montrant, en défendant leurs intérêts pendant quatre mois, les travailleurs conscients et combatifs ont contribué à élever la conscience du monde de travail en général.

    Le patronat, le gouvernement, les médias bien-pensants ont déversé des tombereaux d’insultes et de calomnies. A les entendre, les grévistes de la SNCF et des raffineries étaient des preneurs d’otage et des terroristes, les manifestants étaient des casseurs d’hôpital pour enfants… Un éditorialiste a même comparé la CGT à Daech! Eh bien l’opinion ouvrière a résisté à tout cela parce qu’une fraction des travailleurs ne lâchait pas le combat.

    Eh bien oui, seuls ceux qui se battent pour leurs idées, pour leurs objectifs, pour leurs perspectives peuvent influencer la situation.

    La résistance, cela commence par dire que l’on n’est pas d’accord. La résistance des travailleurs dépend de ce qu’ils ont dans la tête. Alors exprimer nos intérêts contre nos ennemis, c’est le premier acte de résistance.

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    Ne craignons pas d’être minoritaires ! À quoi sert-il de voter avec la majorité quand cela conduit à élire un adversaire ? Aujourd’hui combien de travailleurs se mordent les doigts d’avoir voté Hollande en 2012 ? Et il faudrait recommencer avec un autre ?

    Chercher à voter pour le « moins pire » est également un piège. La situation ne peut qu’empirer pour le monde ouvrier s’il ne se bat pas collectivement.

    Quand à s’abstenir, ce n’est pas une preuve de radicalisme ou de conscience. S’abstenir c’est se résigner, c’est se taire. Encore une fois, si nous ne défendons pas nos idées, qui le fera ? Personne ne mènera le combat à notre place.

    On peut nous enlever beaucoup de choses, notre boulot, notre salaire, notre logement, mais on ne peut pas nous enlever nos idées, nos convictions, notre dignité.  Il faut les exprimer.

    Il n’y a pas de petits combats, pas de petits gestes. Quand on est minoritaire, la moindre voix compte et peut porter. Alors il faut entraîner le maximum de ceux qui nous entourent à joindre leur voix à la nôtre.

    Nous sommes à contre-courant. Mais quand le courant pousse dans une direction aussi réactionnaire, aussi infecte, voire aussi barbare, quand le courant pousse à la soumission et à la résignation, oui nous pouvons être fiers d’être à contre-courant.

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    Je suis la candidate de Lutte ouvrière. Les institutions sont ainsi faites qu’il fallait un nom, et mes camarades m’ont choisie. Je serai donc en première ligne et je me battrai comme je pourrai sur les plateaux de télé à chaque fois que l’on me donnera la parole.

    Mais ma campagne sera ignorée par les médias jusqu’aux 15 derniers jours où ils seront contraints de m’inviter. Alors, il ne faut pas compter sur les médias. Mais ce n’est pas nouveau.

    Le mouvement ouvrier est né avant la télé et avec la grande presse contre lui. Malgré cela, il s’est développé, grâce aux militants qui faisaient circuler l’expérience ouvrière, les idées et les valeurs communistes. Il faut faire de même.

    Pour que cette campagne soit réussie, il faut que ce soit notre campagne à tous, il faut que ce soit votre campagne. Il faut que ce soit une campagne militante.

    Il faut que vous multipliiez les discussions avec vos camarades de travail, dans votre famille, auprès de vos amis, dans votre voisinage. Il faut que chacun d’entre nous essaye de convaincre, une, deux, trois personnes et leur donne envie de s’exprimer, en tant que travailleur, salarié, chômeur….

    Rien n’est à négliger, toutes les discussions seront utiles. Cela dépend de la ténacité et de la force de conviction de chacun d’entre nous.

    Si nous sommes plusieurs milliers à entraîner 5, 10, 50 personnes à voter, et si ces personnes en entraînent elles-mêmes une ou deux, nous aurons fait une bonne campagne. Cela nous donnera aussi l’occasion de nous rassembler et d’associer des jeunes et des moins jeunes à cette campagne.

    Et cela nous donnera l’occasion de grandir, de renforcer les équipes militantes pour construire le  parti qui est nécessaire au monde du travail. Aujourd'hui, du FN au PS, la bourgeoisie a une variété de partis à sa disposition. Mais la classe ouvrière n’en a aucun qui exprime ses intérêts de classe.

    La constitution de partis a pourtant joué un rôle essentiel dans le développement du mouvement ouvrier : des premiers partis socialistes au XIXe siècle aux partis communistes dans les années 1920, ils ont permis à ceux qui refusaient le capitalisme de s’organiser, et donc de décupler leurs forces.

    Ils ont permis qu’existe une autre opinion que celle des partis bourgeois – contre l’exploitation, contre le nationalisme et ses avatars racistes et colonialistes, contre les guerres aussi.

    Ils ont aussi permis que les travailleurs existent, non seulement dans la défense de leurs intérêts matériels, mais aussi politiquement, en tant que classe sociale postulant à la direction de la société.

    Alors oui, il nous faudrait un parti des travailleurs, un parti qui dissipe les illusions, démasque les faux amis, cible les vrais ennemis, diffuse sur chaque question un point de vue communiste. 

    Oh, un tel parti – comme l’ont été par le passé le parti de Karl Liebknecht et de Rosa Luxembourg en Allemagne,  de Lénine et de Trotsky en Russie – ne se formera pas en un jour. Il faudra surtout des luttes massives et déterminées. Mais les élections peuvent contribuer, à une petite échelle, à ce que se regroupent ceux qui veulent combattre pour un autre monde. Alors il nous faut profiter de cette campagne au maximum pour avancer sur la voie d’un tel parti.

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    Nous sommes communistes révolutionnaires

    L’Elysée, ni Arlette ni moi n’en avons jamais rêvé. Ni moi, ni aucun des camarades de LO n’aspirons à prendre quelque responsabilité que ce soit dans ce système basé sur l’exploitation et l’oppression. Nous voulons le renverser.

    Je l’ai déjà dit, le pouvoir d’Etat, nous voulons le conquérir avec la classe ouvrière. Nous sommes communistes révolutionnaires et nous avons la conviction que les travailleurs peuvent établir leur propre pouvoir étatique et s’en servir pour exproprier la bourgeoisie et créer un monde débarrassé de l’exploitation et capable de répondre aux besoins de tous.

    Ce n’est évidemment pas ce qui est en jeu dans cette élection. Mais cela signifie, qu’il  n’y aura pas de mauvaise surprise : Ceux qui voteront pour ma candidature, voteront pour faire entendre leur camp, le camp des travailleurs. Leur vote ne servira pas de tremplin à un arriviste, il ne sera pas déformé, il sera sans ambiguïté. 

    Personne ne pourra se tromper sur le sens de ce vote. Nombre de gens et de catégories sociales sont suffisamment en colère pour chercher à exprimer un mécontentement. Et ils l’exprimeront de bien des façons différentes.

    Mais le mécontentement qui s’exprimera sur ma candidature aura un caractère ouvrier. Ce sera un vote de rejet de tous ces politiciens prêts à servir la soupe à la bourgeoisie. Ce sera un vote qui affirmera les droits, les intérêts et les perspectives du monde du travail. Ce sera un vote qui affirmera que quel que soit l’élu en 2017, nous savons que nous serons attaqués et nous ne nous laisserons pas faire.

    Ce sera un vote de dignité et de conscience ouvrière qui affirmera que la société peut se passer de la bourgeoisie, pas des travailleurs qui font tout tourner et produisent toutes les richesses ! 

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